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Grossesses adolescentes et risques pour les patientes, une situation préoccupante au Salvador
- 03 Août 2017
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AHUACHAPÁN, Salvador – « J’aurais pu mourir le jour où mon fils est né », raconte Evelyn*, devenue mère à l’âge de 13 ans seulement. Sa grossesse était compliquée et elle avait passé la plupart de son temps au lit et dans un inconfort constant.
Pendant sa grossesse, la jeune femme a dû faire face à une variété de complications, dont du diabète gestationnel et une pré-éclampsie. « Nos vies ont été mises en danger par quatre reprises », dit-elle au sujet de son fils et elle.
La grossesse peut être une période dangereuse dans la vie d’une femme, particulièrement chez les jeunes filles dont le corps n’a pas encore la maturité pour porter un enfant. Les complications liées à la grossesse sont la première cause mondiale de décès chez les jeunes filles de 15 à 19 ans.
Pourtant, la maternité précoce est fréquente au Salvador. Entre 2013 et 2015, une grossesse sur trois était une grossesse adolescente, selon des informations du Ministère de la santé.
« Les médecins m’avaient prévenue que ma grossesse serait compliquée, vu mon âge, mes os n’étaient pas encore assez formés », explique la jeune fille, qui habite la région rurale d’Ahuachapán. « J’ai quitté l’école. Je me sentais fatiguée tout le temps. J’avais des difficultés à respirer. »
Elle était à la maison, seule, le jour où elle a accouché de son fils. Par chance, une éducatrice de santé venait justement la voir ce jour-là pour vérifier son état de santé et s’est rendue compte que la vie de la jeune fille était en danger.
Evelyn a alors été conduite à l’hôpital pour une césarienne d’urgence.
Les médecins en charge de l’intervention ne pouvaient pas croire que la jeune femme était sur le point de devenir mère. « On m’a dit que je devrais plutôt être en train de jouer à la poupée ou sur les bancs d’école », dit-elle.
La grossesse à l’adolescence est l’un des défis de santé reproductive les plus importants en Amérique latine et aux Caraïbes. Les facteurs contribuant à ce haut taux de grossesse précoce sont principalement la violence basée sur le genre, le manque d’accès à une éducation complète à la sexualité et aux services de santé sexuelle et reproductive.
Au Salvador, l’UNFPA travaille activement avec le gouvernement et les partenaires locaux pour une meilleure prise de conscience de ces problèmes au sein de la population.
Etudiants, professeurs et parents ont été approchés par des sessions de formation, programmes éducatifs et des messages de sensibilisation spécifiques, tous traitant des problèmes liés aux grossesses précoces. Les membres de la communauté obtiennent ainsi les informations nécessaires sur les violences sexuelles, l’importance de prévenir les mariages d’enfants et les grossesses non désirées.
Cette année, par exemple, dans la municipalité de Saint Rafael Cedros, des activités de sensibilisation sont entreprises avec le soutien de l’ambassade du Canada, ayant une portée de 300 étudiants dans cinq écoles différentes.
L’UNFPA a aussi mis en place un cycle d’ateliers pour les responsables publics. Ces évènements, organisés en collaboration avec l’ambassade du Royaume-Uni, sont centrés sur les droits de l’homme, l’égalité des sexes et les besoins de protection des victimes de violence sexuelle.
Les formations s’ancrent aussi dans un effort plus large d’assurer le respect des droits humains dans le processus de décisions politiques sur place. Les ateliers aideront, par exemple, le gouvernement à mettre en place une feuille de route interinstitutionnelle locale, un processus conçu étape par étape pour les institutions locales afin d’accompagner les survivants de violence sexuelle.
Les problèmes d’Evelyn ne se sont pas dissipés après son accouchement. Né prématurément, son enfant fut immédiatement séparé pour être soumis à des traitements spécialisés. Quatre ans plus tard, il continue à souffrir de problèmes de santé.
Aujourd’hui, Evelyn a 18 ans. Elle souhaite que d’autres jeunes parents, comme elle, puissent être avertis des dangers de la maternité précoce.
« Je partage mon histoire car ce jour-là, j’ai eu de la chance de tomber sur cet éducatrice de santé qui passait dans les environs. Si elle n’était pas passée pour vérifier que tout allait bien, je ne serais pas en vie pour raconter mon histoire et mon fils ne serait peut-être plus là non plus », conclut-elle.
* Les prénoms ont été modifiés afin de préserver l’anonymat
Traduit de l'anglais par Manon Jacob