Le taux mondial de mariage d’enfants tend à diminuer. De récentes statistiques indiquent que 25 millions de mariages d’enfants ont pu être évités au cours de la décennie écoulée. Dans les années 2000, une femme sur trois entre l’âge de 20 et 24 ans avait été mariée étant encore enfant. En 2018, ce chiffre ne se montait plus qu’à une femme sur cinq.
Il n’en reste pas moins que les progrès sont inégaux et que le recul du mariage d’enfants reste trop lent. Du fait de la croissance démographique que connaissent les régions où le mariage d’enfants est plus répandu et où les conséquences de la COVID-19 sont plus fortes, le nombre total de mariages d’enfants devrait augmenter d’ici à 2030. Pour inverser la tendance, nous devons absolument accélérer nos initiatives en vue d’éliminer le mariage d’enfants.
Or, il est étonnant de constater que l’objectif de mettre fin au mariage d’enfants n’exige pas de grands moyens financiers. En 2019, l’UNFPA a publié une étude conjointe avec l’Université Johns Hopkins, en collaboration avec l’Université de Victoria, l’Université de Washington et Avenir Health, estimant le coût de l’éradication du mariage d’enfants dans 68 pays où se produisent près de 90 % de ces mariages. Les chercheur·euse·s ont conclu que le coût pour mettre un terme au mariage d’enfants dans ces pays d’ici à 2030 s’élèverait à seulement 35 milliards de dollars, soit environ 600 dollars pour faire annuler le mariage d’une enfant.
Les lois en vigueur s’opposant au mariage d’enfants doivent être appliquées, en particulier lorsque les filles risquant d’être mariées avant l’âge adulte, ou qui le sont déjà, sont en quête de protection et de justice. L’âge légal du mariage doit par ailleurs être relevé à 18 ans dans les pays où ce n’est pas encore le cas. La législation ne constitue cependant qu’un cadre d’application. Tant que ces pratiques seront jugées acceptables par la société, elles ne pourront disparaître totalement.
Gouvernements, société civile et autres partenaires doivent travailler ensemble afin d’assurer aux jeunes filles l’accès à l’éducation, à l’information et aux services de santé, à une éducation complète à la sexualité, ainsi qu’à la formation aux aptitudes de la vie quotidienne. Les filles qui parviennent à poursuivre leurs études et à rester en bonne santé ont alors plus de choix et sont davantage en mesure de se soustraire au mariage précoce.
Enfin et surtout, il faut soutenir les jeunes filles déjà mariées. Elles ont besoin de services de santé reproductive pour les aider à éviter des grossesses précoces et les infections sexuellement transmissibles comme le VIH. Celles qui tombent enceintes doivent pouvoir bénéficier de soins appropriés tout au long de leur grossesse, de leur accouchement et de la période post-partum. Si elles le souhaitent, un accompagnement dans le retour à l’école, afin de reprendre un cursus traditionnel ou alternatif, est également essentiel.
Toutes ces mesures permettront d’améliorer l’autonomie corporelle des filles, leur contrôle sur leur propre existence, la santé des familles et l’égalité des genres et, en définitive, de renforcer les sociétés et de dynamiser les économies. Aucune société ne peut se permettre les pertes causées par le mariage d’enfants que sont les opportunités manquées, les talents gâchés ou les traumatismes personnels.