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Les mutilations génitales féminines (MGF) - questions fréquemment posées
Resource date: Mar 2024
Auteur: UNFPA
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Resource date: Mar 2024
Auteur: UNFPA
Qu’entend-on par mutilations génitales féminines (MGF) ?
Combien de femmes et de filles sont concernées ?
Quel est l’impact des MGF sur la santé des femmes et des filles ?
Quelles sont les conséquences lors de l’accouchement ?
Y a-t-il un lien entre les MGF et le risque d’infection à VIH ?
Quelles sont les incidences psychologiques des MGF ?
Quels sont les différents types de MGF ?
Quels sont les types de MGF les plus courants ?
Pourquoi existe-t-il différents termes pour parler des MGF, comme l’excision ou la circoncision féminine ?
Quelle est la terminologie employée par l’UNFPA ?
D’où vient cette pratique ?
À quel âge les MGF sont-elles pratiquées ?
Dans quels pays les MGF sont-elles pratiquées ?
Par qui les MGF sont-elles pratiquées ?
Quels instruments utilise-t-on pour pratiquer les MGF ?
Pourquoi pratique-t-on les MGF ?
Les MGF sont-elles exigées par certaines religions ?
Peut-on proscrire les MGF bien qu'elles relèvent d’une tradition culturelle ?
Peut-on remettre en cause les pratiques culturelles ancestrales comme les MGF ?
Comment les femmes et les filles qui ont subi des MGF en parlent-elles ?
Quel est le lien entre les MGF et l’origine ethnique ?
Que signifie l’expression « médicalisation des MGF » ?
Les MGF pratiquées par du personnel de santé qualifié ne sont-elles pas plus sûres que celles réalisées par une personne sans aucune formation médicale ?
Quelle est l’approche de l’UNFPA en matière de MGF ?
Quels sont les pays qui disposent d’une loi interdisant les MGF ?
Comment les MGF sont-elles abordées dans le Programme d’action de la CIPD ?
Quelles sont lois internationales et régionales qui peuvent être invoquées pour l'élimination des MGF ?
Les mutilations génitales féminines désignent toutes les interventions visant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre mutilation des organes génitaux féminins pratiquée à des fins non thérapeutiques.
On estime qu’actuellement, 230 millions de filles et de femmes ont subi des MGF, mais les taux sont en hausse du fait de la croissance démographique mondiale. Les filles et les femmes ayant subi ces pratiques vivent principalement en Afrique subsaharienne et dans les États arabes. Mais les MGF sont également pratiquées dans certains pays d’Asie, d’Europe de l’Est et d’Amérique latine, tout comme parmi les populations migrantes en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle Zélande (voir plus).
Si les pratiques de MGF persistent dans les 25 pays où elles sont le plus couramment pratiquées et pour lesquelles des données plus récentes sont disponibles, 68 millions de filles seront exisées entre 2015 et 2030.
L’enjeu est non seulement de protéger les filles actuellement à risque, mais également de veiller à ce que celles qui vont naître soient à l’abri des dangers de la pratique. Ceci est particulièrement important compte tenu du fait que la plus part des pays pratiquant les MGF couramment, connaissent généralement une forte croissance démographique et une forte population de jeunes. En 2019, on estime qu'environ 4,1 millions de filles courraient le risque d’être excisées. Si la tendance continue, ce sont 4,6 millions de filles qui seront victimes de la pratique chaque année d'ici 2030.
En 2020 et 2022, la COVID-19 a aggravé la vulnérabilité des filles et des femmes, en particulier celles à risque de MGF. La pandémie a encore enraciné les inégalités entre les sexes, les disparités économiques et les risques sanitaires auxquels sont confrontées les femmes et les filles, et a perturbé les programmes de prévention pour l'élimination des MGF et d'autres pratiques néfastes. L'UNFPA estime qu'en raison de la COVID-19, deux millions de cas de MGF pourraient se produire au cours de la prochaine décennie qui auraient autrement été évités, ce qui entraînerait une réduction de 33 % des progrès vers la fin de la pratique des MGF.
Les MGF ont des répercussions graves sur la santé sexuelle et reproductive des filles et des femmes.
Leurs effets dépendent de plusieurs facteurs, comme le type de MGF pratiquées, l’expérience des praticien(ne)s, les conditions d’hygiène dans lesquelles l’intervention est réalisée, la résistance et l’état de santé général de la personne qui subit l’intervention. Des complications peuvent survenir quel que soit le type de MGF, mais elles sont particulièrement fréquentes avec l’infibulation.
Certaines complications peuvent survenir immédiatement : douleur violente, choc, hémorragie, tétanos ou infection bactérienne, rétention d’urine, ulcération génitale et lésion des tissus adjacents, infection de la plaie, infection urinaire, fièvre et septicémie. En cas d’hémorragie ou d’infection graves, les mutilations génitales féminines peuvent entraîner la mort.
Parmi les conséquences à long terme, on peut citer l’anémie, la formation de kystes et d’abcès, la formation de cicatrices chéloïdes, des lésions à l’urètre entraînant l’incontinence urinaire, la dyspareunie (rapports sexuels douloureux), la dysfonction sexuelle, l’hypersensibilité de la zone génitale, le risque accru de transmission du VIH et de complications lors de l’accouchement, ainsi que des répercussions psychologiques.
L’infibulation peut entraîner la formation de cicatrices épaisses, des difficultés pour uriner, des troubles du cycle menstruel, des infections récidivantes de la vessie et des voies urinaires, la formation d’une fistule et la stérilité. La fermeture presque complète de l’orifice vaginal qu’entraîne l’infibulation provoque une accumulation de flux menstruel dans le vagin et l’utérus.
