« Elles vécurent heureuses » … pas vraiment
01 fév 2021
Plus de contes de fées. Plus de fausses promesses. Il est temps que les filles écrivent elles-mêmes leurs histoires.
© UNFPA Bangladesh/Prince Naymuzzaman


Février est un mois ou les fleuristes et les bijoutier·e·s ont beaucoup de travail. Ce ne sont malheureusement pas les seuls, car les défenseur·e·s des droits sont aussi très occupé·e·s dans leur quête de l'élimination de deux rituels marquant la fin de l'enfance pour les filles du monde entier : le mariage d'enfants et les mutilations génitales féminines.
Adisa, originaire de Sarajevo, nous montre des bijoux que ses beaux-parents lui ont donné après son mariage, lorsqu'elle avait 14 ans. Freshta (le prénom a été changé), en Afghanistan, montre quant à elle la robe qu'elle portait lorsque son père l'a forcée à épouser un homme de 60 ans ; à l'époque, elle n'avait que 12 ans.
© UNFPA BiH/Imrana Kapetanovic, © UNFPA Afganistán


Les mutilations génitales féminines et le mariage d'enfants vont souvent de pair. Dans de nombreuses communautés, les mutilations génitales sont perçues comme un rite de passage qui rend les jeunes filles bonnes à marier. In Sierra Leone, Fatmata a refusé qu’on la mutile et a dû fuir son village. Aujourd’hui, elle milite pour le changement. « Nous avons le droit de dire non, même si nous sommes des enfants », déclare-t-elle.
© UNFPA Sierra Leone/John Sesay


« Elles ont le pouvoir de choisir »
Cette Saint-Valentin, les femmes et les filles appellent à une nouvelle vision romantique selon laquelle, comme le dit Mimah, « elles ont le contrôle de leur propre vie ». Mimah vit à Marawi aux Philippines et a été mariée à l'âge de 17 ans. Aujourd’hui, elle accompagné d'autres filles dans leur refus du mariage d'enfants, au sein d'un espace d'accueil pour les femmes de l’UNFPA.
© UNFPA Philippines


Certaines filles comme Chinara, à Tbilissi (Géorgie), poursuivent leur rêve au lieu de vivre le cauchemar que leurs parents ont choisi pour elles : « ce n'est pas à eux de décider de ma vie ». Elle a échappé à un mariage précoce à l'âge de 14 ans, puis à nouveau à 17 ans, et souhaite s'inscrire à l'école de police puis suivre des études de droit. « Je préfère prendre mon temps et tracer mon propre chemin ».
© UNFPA Géorgie/Dina Oganova


Avoir une bonne fée pour marraine est bel et bien réservé aux contes de fées, mais les filles du monde réel ont aussi besoin de quelqu'un pour les défendre. Grâce à un espace sûr géré par l’UNFPA, Fethiye, jeune réfugiée irakienne qui vit à Eskehir (Turquie), a pu avoir accès à l'éducation. « On a convaincu [ma famille] que je devrais aller à l'école plutôt que de me marier ». Elle termine actuellement son cycle secondaire et s'est fait des ami·e·s. « J'ai retrouvé ma confiance en moi ».
© UNFPA Turquía


« Une fille n'est pas un objet que l'on s'approprie »
À l'âge de 14 ans, Ana Kabi a marché plus de 20 kilomètres depuis son village de Como (Guinée-Bissau) jusqu’à Cátio, pour échapper à un mariage précoce. Elle a trouvé refuge dans une église évangélique soutenue par l’UNFPA, et y vit depuis, aidant d'autres filles à changer de vie. Âgée aujourd'hui de 27 ans, elle est en troisième et rêve de devenir médecin et de fonder une famille.
En photo : Ana Kabi et Zaida Na N'fad, 16 ans, la plus jeune fille du refuge.
@UNFPA Guinée-Bissau/Aleke Ogbada Júnior


