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Survivre à Ebola en RDC: « J’ai eu tellement peur de finir dans un sac mortuaire »
- 18 Février 2019
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BENI, République démocratique du Congo – Quand Jémima Masika, 26 ans, a perdu ses parents dans l’épidémie d’Ebola en août dernier, elle pensait que ce virus mortel était une légende… avant de tomber malade à son tour.
« Je ne croyais pas à l’existence d’Ebola », raconte-t-elle. « Comme beaucoup d’autres, je croyais que c’était une [histoire] inventée par les politiciens ».
La République démocratique du Congo connaît bien le virus Ebola. C’est en effet la dixième épidémie d’Ebola, mais c’est la première fois qu’elle touche la province de Nord-Kivu, très densément peuplée, et également zone de conflit.
Mme Masika a contracté le virus en s’occupant de sa tante malade.
« J’aidais ma tante, qui vomissait beaucoup. J’ai dû nettoyer à plusieurs reprises. J’ai commencé à me sentir mal ensuite. J’avais les mêmes symptômes que ceux de ma tante », explique-t-elle.
L’épidémie a débuté en août dernier et a frappé les provinces de Nord-Kivu et d’Ituri. Plus de 800 cas ont été identifiés et plus de 500 personnes sont mortes.
Les femmes et les filles, qui sont traditionnellement en charge des soins aux malades, font face à des risques d’exposition très élevés. Selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé sur l’épidémie, on estime que 58 % des personnes atteintes d’Ebola sont des femmes.
L’impact du virus s’étend bien au-delà des personnes infectées.
Les systèmes de santé exsangues ne permettent plus à la population de bénéficier de services vitaux, notamment des soins de santé sexuelle et reproductive.
L’UNFPA travaille avec ses partenaires pour limiter la propagation du virus, et pour aider à maintenir la disponibilité de services de santé sexuelle et reproductive. En septembre dernier, l’UNFPA a fait don de 10 tonnes d’équipement, réparties sur 20 établissements de santé à Beni, pour permettre de traiter 31 000 personnes sur 6 mois.
L’équipement comprenait notamment de quoi assurer aux femmes la possibilité d’accoucher sans risque de contracter la maladie. L’UNFPA assiste aussi les sages-femmes pour qu’elles traitent les mères et les nouveau-nés sans prendre de risques.
Les efforts pour agir contre l’épidémie ont cependant été entravés par l’instabilité qui règne dans la région, et qui a mis en danger les équipes d’aide humanitaire.
La méfiance de la communauté locale est également un problème. Pour y faire face, l’UNFPA fait de la sensibilisation en donnant des informations sur le virus.
« Nous proposons une réponse globale à l’épidémie d’Ebola, qui se traduit notamment par la transmission d’informations fondamentales aux communautés locales, sur les moyens de prévenir et d’enrayer la maladie », explique Sennen Hounton, porte-parole local de l’UNFPA.
« On nous a expliqué ce qu’était Ebola et quoi faire si l’on présentait certains symptômes. Par précaution, je suis donc allée au centre de traitement d’Ebola », se souvient Mme Masika.
Elle a rapidement été diagnostiquée comme porteuse du virus et prise en charge. « J’ai eu tellement peur de mourir et de finir dans un sac mortuaire, comme mes parents », dit-elle.
Elle est restée alitée pendant un mois. « Les infirmières et les médecins se battaient pour me sauver la vie. »
Elle a fini par guérir.
Peu de gens s’attendaient à la voir s’en sortir. « J’ai découvert que ma famille avait donné toutes mes affaires, car ils pensaient que je n’allais pas guérir », raconte-t-elle.
Lorsqu’elle est sortie du centre, Mme Masika a reçu un kit de première nécessité, qui contient des produits d’hygiène essentiels. L’hygiène jour un rôle crucial dans la prévention de la transmission du virus.
« Pour aider à la prévention d’Ebola, je me suis engagée à aider les autres en les sensibilisant aux règles d’hygiène, notamment en leur apprenant à se laver les mains pour se protéger de la maladie », déclare Mme Masika.
Plus de 77 000 personnes ont reçu des vaccins dans le cadre d’une campagne de vaccination de masse depuis le mois d’août. L’UNFPA a fourni de l’équipement dans ce cadre, notamment 10 000 seringues.
L’UNFPA aide aussi au renforcement des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène dans les zones touchées. Elle a également fourni plus de 50 motos ainsi que des logiciels de traçage, pour visualiser les déplacements des personnes qui ont été en contact avec des malades.
Enfin, l’UNFPA a sponsorisé un tournoi de football, des activités théâtrales ainsi qu’une marche de plus de 1 000 étudiants, ce qui a permis de financer la campagne de sensibilisation du ministère de la Santé « Ebola not at home ».
– Aimee Manimani, sur des informations de Brigitte Kiaku