Les femmes qui ont subi une infibulation ne peuvent avoir de rapports sexuels ou accoucher. Pour permettre à nouveau les rapports sexuels, il est nécessaire de procéder à une réouverture graduelle de l’orifice vaginal. Il arrive souvent que les femmes concernées soient désinfibulées le jour de leur mariage, par leur mari ou par une exciseuse, afin de permettre au mari d’avoir des rapports sexuels avec son épouse. Pour beaucoup de femmes, il est également nécessaire de pratiquer une désinfibulation au moment de l’accouchement, car l’orifice vaginal est trop étroit pour permettre le passage du fœtus. L'infibulation est également liée aux troubles menstruels et urinaires, aux infections récurrentes de la vessie et des voies urinaires, aux fistules et à l'infertilité.
D’après une étude récente, les femmes qui ont subi des MGF sont nettement plus susceptibles de devoir recourir à une césarienne ou à une épisiotomie, d’être hospitalisées plus longtemps et de souffrir d’hémorragie post-partum que les autres.
Pour les femmes qui ont subi une infibulation, le travail est prolongé et compliqué pouvant parfois entraîner la mort du fœtus et l’apparition d’une fistule obstétricale. Le risque de décès à la naissance est plus élevé chez les nouveau-nés dont la mère a subi les formes les plus graves de MGF.
Selon des estimations très récentes de l’OMS, de l’UNICEF, de l’UNFPA, de la Banque mondiale et de la Division de la population des Nations Unies, la plupart des pays dans lesquels la prévalence des MGF est élevée affichent également un taux élevé et un nombre important de décès maternels. Parmi les quatre pays qui comptabilisent le plus grand nombre de décès maternels au monde, deux ont une prévalence élevée de FGM. Parmi l’ensemble des pays à prévalence élevée, cinq affichent un taux de mortalité maternelle supérieur ou égal à 550 pour 100 000 naissances vivantes.
Oui, les MGF augmentent le risque de transmission du VIH, car l’intervention provoque une hémorragie et le même instrument est souvent utilisé pour plusieurs interventions. Cela est particulièrement vrai dans les communautés où un grand nombre de filles sont excisées le même jour, au cours d’un rite socioculturel.
En outre, en raison des dommages causés aux organes génitaux féminins, les rapports sexuels peuvent entraîner une lacération des tissus, augmentant fortement le risque de transmission du VIH. L’hémorragie post-partum est également un facteur d’aggravation du risque de transmission du VIH.
Les MGF peuvent avoir des répercussions durables sur les femmes et les filles qui les subissent. Le stress psychologique ressenti par les petites filles qui subissent des MGF peut causer des troubles du comportement qui sont étroitement liés à une perte de confiance envers leur entourage. À plus long terme, les femmes peuvent souffrir de dépression et d’angoisse. La dysfonction sexuelle peut également entraîner des conflits au sein du couple ou conduire au divorce.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a identifié quatre types de MGF :
Type I, aussi appelé clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris et/ou du prépuce.
Type II, aussi appelé excision : ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres. La quantité de tissus enlevée varie fortement d’une communauté à l’autre.
Type III, aussi appelé infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par la création d’une fermeture, réalisée en coupant et en repositionnant les petites lèvres et/ou les grandes lèvres. L’infibulation peut être pratiquée avec ou sans ablation du clitoris.
Type IV : toutes les autres interventions nocives pratiquées sur les organes génitaux féminins à des fins non thérapeutiques, telles que la ponction, le percement, l’incision, la scarification et la cautérisation.
On rencontre d’autres termes liés aux MGF : incision, désinfibulation et réinfibulation.
L’incision fait référence à l’incision du clitoris ou à l’ablation du prépuce clitoridien, mais se rapporte également à des incisions pratiquées dans la paroi vaginale ou à l’incision du périnée ou de la symphyse.
La désinfibulation consiste, chez une femme infibulée, à sectionner la cloison formée par l’accolement des lèvres afin de permettre les rapports sexuels ou l’accouchement.
La réinfibulation consiste à pratiquer une nouvelle suture des grandes lèvres après une désinfibulation.
Les types I et II sont les plus répandus, mais la situation varie selon les pays. Le type III, l’infibulation, représente environ 10 % des cas de MGF et se rencontre surtout en Somalie, au nord du Soudan et à Djibouti.
La terminologie relative aux MGF a évolué.
Lorsque la pratique a commencé à retenir l’attention de la communauté internationale, on parlait généralement de « circoncision féminine ». (En Afrique du Nord et de l’Est, ce terme est souvent utilisé pour désigner les MGF de type I.) Cependant, le terme de « circoncision féminine » a fait l’objet de critiques, car il établit un parallèle avec la circoncision masculine et crée une confusion entre deux pratiques distinctes. Pour ajouter à la confusion, dans de nombreux pays d’Afrique orientale et australe, les experts de la santé recommandent la circoncision masculine afin de réduire le risque de transmission du VIH. À l’inverse, les MGF augmentent le risque de transmission du VIH.
Selon certains, ce terme tend à masquer les graves conséquences physiques et psychologiques de l’excision sur les femmes. L’UNFPA n’encourage pas l’emploi du terme de « circoncision féminine », car les conséquences de la circoncision sur la santé ne sont pas du tout les mêmes pour les femmes que pour les hommes.
