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5 choses que vous ignorez sur les mutilations génitales féminines

Asha présente les outils qu’elle utilise pour pratiquer les mutilations génitales féminines en Somalie. © UNFPA/Georgina Goodwin
  • 05 Février 2019

NATIONS UNIES, New York – Trop souvent, le premier message que reçoit une jeune fille sur son corps, c’est qu’il est imparfait. Trop gros ou trop maigre, trop noir ou affichant trop de taches de rousseur. Pour certaines filles, le message est plus radical : on leur dit que pour être acceptées par leur communauté, leur corps doit être mutilé, modifié, et même parfois remodelé par des pratiques appelées mutilations génitales féminines (MGF). 

Often viewed as a rite of passage, FGM can result in serious health complications, including infections, chronic pain and infertility. It can even be deadly.

Souvent vues comme des rites de passage, les MGF peuvent entraîner des complications médicales graves, comme des infections, des douleurs chroniques ou une infertilité. Elles peuvent même s’avérer mortelles.

Bien que les MGF soient reconnues au niveau international comme une violation des droits de la personne, environ 200 millions de filles et de femmes dans le monde en ont été victimes, et si la tendance actuelle se poursuit, on estime que 68 million de plus y auront été exposées entre 2015 et 2030.

Voici cinq autres choses à savoir sur les MGF :


Des filles dans une école du Kenya, où nombre d’étudiantes reçoivent de l’aide après avoir fui leur
maison pour échapper aux MGF et au mariage d’enfants. © UNFPA Kenya/Douglas Waudo 

1. Les MGF peuvent prendre de nombreuses formes.

Les mutilations génitales féminines désignent tout acte visant à l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins externes, ainsi que toute blessure infligée aux organes génitaux féminins sans raison médicale. Il en existe quatre types :

Le type I, appelé clitoridectomie, désigne l’ablation totale ou partielle du clitoris et/ou du prépuce.

Le type II, l’excision, est l’ablation totale ou partielle du clitoris et des petites lèvres.

Le type III, appelé infibulation, est le rétrécissement de l’orifice vaginal par suture. Les petites et/ou les grandes lèvres sont incisées et repositionnées pour former la suture. Les femmes ayant été infibulées doivent alors parfois subir une nouvelle incision pour leur nuit de noces et/ou avant leur accouchement.

Le type IV désigne toute autre mutilation des organes génitaux féminins sans raison médicale, comme la ponction, le percement, l'incision, la scarification ou la cautérisation.

Les types I et II sont les plus répandus, mais cela varie selon les pays et les communautés. Le type III concerne environ 10 % de toutes les femmes victimes de ces pratiques.


Au Burkina Faso, Latifatou Compaoré, 14 ans, a milité pour l’abandon des MGF, inspirée par sa mère.
Elle a enregistré une chanson très populaire dans ce but. Luca Zordan pour l’UNFPA

2. Les MGF sont provoquées par les inégalités de genre, qu’elles perpétuent ensuite.

Lorsqu’elles sont pratiquées, les MGF sont défendues à la fois par les hommes et par les femmes, généralement sans objection. Les raisons de ces pratiques trouvent cependant souvent leur origine dans les inégalités de genre

Dans certaines communautés, elles ont lieu pour contrôler la sexualité des femmes et des jeunes filles. C’est parfois également un prérequis pour le mariage, qui est en lien étroit avec le mariage d’enfants. Certaines sociétés pratiquent les MGF à cause de légendes sur les organes génitaux féminins, qui disent par exemple qu’un clitoris non excisé pourrait atteindre la taille d’un pénis, ou bien que les MGF améliorent la fertilité. D’autres considèrent simplement les organes génitaux féminins externes comme laids et sales.

Quelles que soient les raisons avancées pour les pratiquer, les MGF constituent une violation des droits des femmes et des filles, et les privent de l’opportunité de faire des choix critiques et éclairés en ce qui concerne leur corps et leur vie.


« Les filles devraient grandir telles qu’elles ont été mises au monde », déclare Marinela Panchi
Cortes, une femme Emberá, en Colombie. Certains membres de sa communauté pratiquent les MGF.
© UNFPA/Daniel Baldotto 

3. Les MGF ne se produisent pas que « là-bas ».

Ces pratiques sont antérieures à l’essor du christianisme et de l’islam. On pense que certaines momies égyptiennes en présentent des caractéristiques. Des historiens comme Hérodote ont affirmé qu’au Ve siècle avant J.-C, les Phéniciens, les Hittites et les Éthiopiens pratiquaient la circoncision.

