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Les jeunes femmes sont les personnes les plus vulnérables à la violence conjugale, selon de nouvelles données de l'UNFPA
- 02 Décembre 2020
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NATIONS UNIES, New York – Un nouveau tableau de bord de données lancé par l'UNFPA aujourd'hui montre que les jeunes femmes sont les plus exposées à la violence conjugale. Pourtant, elle est endémique dans le monde. D’après le nouvel outil, les femmes âgées n’en sont pas à l'abri.
Le nouveau tableau de bord géospatial contient des statistiques fiables et à jour sur la violence conjugale, pour 119 pays. C’est la plus grande collection de données nationales disponible. Les échantillons peuvent être triés par âge, emploi, éducation et revenus du ménage, ce qui permettra aux décideurs politiques, aux défenseurs, aux prestataires de services et aux journalistes de mieux cibler leurs efforts.
« Ce tableau de bord servira aux praticiens techniques pour déterminer sur quoi concentrer le travail et, plus important encore, il aidera les décideurs à cibler et à adapter leurs législations et politiques en fonction des tendances rapportées dans les sous-régions et sous-groupes », a déclaré Nafissatou Diop, Spécialiste en chef de l'UNFPA en matière de genre et de droits humains. « C'est un outil utile pour tous ceux qui travaillent pour mettre fin à la violence basée sur le genre, y compris les militants et autres acteurs clés. »
« Les données nous indiquent où chercher, où agir et qui surveiller. Elles sont notoirement difficiles à collecter, mais représentent les rapports sur les objectifs de développement durable de 119 pays, et le résultat est choquant », a déclaré Rachel Snow, experte en chef de l'UNFPA sur la population et le développement.
Dans plus de 75% des pays disposant de données sur la violence conjugale, triées par âge, les femmes de moins de 35 ans sont les plus exposées, selon le tableau de bord.
Au Zimbabwe, par exemple, les filles âgées de 15 à 19 ans étaient trois fois plus susceptibles d'avoir été victimes de violence conjugale au cours de la dernière année que les femmes âgées de 45 à 49 ans. Au Tadjikistan, plus d'une femme sur cinq âgée de 25 à 34 ans a été victime de violence conjugale au cours des 12 derniers mois.
Ana Maria*, du Mozambique, avait 20 ans lorsqu'elle s'est mariée. La violence a commencé quelques années plus tard, lorsqu'elle a confronté son mari sur son infidélité. C’est allé de mal en pis, et il a même utilisé des armes. « J'ai découvert que ces matraques de police contenaient du fer », a-t-elle déclaré à l'UNFPA. « Je ne reconnaissais plus mon propre visage. »
Brenda*, au Malawi, était encore plus jeune. Elle n'avait que 13 ans lorsqu'un ami plus âgé de la famille a entamé une relation avec elle. Il a rapidement commencé à l'abuser sexuellement.
« Je le respectais comme un oncle », a-t-elle décrit. « Il me donnait de l'argent, et me menaçait pour que je ne dise rien. »
Au moment où les faits ont été découverts, Brenda était enceinte de trois mois. Puis elle a fait une fausse couche.
Ce ne sont là que quelques-unes des histoires qui ont été révélées. Mais de nombreux autres récits de violence conjugale ne sont pas signalés.
Toutes les formes de violence basée sur le genre, y compris la violence conjugale, sont sous-déclarées. De nombreuses victimes ont peur de parler, en raison de la méfiance à l'égard des systèmes de justice, de l'impunité généralisée dont jouissent les auteurs, ainsi que des normes sociales qui reprochent les faits aux victimes plutôt qu’à leurs agresseurs.
« Les jeunes femmes ont parfois du mal à identifier les abus, et quand elles [le savent], elles ne savent pas toujours où trouver de l'aide », a déclaré Munashe Gray, 20 ans, éducatrice pour ses pairs au Zimbabwe.
Le nouveau tableau de bord de données aide à mettre en lumière la prévalence de la violence conjugale dans le monde.
Bien qu'il ne puisse pas corriger la sous-déclaration, il rassemble des données fournies par le gouvernement aux niveaux national et infranational, permettant aux experts d'identifier les filles et les femmes les plus vulnérables.
Les facteurs de risque varient considérablement d'un pays à l'autre. En Haïti, par exemple, la violence conjugale est plus répandue dans les zones métropolitaines, tandis qu'en Ouganda, elle est plus courante dans les zones rurales.
Les femmes plus âgées sont toujours vulnérables. Au Zimbabwe, par exemple, plus d'une femme sur 10 âgée de 45 à 49 ans a été victime de violence conjugale l'année dernière.
Pendant ce temps, Ana Maria et Brenda disent espérer que les dirigeants et les décideurs apprendront des expériences comme la leur.
Et elles sont toutes deux déterminées à avancer dans leur vie.
Brenda a reçu l'aide de l'Initiative Spotlight, qui est le résultat d’un partenariat mondial entre l'Union européenne et les Nations Unies, y compris l’UNFPA. Grâce aux conseils et au soutien, elle a pu fournir des preuves aux enquêteurs, ce qui a conduit à l'arrestation et à la condamnation de son agresseur.
Ana Maria, aujourd'hui âgée de 30 ans, a également reçu le soutien d'un centre soutenu par l'initiative Spotlight pour les victimes de violence. Elle a d'abord essayé les thérapies conjugales, mais puisque la violence ne s'est pas arrêtée, elle a décidé de quitter son mari.
« Je veux voir toutes les femmes du Mozambique autonomisées afin qu'elles puissent se battre pour leurs rêves, et soutenir ceux de leurs enfants », a-t-elle déclaré.
* Les noms ont été modifiés pour des raisons de confidentialité et de protection