Le terme de « mutilation génitale féminine » est employé par un large éventail d’organisations œuvrant pour la santé des femmes et les droits de l’homme. Il établit une distinction claire avec la circoncision masculine. L’emploi du terme de mutilation reflète également la gravité de l’acte et souligne que les MGF sont une violation des droits humains fondamentaux des femmes et des filles. L’expression s’est répandue à la fin des années 1970 et, depuis 1994, elle est utilisée dans plusieurs documents officiels issus des conférences des Nations Unies, et a servi d’outil de plaidoyer et d’élaboration de politiques. Dans la résolution 65/170, les États membres des Nations Unies ont clairement indiqué que le terme « mutilations génitales féminines » devaient être utilisé pour faire référence à cette pratique néfaste.
À la fin des années 1990, le terme d’« excision » a été introduit, en partie parce que celui de « mutilation génitale féminine » n’était pas satisfaisant, soit parce que les communautés risquaient de le trouver dévalorisant, soit parce qu’il pouvait laisser entendre que les parents ou les praticiens qui réalisent cette intervention sont malveillants. Certains craignent que le terme « mutilations génitales féminines » n’ostracise les communautés dans lesquelles les MGF sont pratiquées, voire qu’il n’entraîne une réaction négative, au risque d’augmenter le nombre de filles qui en sont victimes.
Certaines organisations ont quant à elles adopté les deux termes et parlent de « mutilations génitales féminines/excision » ou « MGF/E »
L’UNFPA plaide en faveur d’une approche des MGF sous l’angle des droits humains. Or, de ce point de vue, c’est le terme de « mutilations génitales féminines » qui décrit le mieux cette pratique.
Aujourd’hui, un grand nombre de pays ont interdit les MGF, et un nombre croissant de communautés se sont engagées à les abandonner, ce qui montre que les perceptions sociales et culturelles de la pratique qui sont remises en cause par les décideurs à l’échelle nationale, régionale et internationale, le sont aussi par les communautés elles-mêmes. Le moment est donc venu d’accélérer la dynamique en faveur de l’abandon complet des MGF, en mettant l’accent sur les droits humains.
En outre, le terme de mutilations génitales féminines est employé dans un certain nombre de documents des Nations Unies et de déclarations interinstitutions. Parmi les documents importants et récents dans ce cas, on peut citer la première résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies (Résolution 67/146) sur l’« intensification de l’action mondiale visant à éliminer les mutilations génitales féminines ». Parmi les autres documents utilisant le terme « mutilations génitales féminines », on peut citer le Rapport du Secrétaire général « Mettre fin aux mutilations génitales féminines », la Communication de la Commission au Parlement européen et au Conseil : « Vers l’éradication des mutilations génitales féminines », le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, la Déclaration et le programme d’action de Beijing et Éliminer les mutilations sexuelles féminines : déclaration interinstitutions. Enfin, chaque année, les Nations Unies observent la « Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines ».
L’origine des MGF n’est pas clairement établie. L’existence de la pratique est antérieure à la Chrétienté et à l’Islam. Des momies égyptiennes présenteraient certaines caractéristiques typiques des MGF. Des historiens comme Hérodote affirment qu’au Ve siècle av. J.-C., la circoncision féminine était pratiquée par les Phéniciens, les Hittites et les Éthiopiens. Selon certaines sources, des rites de circoncision étaient pratiqués dans les zones tropicales d’Afrique, aux Philippines, chez certaines tribus de haute Amazonie, chez les femmes de la tribu Arunta en Australie, ainsi que chez certains des premiers Romains et Arabes. Encore récemment, dans les années 1950, la clitoridectomie était pratiquée en Europe occidentale et aux États-Unis pour traiter certains états et comportements perçus comme des maladies : hystérie, épilepsie, troubles mentaux, masturbation, nymphomanie et dépression. En d’autres termes, les MGF ont été pratiquées, à toutes les époques et sur tous les continents, par de nombreux peuples et sociétés.
L’âge auquel elles sont pratiquées varie. Dans certaines régions, les MGF sont réalisées lors de la petite enfance, parfois quelques jours seulement après la naissance. dans d'autres régions, l’intervention a lieu au cours de l’enfance, au moment du mariage, au cours de la première grossesse ou après la naissance du premier enfant. Des rapports récents suggèrent que l’âge auquel l’intervention est pratiquée s’est abaissé, la plupart des MGF étant réalisées sur des filles de 0 à 15 ans.
La pratique des MGF existe dans des communautés du monde entier.
Elle est établie dans certaines communautés de 33 pays d’Afrique : Afrique du Sud, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Kenya, Liberia, Malawi, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Tchad, Togo, Zambie, Zimbabwe.
Certains groupes ethniques de pays asiatiques pratiquent les MGF, dont des communautés en Inde, en Indonésie, en Malaisie, Aux Maldives, au Pakistan et au Sri Lanka.
Au Moyen-Orient, les MGF sont pratiquées à Oman, aux Émirats arabes unis et au Yémen, ainsi qu’en Iraq et dans l’État de Palestine.
En Europe de l'Est, des informations récentes montrent que certaines communautés pratiquent les MGF en Géorgie et en Fédération de Russie.
En Amérique du Sud, la pratique est établie chez certaines communautés de Colombie, d’Équateur du Panama et du Pérou.
Enfin, dans de nombreux pays occidentaux, dont l’Australie, le Canada, les pays européens et les États-Unis, les MGF sont pratiquées au sein des communautés de la diaspora originaires de régions où elles sont répandues.
En général, les MGF sont pratiquées par des anciens de la communauté (essentiellement, mais pas exclusivement, des femmes) désignés pour réaliser l’intervention, ou par des accoucheuses traditionnelles. Dans certaines communautés, les MGF peuvent être pratiquées par des guérisseurs, des barbiers hommes, des membres de sociétés secrètes, des phytothérapeutes, ou parfois par une parente.