Des rites de circoncision ont également été adoptés dans les régions tropicales d’Afrique, aux Philippines, dans certaines tribus d’Amazonie du Nord, par les femmes de la tribu australienne Arunta, ainsi que par certaines populations romaines et arabes dans l’Antiquité. Même dans les années 1950, la clitoridectomie étaient encore pratiquée en Europe occidentale et aux États-Unis pour traiter certaines maladies supposées, comme des troubles mentaux ou sexuels.

Aujourd’hui, les MGF se produisent dans diverses communautés du monde entier.

On pense souvent qu’elles ont un lien avec l’islam, alors que cette religion n’en fait aucunement l’apologie, et que beaucoup de communautés non islamiques y ont recours. Aucune religion ne les promeut ni ne les accepte, et de nombreux chefs religieux les ont d’ailleurs dénoncées.


En Indonésie, une sage-femme explique que les MGF ne sont pas une pratique recommandée.
Capture d’écran du film Sunat Perem, 2015.

4. Les MGF « sans risque » n’existent pas.

Les MGF ont des effets graves sur la santé sexuelle et reproductive des femmes et filles, où qu’elles aient lieu et par qui qu’elles soient pratiquées.

Ces effets dépendent du type de MGF concerné, de l’expérience de la personne qui pratique l’intervention, et des conditions dans lesquelles celle-ci a lieu. Les complications possibles sont des douleurs graves, un état de choc, une hémorragie, une infection, la rétention des urines, etc. Dans certains cas, l’hémorragie et l’infection peuvent être suffisamment graves pour provoquer la mort. Les risques à long terme sont notamment des complications à l’accouchement et des conséquences psychologiques.

Les MGF sont traditionnellement pratiquées par un membre désigné de la communauté, parfois à l’aide d’outils rudimentaires comme des lames de rasoir, et souvent sans anesthésie ni désinfectant. Il arrive également que ce soient des médecins qui s’en chargent, et l’on parle alors de « MGF médicalisées ». Même dans ce cas, cependant, les conséquences sur la santé peuvent être graves

Par ailleurs, lorsque les MGF sont pratiquées par du personnel de santé, cela peut donner l’impression fausse qu’elles sont médicalement approuvées, et ainsi les ancrer plus profondément dans la culture.


Les communautés peuvent choisir d’abandonner collectivement les MGF. Plus de 20 000
communautés ont publiquement fait des déclarations en ce sens grâce au Programme conjoint
UNFPA-UNICEF pour mettre fin aux mutilations génitales féminines. Lucas Zordan pour l’UNFPA.

5. Les MGF peuvent être abandonnées.

Les familles peuvent trouver difficile de refuser de faire mutiler leurs filles. Celles qui rejettent cette pratique sont parfois condamnées ou ostracisées, et leurs filles considérées comme inéligibles au mariage.

Il existe cependant des moyens de mettre fin aux MGF.

L’abandon collectif consiste à ce qu’une communauté entière choisisse de ne plus pratiquer les MGF. C’est un moyen efficace d’y mettre fin. Ainsi, aucune fille célibataire ni aucune famille n’est mise en porte-à-faux par sa décision.

En 2008, l’UNFPA et l’UNICEF ont constitué un Programme conjoint contre les MGF, qui est le plus vaste programme mondial visant à précipiter l’abandon des MGF et à fournir des soins aux filles et aux femmes qui doivent en subir les conséquences. Aujourd’hui, le programme a permis d’aider plus de 3 millions de filles et de femmes à recevoir une protection et des soins en rapport avec les MGF. Plus de 30 millions de personnes de 20 000 communautés différentes ont publiquement déclaré vouloir abandonner ces pratiques.

Avec le soutien de l’UNFPA et d’autres agences de l’ONU, de nombreux pays ont également voté des lois qui interdisent les MGF et ont développé des politiques nationales pour qu’elles soient abandonnées.

Pourtant, les lois ne suffisent pas. Il faut continuer les efforts pour mettre fin à ces pratiques dangereuses, et tout le monde peut y contribuer. Rejoignez le mouvement pour mettre fin aux mutilations génitales féminines.

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