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Dans cette communauté comorienne, le cor d'ambulance se fait entendre
- 03 Septembre 2019
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OUZIOINI, Comoros – Qui n'a pas entendu le son de l'ambulance d'Ouzioini? Jusqu'à cinq fois par semaine, le véhicule transporte des femmes et des enfants à une cinquantaine de kilomètres du district rural d'Ouzioini vers la capitale, Moroni, pour des soins obstétriques d’urgence.
Le klaxon très distinctif de l'ambulance est un son rassurant pour les résidents d'Ouzioini. Jusqu'en 2011, ils devaient trouver par eux-mêmes le moyen de transport qui leur permettait de se rendre dans les centres de santés pratiquant les soins d’urgence - à grands frais.
« Nous sommes loin de la situation à laquelle nous étions confrontés, lorsque certaines patientes étaient contraintes de payer plus de 50 000 francs comoriens, pour avoir loué la voiture qui les avait conduites à Moroni. Parfois, elles mourraient parce qu’elles n’avaient pas trouvé de véhicule à temps », a expliqué la sage-femme Assiata Chissi.
La plupart des passagers de l'ambulance sont des femmes confrontées à des complications de grossesse. « Désormais, dès que nous constatons qu'un patient doit être transféré, nous prenons directement notre ambulance », a-t-elle déclaré.
« Lorsque j'ai accompagné la femme de mon frère aîné, lors de son premier accouchement, elle a eu des complications et il n'y avait pas d'ambulance », s'est souvenue Mariam Abdou, une résidente locale. « J'ai dû louer une voiture pour 40 000 francs comoriens. A notre arrivée à l'hôpital Elmaarouf de Moroni, le bébé et sa mère avaient beaucoup souffert ».
La deuxième fois que sa belle-sœur a eu besoin de soins obstétriques urgents, le coût n'était plus une préoccupation. Avec l'ambulance, « nous l'avons conduite à Moroni », a déclaré Mme Abdou.
Il n'y a pas si longtemps, le centre de santé du district d'Ouzioini - qui compte 19 villages et des milliers d’habitants - n'était pas assez équipé pour aider les femmes et les enfants dans le besoin. L'ambulance fournie par l'UNFPA a été « un grand pas en avant pour le centre », a déclaré Abdoulhwahabi Mohamed Youssouf, responsable médical du centre.
Malgré tout, des efforts supplémentaires sont en cours, afin d’améliorer les soins. « Nous espérons réduire les transferts en offrant des services de qualité au centre. Nous devons former plus de personnel, et l’aider à surmonter les difficultés qui nous font face », a ajouté le Dr Youssouf.
L'UNFPA aide à la modernisation du centre de santé en fournissant « du matériel médical, du matériel obstétrique, et plusieurs produits contraceptifs », a déclaré la sage-femme Major Allaouia.
L’UNFPA a également subventionné l’achat de kits d’accouchement, qui contiennent des fournitures telles que des feuilles de plastique stériles, des gants, un rasoir et une couverture, pour assurer des accouchements sans danger.
Les économies réalisées ont permis au centre de santé d'acheter un appareil à ultrasons, afin que les femmes enceintes ne soient plus obligées de se rendre à Moroni pour bénéficier de ses services.
Depuis 2016, l’UNFPA a également aidé à financer deux des sages - femmes de l'équipe de maternité du centre de santé, ce qui a permis à l'établissement de fonctionner 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
« À la maternité, nous prenons soin des femmes enceintes. Nous assurons les soins prénataux, les accouchements et la planification familiale », a expliqué Mme Chissi.
Les sages-femmes sont aimées par la communauté. En fait, Mme Chissi - connue sous le surnom de Mère Amina - avait pris sa retraite, mais est revenue à temps partiel à la demande des résidents locaux.
Son dévouement a fait toute la différence pour ses patientes. « Quand les contractions ont commencé, je suis allée au centre de santé d'Ouzioini. La sage-femme m'a examinée et m'a dit que ma situation nécessitait un transfert vers Moroni », a rappelé Hassanati Hamadi.
« Nous avons pris l'ambulance, et malgré la distance tout s'est passé très vite. Je n'ai pas trop souffert. J'ai accouché par césarienne. Assiata Chissi m'a accompagné. Elle a pris soin de moi tout le temps ».
Aujourd'hui, l'équipe de maternité peut gérer presque toutes les situations qui se présentent à elle.
« Chaque semaine, nous effectuons en moyenne sept accouchements - parfois sains et parfois compliqués », a déclaré Mme Chissi.
Le centre n'a enregistré aucun décès maternel depuis 2012.