Dans certains cas, ce sont des professionnels de santé qui réalisent l’intervention. On parle alors de « médicalisation » des MGF. Selon des estimations récentes de l’UNFPA, environ 20 % de filles ayant subi des MGF a été excisée par un prestataire de santé. Dans certains pays, cette proportion peut atteindre 75 % des filles excisées. Selon des estimations réalisées à partir d’enquêtes démographiques et de santé et d’enquêtes par grappes à indicateurs multiples, les pays dans lesquels la majorité des MGF sont pratiquées par des professionnels de la santé sont l’Égypte (38 %), le Soudan (67 %), le Kenya (15 %), le Nigéria (13%) et la Guinée (15 %).
Les MGF sont pratiquées à l’aide de certains types de couteaux, de ciseaux, de scalpels, de morceaux de verre ou de lames de rasoir. En général, on n’emploie pas d’anesthésiants ou d’antiseptiques, sauf si l’intervention est réalisée par un professionnel de la santé. Dans les communautés qui pratiquent l’infibulation, il est courant d’attacher les jambes des filles pour les immobiliser pendant 10 à 14 jours afin de permettre la formation du tissu cicatriciel.
Dans toutes les sociétés où elles sont pratiquées, les mutilations génitales féminines reflètent une inégalité profondément enracinée entre les sexes. Là où elle est largement répandue, la pratique des MGF est encouragée aussi bien par les hommes que par les femmes, en général sans aucune remise en question, et tout individu ne se conformant pas à la norme encourt le risque d’être condamné, harcelé et ostracisé. Pour les familles, abandonner une telle pratique sans le soutien de la communauté dans son ensemble peut être difficile. De fait, les MGF continuent souvent d’être pratiquées, même lorsque ses dangers pour la santé des filles sont connus, car les avantages de la pratique du point de vue social sont jugés plus importants que ses inconvénients.
Les facteurs cités pour expliquer la pratique des MGF peuvent en général être classés en cinq catégories :
Facteurs psychosexuels : les MGF sont un moyen de contrôler la sexualité des femmes, que l’on considère parfois comme insatiable si certaines parties des organes génitaux, le clitoris en particulier, ne sont pas retirées. Elles sont censées garantir la virginité avant le mariage et la fidélité de l’épouse, et augmenter le plaisir sexuel de l’homme.
Facteurs sociologiques et culturels : les MGF sont considérées comme faisant partie de l’initiation d’une fille au statut de femme adulte et du patrimoine culturel d’une communauté. Parfois, des mythes relatifs aux organes génitaux féminins (p. ex. le clitoris finira par grossir et atteindre la taille d’un pénis s’il n’est pas coupé, les MGF améliorent la fécondité ou favorisent la survie de l’enfant) contribuent à perpétuer la pratique.
Facteurs esthétiques et liés à l’hygiène : dans certaines communautés, les organes génitaux externes de la femme sont considérés comme malpropres et laids. On justifie alors leur ablation par des arguments liés à l’hygiène et à des considérations esthétiques.
Facteurs religieux : bien que ni l’Islam ni le Christianisme ne les cautionne, les MGF sont fréquemment justifiées par une supposée doctrine religieuse.
Facteurs socioéconomiques : dans de nombreuses communautés, les MGF constituent une condition préalable au mariage. Lorsque les femmes dépendent en grande partie des hommes, la nécessité économique peut être un facteur majeur d’acceptation de cette pratique. Les MGF constituent parfois un prérequis au droit d’hériter. Elles peuvent également représenter une source importante de revenus pour les personnes qui pratiquent les excisions.
Aucune religion ne prescrit ni ne condamne les MGF. Malgré cela, dans quatre des quatorze pays pour lesquels des données sont disponibles, plus de la moitié des filles et des femmes pensent que le fondement des MGF est religieux. Enfin, bien que les MGF soient souvent perçues comme liées à l’Islam, peut-être du fait qu’elles sont pratiquées dans de nombreux groupes de population musulmane, elles ne sont pas pratiquées par tous les musulmans alors qu’elles le sont par certaines populations d’autres confessions, dont des chrétiens, des juifs éthiopiens et des adeptes de certaines religions traditionnelles africaines.
Les MGF sont donc davantage une pratique culturelle que religieuse. De fait, de nombreux chefs religieux l’ont dénoncée.
Oui. La culture et les traditions fournissent un cadre au bien-être des êtres humains et des arguments culturels ne sauraient être utilisés pour cautionner des violences à l’égard d’hommes ou de femmes. En outre, une culture n’est jamais statique, elle évolue et s’adapte en permanence. Néanmoins, les activités visant à éliminer les MGF doivent être conçues et mises en œuvre en tenant compte du profil culturel et social des communautés dans lesquelles elles sont pratiquées. Les comportements peuvent évoluer dès lors que les personnes comprennent les dangers de certaines pratiques et qu’elles réalisent qu’il est possible d’abandonner celles qui sont nocives sans renoncer pour autant à des aspects importants de leur culture.
Tous les enfants ont le droit d’être protégés de la violence, à tout moment et quel que soit le contexte. Le mouvement en faveur de l’élimination des MGF, souvent d’origine locale, vise à protéger les filles d’une forme profonde, permanente et totalement injustifiée de violence. Les faits montrent que la plupart des hommes et des femmes des pays concernés par les MGF souhaitent mettre fin à cette pratique et que le soutien aux MGF diminue globalement, même dans les pays où la cette pratique est fréquente (comme l’Égypte ou le Soudan). L’élimination des MGF passera par une collaboration intensive et continue entre tous les organes de la société (familles et communautés, chefs religieux et autres dirigeants, médias, gouvernements) et la communauté internationale.
