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L’assistance humanitaire en Ukraine soutenue par des échanges collaboratifs de données
- 09 Juin 2022
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LVIV, Ukraine/NATIONS UNIES, New York – Lorsque Viktoria Kravets, 17 ans, s’est réveillée tôt le 24 février dans sa maison en Ukraine, elle a tout de suite su que quelque chose de grave s’était produit. « J’ai immédiatement vu une douzaine de notifications et j’ai bien cru que j’étais encore en train de rêver », raconte-t-elle à l’UNFPA. « Je suis restée allongée dans mon lit, sans réussir à comprendre ce qui se passait. Nos cours ont été suspendus, et je suis restée chez moi en regardant les informations, terrifiée. »
Les informations fiables s’avèrent parfois difficiles à trouver même en temps normal, mais en cas de crise humanitaire, l’incertitude ne fait que se renforcer. À un moment où les individus doivent décider de questions de vie ou de mort, pour savoir s’ils doivent fuir, choisir où aller et déterminer quoi emporter, on constate un effondrement des systèmes de communication, ce qui laisse la place à des rumeurs et à de la désinformation au lieu des types habituels de journalisme et d’information.
Ce sont des moments où les organisations, elles aussi, doivent statuer sur des questions de vie ou de mort : où établir l’assistance et les ressources ? Pour aborder ce problème, l’UNFPA fournit des données démographiques à jour aux prestataires humanitaires, une initiative qui permet de sauver des vies.
« Il est essentiel d’avoir de bons systèmes de données. Des données coordonnées, triangulées et d’excellente qualité sur tout le spectre de l’assistance humanitaire permet d’organiser une réponse efficace, fondée sur des éléments concrets et axée sur les droits de la personne, qui ne laisse personne de côté », a souligné le Dr Julitta Onabanjo, directrice du département technique de l’UNFPA, au cours d’une session organisée en marge de la Commission des Nations Unies sur la population et le développement.
Des données en temps réel
« Nous avons cruellement besoin d’efforts cordonnés pour croiser les données démographiques et celles sur les populations déplacées pour éclairer nos décisions humanitaires », remarquait à l’occasion de cet événement Giulia Vallese, directrice régionale de l’UNFPA pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.
L’UNFPA s’est rapidement mobilisé pour répondre à ce besoin.
Dès la première semaine de mars, l’UNFPA avait fourni un « fichier commun opérationnel de données » à ses partenaires humanitaires, comprenant des projections démographiques à jour pour l’Ukraine par sexe, âge et région. Le dernier recensement ukrainien date de 2001 – le suivant, attendu de longue date, devait avoir lieu en 2023 – et l’UNFPA a donc complété ces informations obsolètes par plus de 20 ans de données issues de registres civils, de données administratives sur la migration, ainsi que de données spatiales géoréférencées.
« Savoir qui sont les personnes concernées, où elles se trouvent, et dans quel état physique et mental elles atteignent nos services peut faire la différence entre leur décès et leur survie », a déclaré Mme Vallese.
L’UNFPA utilise ces données pour répartir produits médicaux, kits dignité et services de santé reproductive et d’aide psychosociale aux femmes affectées par la guerre en Ukraine, y compris dans les zones d’installation des personnes déplacées situés dans les pays voisins.
Ces données sont aussi consultables sur la plateforme Humanitarian Data Exchange (HDX) pour être utilisées par d’autres organisations dont le travail peut sauver des vies. Ainsi, l’Organisation internationale pour les migrations a utilisé le fichier commun opérationnel pour effectuer une enquête de population permettant de comprendre la situation des personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine.
Apporter sa pierre à l’édifice
« Les décisions politiques s’appuient sur des données en temps quasi-réel », a remarqué Hans-Christian Mangelsdord, du ministère allemand des Affaires étrangères, au cours de cet événement organisé par le gouvernement moldave, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés et l’Organisation international pour les migrations.
L’UNFPA travaille en étroite collaboration avec ses partenaires pour mettre à jour ce fichier de données, qui à la fin mai-début juin reflétait le déplacement de masse de près de 7 millions de réfugié·e·s et de plus de 7 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Victoria, elle aussi, apporte sa pierre à l’édifice. Elle est bénévole dans des refuges et des sites de distribution d’aide, où elle enregistre les personnes et familles déplacées pour veiller à ce que les organisations aient connaissance de leurs besoins et puissent y répondre.
« Ici, nous enregistrons les réfugié·e·s », explique-t-elle dans un journal vidéo qu’elle enregistre pour l’UNFPA. Ce journal montre les difficultés de sa communauté mais aussi sa résilience et sa détermination.
« En fait, il y a beaucoup de monde », note-t-elle. « Il y a des gens ici, des gens encore en vie. »