Les communautés peuvent accueillir ces changements et aider les filles à se relever ; c'est d'ailleurs ce qu'elles font. Au Kenya, les femmes qui pratiquaient auparavant les mutilations génitales féminines abandonnent peu à peu ces pratiques et soutiennent l'émergence de nouveaux rites de passage.
© UNFPA/Luis Tato


« Mon avenir ne vous appartient pas »
Parfois, il n'y a pas de fin heureuse. En échange d'une somme d'argent, Zahra (le prénom a été changé), en Irak, a été mariée à l'un de ses cousins lorsqu'elle avait 13 ans, et a donné naissance à son premier enfant à 14 ans. « Je me suis retrouvé avec un mari et un enfant, alors que j'étais encore une enfant moi-même ». Elle a subi des violences conjugales, puis son mari a divorcé et est parti avec leurs 3 enfants. Elle ne les a pas vus depuis des années. « Le mariage précoce », dit-elle « c'est un viol que l'on rend officiel ».
Photo avec l'aimable autorisation d’Un Ponte Per


Sans être de preux chevaliers, les hommes et les garçons peuvent quand même défendre les filles. À Cox’s Bazar (Bangladesh), après avoir suivi un programme de compétences de la vie courante, Iqbal, qui avait 13 ans à l'époque, a supplié ses parents de ne pas marier sa sœur de 15 ans. « Le mariage d'enfants », dit-il, « c'est une malédiction, pour les garçons comme pour les filles ». En Égypte, le père Mekarios aide sa communauté à abandonner les mutilations génitales féminines.
© UNFPA Bangladesh/Plan International Bangladesh/Nazmul Hasan, © Luca Zordan para el UNFPA


« Ce n’est pas à vous de donner une fille à quelqu’un »
Certaines petites filles rêvent du jour de leur mariage, mais pas d'être mariées contre leur gré. En collaboration avec l’UNFPA, la styliste irlandaise Natalie B. Coleman a créé une robe de mariée représentant l'appareil reproducteur féminin, ornée de pétales rouges qui symbolisent les horreurs des mutilations génitales et du mariage d'enfants. Selon elle, cette création souligne « l’urgence de promouvoir les droits des femmes et des filles à disposer de leur propre corps ».
© Photographe : Mario Bertieri, Darkroom ; styliste Moderne Lab : Aisling Farinella


« Ce n'est pas à vous de me refuser l'éducation »
Les inquiétudes au sujet de ces questions s'accentuent. Plus de 200 millions de filles et de femmes ont subi des mutilations génitales, et une fille sur 5 est mariée avant l'âge de 18 ans. Bindu, au Népal, a été mariée à 17 ans. Aujourd’hui, c'est une responsable élue qui s'oppose fermement au mariage d'enfants.
© UNFPA Népal/Santosh Chhetri


La COVID-19 rend les choses encore plus difficiles. Près de 11 millions de filles risquent de ne jamais pouvoir retourner à l'école, ce qui augmente leur vulnérabilité à ces pratiques néfastes. Les programmes conjoints de l’UNFPA et de l’UNICEF pour éliminer les mutilations génitales féminines et pour mettre fin au mariage d'enfants appellet les leaders à protéger d'urgence les filles et à défendre leur autonomisation.
En photo : un outil de mutilation génitale féminine au Kenya ; maquillage d’une épouse-enfant en Afghanistan.
Outil de mutilation © UNFPA/Luis Tato ; éléments de la dot © UNFPA Nepal/Santosh Chhetri ; maquillage © UNFPA Afghanistan


Il y a pourtant des raisons d'espérer que ces pratiques néfastes quitteront bientôt le territoire du « Il était une fois » pour rejoindre celui du « plus jamais ». Dans le monde entier, les filles réclament leur droit à une fin heureuse : une vie où elles peuvent grandir, aller à l'école et choisir leur propre avenir.
En photo : à Sarajevo, 2 anciennes épouses enfants déclarent qu'elles veulent autre chose pour leurs filles. Des filles en République Dominicaine, où le mariage d'enfants vient tout juste d'être interdit.
© UNFPA BiH/Imrana Kapetanovic, © UNFPA République Dominicaine/Dania Batista