L’origine ethnique est une conséquence directe de la prévalence des MGF. Elle transcende les catégories socioéconomiques et les niveaux d’éducation. Les membres de groupes ethniques donnés adhèrent souvent aux mêmes normes sociales (qui recommandent ou non, entre autres, de pratiquer les MGF), quel que soit l’endroit où ils vivent. Par exemple, la prévalence des MGF dans la population d’origine somalienne vivant au Kenya (94 %) est proche du niveau en Somalie (99 %), soit un niveau très supérieur à la moyenne nationale du Kenya (21 %).
Il existe toutefois des exceptions. Au Sénégal, par exemple, le taux de prévalence des MGF chez les femmes mandigues varie fortement selon la région où elles vivent : 56% dans les zones urbaines contre 79% dans les zones rurales. De même, la prévalence des MGF chez les poulars varie de 39% dans les zones urbaines à 67% dans les zones rurales.
Les femmes du monde entier parlent de leur expérience et prônent le changement.
« C’est ce que ma grand-mère appelait les trois peines de la femme : le jour de la circoncision, la nuit de noces et la naissance d’un bébé ». – Extrait d’un poème somalien, « Les Trois peines de la femme ».
« Mes deux sœurs, ma mère et moi avons rendu visite à ma famille au pays. Je pensais que nous partions en vacances. Un peu plus tard, on nous a dit que nous allions être infibulées. La veille de l’opération, une autre fille a été infibulée et elle est morte à cause de l’opération. Nous étions terrorisées et ne voulions pas subir le même sort. Mais nos parents nous ont dit que c’était une obligation, alors nous y sommes allées. Nous nous sommes défendues, car nous croyions vraiment que nous allions mourir tant la douleur était grande. Une femme vous met la main devant la bouche pour vous empêcher de crier, deux femmes vous tiennent la poitrine et deux autres les jambes. Après l’infibulation, on nous a attaché les jambes avec une corde et c’est comme si nous avions du réapprendre à marcher. On devait essayer d’aller aux toilettes. Si on ne pouvait pas uriner au cours des 10 jours suivants, c’est qu’il y avait un problème. On peut dire qu’on a eu de la chance. On s’est rétablies progressivement et on a survécu, pas comme l’autre fille. Mais les souvenirs et la douleur ne disparaissent jamais complètement. » – Zainab, infibulée à l’âge de 8 ans (Source : OMS)
« Je n’infligerai jamais de MGF/E à mon enfant si c’est une fille et je lui expliquerai quelles sont les conséquences de cette pratique dès son plus jeune âge. » – Kadiga, Éthiopie
« Dans mon village, il y a une fille plus jeune que moi qui n’a pas été excisée, car j’ai évoqué la question avec ses parents. Je leur ai dit à quel point l’opération m’avait fait mal et traumatisée et comment j’en étais arrivée à ne plus faire confiance à mes propres parents. Ils ont décidé qu’ils voulaient épargner cela à leur fille. » – Meaza, 15 ans
Selon l’OMS, la médicalisation des MGF signifie que les mutilations sont pratiquées par du personnel de santé (p. ex. agent de santé communautaire, infirmière ou médecin), dans un dispensaire public ou privé, à domicile ou ailleurs. Cela comprend également la procédure de réinfibulation à tout moment de la vie d’une femme.
En 2010, une stratégie mondiale interinstitutions conjointe pour empêcher les prestataires de soins de santé de pratiquer les MGF a été publiée. En 2016, l'OMS a également publié des lignes directrices sur la gestion des complications de santé liées aux MGF. Cette stratégie reflète le consensus entre les experts internationaux, les entités des Nations Unies et les États Membres qu'ils représentent. En outre, l'engagement mondial d'éliminer toutes les formes de MGF d'ici 2030 est clairement énoncé dans la cible 5.3 des objectifs de développement durable (ODD).
Les MGF ne sont jamais « sûres ». Même lorsqu’elles sont réalisées dans un environnement stérile par un professionnel de la santé, les interventions peuvent avoir des conséquences graves sur la santé, immédiatement ou plus tard au cours de la vie. La médicalisation des MGF procure une fausse sensation de sécurité. Toutes les formes de MGF sont associés à des risques graves, y compris celles qui sont pratiquées par du personnel de santé.
Les professionnels de la santé qui pratiquent des mutilations génitales féminines enfreignent le droit des filles et des femmes à la vie, à l’intégrité physique et à la santé. Ils violent également un principe déontologique fondamental de la médecine : « ne pas nuire ».
De plus, la croyance qu'une coupure génitale «mineure» aidera à éviter des formes plus sévères de MGF n'est pas prouvée. Plusieurs études ont montré que les filles peuvent subir des MGF à plusieurs reprises lorsque les membres de leur famille ou de leur communauté ne sont pas satisfaits des résultats des procédures antérieures. Il existe également des preuves que les procédures «mineure» de MGF sont souvent des formes plus graves de MGF. Une étude au Soudan a révélé que, parmi les femmes qui prétendaient avoir subi un type de mutilation génitale féminine considérées comme «mineure», environ un tiers avaient en fait subi une infibulation, et toutes avaient subi l'ablation de leur clitoris et labia minora.
Lorsque le personnel médical effectue des MGF, il légitime à tort la pratique comme médicalement saine ou bénéfique pour la santé des filles et des femmes. Et parce que le personnel médical détient souvent pouvoir, autorité et respect dans la société, il a le pouvoir d’institutionnaliser davantage la procédure.
L’UNFPA et l’UNICEF sont les co-chefs de file du plus grand programme mondial visant à accélérer l’abandon des MGF et à prendre en charge leurs conséquences.
Des réseaux de chefs religieux, de parlementaires, d’organisations non gouvernementales, de militants des droits des jeunes et des droits de l’homme soutiennent cette campagne. Des organisations de la société civile ont été mobilisées et leur capacités renforcées pour organiser des séances d’éducation et de dialogue communautaires sur les droits de l’homme et la santé. Ces réseaux aident un nombre croissant de communautés à proclamer l’abandon des MGF. Un changement a eu lieu parmi les chefs religieux : beaucoup de ceux qui cautionnaient autrefois les MGF, les condamnent activement aujourd’hui. Un nombre croissant de déclarations publiques pour affirmer l’absence de lien entre les MGF et la religion et soutenir l’abandon de la pratique ont également été recensées.
Les conseils et le soutien techniques de l’UNFPA ont permis d’augmenter considérablement le nombre d’activités visant à renforcer le rôle des services de santé publique dans la prévention des MGF, et si possible, la prise en charge des victimes de cette pratique et l’atténuation de ses effets négatifs sur la santé des femmes. Le personnel de santé a été formé pour traiter les complications liées aux MGF, avec notamment l’intégration de la prise en charge relative aux mutilations génitales dans le programme des études de médecine. Des systèmes d’orientation ont été renforcés pour faire le lien entre les initiatives communautaires et les prestataires de santé.
Plusieurs pays ont adopté de nouvelles lois interdisant les MGF et élaboré des politiques nationales prévoyant des mesures concrètes pour favoriser l’abandon de la pratique. Des stations de radio ont diffusé des émissions sur les préjudices causés par les MGF, avec des appels en direct. L’utilisation des médias pour mobiliser l’opinion publique contre cette pratique a contribué à changer les mœurs, et la perception des filles non excisées.
Afrique : Algérie (2015) ; Bénin (2003) ; Burkina Faso (1996) ; Cameroun (2016) ; République centrafricaine (1996, 2006) ; Tchad (2002) ; Comores (1982); République du Congo (2002) ; Côte d'Ivoire (1998) ; Djibouti (1994, 2009) ; République démocratique du Congo (2006) ; Égypte (2008) ; Érythrée (2007, 2015) ; Éthiopie (2004); Gambie (2015) ; Ghana (1994, 2007) ; Guinée (1965, 2000, 2016) ; Guinée Bissau (2011) ; Libéria (2018, par décret exécutif d'un an) ; Kenya (2001, 2011) ; Malawi (2000); Mauritanie (2005) ; Mozambique (2014) ; Niger (2003) ; Nigéria (2015) ; Sénégal (1999) ; Sierra Leone (2007) ; Somalie (2001)* ; Afrique du Sud (2005) ; Soudan (2020); Soudan du Sud (2008) ; Tanzanie (1998); Togo (1998); Ouganda (2010) ; Zambie (2005, 2011) ; Zimbabwe (2006).
Autres : Australie (6 États sur 8 entre 1994 et 2006) ; Autriche (1974, 2002) ; Bahreïn (1976); Belgique (2000); Brésil (1984); Bulgarie (1968); Canada (1997); Colombie (2006, Résolution n° 001 de 2009 des autorités autochtones) ; Croatie (2013); Chypre (2003); République tchèque (2009); Danemark (2003); Estonie (2001); Finlande (2013) ; France (1979); Hongrie (2012) ; Inde (1860); Italie (2006) ; Iran (1991); Irak (2011, uniquement applicable au Kurdistan) ; Irlande (2012); Koweït (2015); Géorgie (Allemagne (2013) ; Grèce (1951) ; Lettonie (2005) ; Lituanie (2000) ; Luxembourg (sur les mutilations uniquement, pas spécifiquement sur les mutilations « génitales », 2008) ; Malte (1854) ; Mexique (2020) ; Pays-Bas (1881); Nouvelle-Zélande (1995); Norvège (1995); Oman (2019), Pakistan (1860); Panama (2007); Pérou (1991); Philippines (1930); Pologne (2003); Portugal (2007); Roumanie (2017); Slovaquie (2005); Slovénie (2008); Espagne (2003); Suède (1982, 1998); Suisse (2005, 2012); Trinité-et-Tobago (2012); Royaume-Uni (1985; 2003); Royaume-Uni États-Unis (1996).
Les peines encourues varient de six mois d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité. Dans plusieurs pays, la peine prévue comprend également une amende.
*La Constitution somalienne stipule expressément que « l'excision des filles est interdite ». Cependant, aucune législation nationale ne met expressément en œuvre cette disposition constitutionnelle, et il n'existe aucun cas connu où des délits de MGF ont été poursuivis en vertu de dispositions pénales générales. Le projet de loi sur les MGF est bloqué dans le processus législatif depuis plusieurs années.
Le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) reconnaît que la violence contre les femmes est un phénomène très répandu. Il affirme : « Dans un certain nombre de pays, des pratiques nocives visant à réprimer la sexualité féminine sont la cause de souffrances aiguës. Parmi ces pratiques figure celle des mutilations génitales féminines qui sont une violation des droits fondamentaux des femmes et constituent un risque majeur et permanent pour leur santé », (paragraphe 7.35).
Le Programme d’action demande aux « gouvernements et [aux] communautés [de] prendre d’urgence des mesures pour mettre un terme à la pratique des mutilations génitales féminines et pour protéger les femmes et les filles contre toutes pratiques similaires dangereuses et injustifiées. Pour éliminer cette pratique, il faudra notamment lancer de vastes programmes de sensibilisation au niveau des communautés, avec la participation des chefs de village et des chefs religieux, des programmes d’éducation et d’orientation sur les répercussions qu’ont ces pratiques sur la santé des filles et des femmes, et dispenser des traitements et une rééducation post-traumatique pour les filles et les femmes victimes de mutilation. Il faudrait notamment des services de sensibilisation destinés aux femmes et aux hommes pour décourager cette pratique », (paragraphe 7.40).
Le chapitre IV, paragraphe 4.4 stipule que « Les pays devraient entreprendre de promouvoir les femmes et d’éliminer les inégalités entre hommes et femmes le plus rapidement possible : en éliminant les pratiques discriminatoires à l’égard des femmes ; en aidant les femmes à faire valoir et à exercer leurs droits notamment dans le domaine de la santé en matière de reproduction et de sexualité ». Le paragraphe 4.9 stipule quant à lui que « Les pays devraient prendre toutes les mesures pour éliminer toutes les formes d’exploitation, de sévices, de harcèlement et de violence contre les femmes, les adolescentes et les enfants (...) ».
La plupart des pays dans lesquels les MGF sont pratiquées ont ratifié des conventions et des déclarations internationales contenant des dispositions relatives à la promotion et à la protection de la santé des femmes et des filles. Par exemple :
1948
La Déclaration universelle des droits de l’homme proclame le droit de toute personne à vivre dans des conditions lui permettant d’assurer sa santé et d’accéder à des soins médicaux (art. 25). Adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme contient cinq articles servant de base à la condamnation des MGF : l’article 2 sur les discriminations, l’article 3 sur le droit de tout individu à la sécurité de sa personne, l’article 5 sur les traitements cruels, inhumains ou dégradants, l’article 12 sur le respect de la vie privée, et l’article 25 sur le droit à un niveau de vie suffisant (y compris pour accéder à des soins médicaux adéquats) et la protection de la maternité.
1951
La Convention relative au statut des réfugiés définit qui sont les réfugiés, quels sont leurs droits et quelles sont les obligations légales des États. Les personnes fuyant leur pays pour échapper aux MGF sont éligibles au statut de réfugié.
1966
Les Pactes internationaux relatifs aux droits civils et politiques et aux droits économiques, sociaux et culturels condamnent les discriminations fondées sur le sexe et reconnaissent le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre (art. 12).
1979
La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes demande à tous les États parties de s’engager à « prendre toutes mesures appropriées pour éliminer la discrimination pratiquée à l’égard des femmes par une personne, une organisation ou une entreprise quelconque » (art. 2f) et pour « modifier les schémas et modèles de comportement socioculturel de l’homme et de la femme en vue de parvenir à l’élimination des préjugés et des pratiques coutumières, ou de tout autre type, qui sont fondés sur l’idée de l’infériorité ou de la supériorité de l’un ou l’autre sexe » (art. 5a).
Dans sa recommandation générale n° 24, formulée en 1999, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes souligne que certaines pratiques culturelles et traditionnelles, telles que les MGF, entraînent un risque élevé de décès ou d’invalidité des victimes et recommande aux États parties de promulguer des lois interdisant les MGF.
Dans sa recommandation générale n° 14 de 1990, le Comité recommande aux États parties de prendre des mesures appropriées et efficaces aux fin d’abolir la pratique de l’excision, en recueillant et en diffusant des données de base concernant les pratiques traditionnelles, en soutenant les organisations féminines qui œuvrent en vue de l’élimination des pratiques nuisibles, en encourageant le personnel politique, les membres des professions libérales, les dirigeants religieux et communautaires à coopérer et à faire jouer leur influence pour changer les attitudes et en introduisant des programmes d’éducation et de formation adéquats ; d’inclure dans leurs politiques nationales de santé des stratégies visant l’abolition de la pratique de l’excision ; de solliciter l’assistance, les informations et les conseils des organismes compétents des Nations Unies ; et enfin d’inclure dans les rapports qu’ils soumettent au Comité au titre des articles 10 et 12 de la Convention, des renseignements concernant les mesures prises pour éliminer l’excision.
1984
La Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants a été adoptée et ouverte à la signature, à la ratification et à l’adhésion par l’Assemblée générale dans sa résolution 39/46 (entrée en vigueur en 1990). Le Comité contre la torture indique clairement dans son Observation générale n° 2 que les MGF relèvent de sa compétence. Les Rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur la violence contre les femmes et sur la torture reconnaissent tous deux que les MGF peuvent être assimilées à une forme de torture en vertu de la Convention.
1989
La Convention relative aux droits de l’enfant protège les enfants contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales (art 19.1) ; demande de veiller à ce que nul enfant ne soit soumis à la torture ni à des traitements cruels, inhumains ou dégradants (art 37a) ; et appelle les États à prendre toutes les mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants (art 24.3).
1993
La Déclaration et le Programme d’action de Vienne adoptés par la Conférence mondiale sur les droits de l’homme a élargi la portée du programme international en matière de droits de l’homme en y incluant la violence sexiste, et notamment les MGF.
1994
Le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement demande aux gouvernements « de prendre d’urgence des mesures pour mettre un terme à la pratique des mutilations sexuelles féminines et pour protéger les femmes et les filles contre toutes pratiques similaires dangereuses et injustifiées ».
1995
Le Programme d’action de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes exhorte les gouvernements, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales à élaborer des politiques et des programmes en vue d’éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des filles, et notamment les mutilations génitales féminines.
1996
L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution sur les filles (A/RES/51/76), reconnaissant les MGF comme une forme de « discrimination à l'égard des filles et de violation des droits des filles ».
1997
La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples met en avant les droits fondamentaux. L’article 4 met l’accent sur l’intégrité de la personne, l’article 5 sur la dignité humaine et la protection contre l’avilissement, l’article 16 sur le droit à la santé, et l’article 18 (3) sur la protection des droits de la femme et de l’enfant.
1998
La Déclaration d’Addis-Abeba sur la violence contre les femmes marque une étape importante vers la formulation d’une charte africaine sur la violence contre les femmes, en fournissant un cadre pour l’adoption de lois nationales contre les MGF. Cette déclaration a été adoptée par l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) lors de la soixante-huitième session du Conseil des ministres en juillet 1998. Elle sera par la suite approuvée par l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement.
La Déclaration de Banjul condamne fermement la pratique des MGF et demande leur élimination.
1999
La Commission sociale, humanitaire et culturelle de l’Assemblée générale des Nations-Unies a approuvé une résolution qui appelle les États à mettre en œuvre des législations et des politiques nationales interdisant les pratiques traditionnelles et coutumières préjudiciables à la santé des femmes et des filles, y compris les MGF.
La Déclaration de Ouagadougou de l’Atelier régional sur la lutte contre la pratique des mutilations génitales féminines appelle à la création de réseaux et de mécanismes en vue de lutter contre les MGF.
Les Principales mesures pour la poursuite de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement appellent les gouvernements à promouvoir les droits humains des femmes et des filles et à veiller à ce qu’elles ne soient pas exposées à la coercition, à la discrimination et à la violence, y compris à des pratiques nocives. Les gouvernements sont également appelés à s’assurer que les prestataires de santé aient les connaissances et la formation requises pour prendre en charge les patientes qui ont subi des pratiques dangereuses.
2000
Les Nouvelles mesures et initiatives pour la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing prennent acte des progrès réalisés au niveau national pour interdire les MGF tout en soulignant que certaines attitudes et normes discriminatoires continuent d’exposer les filles et les femmes aux risques de violence sexiste, y compris aux MGF. Le texte appelle les gouvernements à combattre et éliminer la violence contre les femmes.
2001
Le Parlement européen a adopté une résolution sur les mutilations génitales féminines appelant à prendre des mesures pour protéger les survivantes de cette pratique et demandant aux États membres de reconnaitre le droit d’asile aux femmes et aux filles risquant de subir des mutilations génitales.
2003
Le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique, mieux connu sous le nom de Protocole de Maputo, appelle à l’« élimination des pratiques néfastes ».
2007
L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution sur les filles (A/RES/62/140) déclarant qu'elle était "profondément préoccupée... par le fait que les mutilations génitales féminines sont une pratique néfaste irréparable et irréversible".
2010
La Commission de la condition de la femme a adopté la Résolution 54/7 visant à mettre fin aux MGF.
2011
L’Union africaine a adopté une décision (Assembly/AU/Dec.383(XVII)) reconnaissant que « les mutilations génitales féminines sont une violation flagrante des droits fondamentaux des femmes et des filles, avec de graves répercussions sur la vie de millions de personnes dans le monde entier, en particulier des femmes et des fillettes en Afrique ».
La cinquante-sixième session de la Commission de la condition de la femme a approuvé un projet de décision intitulé « Mettre fin aux mutilations génitales féminines » (E/CN.6/2012/L.1). Le Secrétaire général a publié un rapport intitulé « Mettre fin aux mutilations génitales féminines », qui fait le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la résolution 54/7 adoptée en 2010 par la Commission de la condition de la femme.
L’assemblée mondiale de la santé a adopté la Résolution WHA61.16 et le Rapport de situation 2011 (A64/26), qui font tous deux référence aux MGF.
2012
Le 14 juin, le Parlement européen a adopté une Résolution sur l’élimination des mutilations génitales féminines.
Le rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les filles accordait également une attention particulière aux MGF (A/64/315, 2009 et A/66/257, 2012).
L’Assemblée générale des Nations Unies a également adopté une résolution appelant à l’« Intensification de l’action mondiale visant à éliminer les mutilations génitales féminines ».
2014
Le Conseil des droits de l’homme a adopté une résolution appelant à l’« Intensification de l’action mondiale et du partage des bonnes pratiques visant à éliminer les mutilations génitales féminines ».
2015
Les MGF sont incluses dans les objectifs de développement durable (ODD) sous la cible 5.3, « Éliminer toutes les pratiques néfastes, telles que les mariages d'enfants, précoces et forcés et les mutilations génitales féminines ».
Références
Assemblée générale des Nations Unies, Document A/C.3/54/C.13 : Pratiques traditionnelles ou coutumières affectant la santé des femmes et des fillettes.
Comité des droits de l’homme, Observation générale n°20 « Interdiction de la torture et des peines et traitements cruels », Observation générale n°28 « Égalité des droits entre hommes et femmes », CCPR/C/21/rev.1/Add.10.
Comité des droits économiques, sociaux et culturels. Observation générale n°14 « Le droit de jouir du meilleur état de santé possible », Document des Nations Unies E/C. 12/2000/4.
Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, Recommandation générale n° 14 sur l’excision, Recommandation générale n° 19 sur la violence à l’égard des femmes, Recommandation générale n° 24 sur les femmes et la santé.
Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), Document E/CN.4/Sub.2/1999/14 : « Troisième rapport sur l’évolution de la situation concernant l’élimination des pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des fillettes », établi par Mme Halima Embarek Warzazi en application de la résolution 1998/16 de la Sous-Commission.
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OMS, 2008, Éliminer les mutilations sexuelles féminines : déclaration interinstitutions, Genève, OMS.
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