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Équateur : informer les jeunes pour leur permettre de comprendre leur corps et défendre leurs droits

Janny Caicedo, animateur chez RuranKapak, était étudiant lorsqu’il a participé pour la première fois à une session d’information du groupe. © UNFPA Équateur
  • 04 Septembre 2023

ESMERALDAS, Équateur – « RuranKapak, pour moi, c’est la liberté, la connaissance, la remise en question de mythes », explique Janny Caicedo Corozo, âgé de 20 ans et animateur pour les jeunes. « Il s’agit d’aider les jeunes qui ne connaissent pas leurs droits et doivent les connaître. »

M. Caicedo est originaire de Limones, une île du Pacifique qui fait partie de la province côtière d’Esmeraldas, située près de la frontière ; c’est une région qui se caractérise par de magnifiques plages, mais aussi par la plus forte concentration de personnes afrodescendantes dans le pays. Il décrit l’endroit où il a grandi comme « petit, mais plein d’amour », même s’il présente aussi son lot de difficultés.

Comme dans de nombreuses sociétés qui comptent de grandes communautés d’ascendance africaine, les effets du racisme et de la discrimination ont provoqué de très fortes inégalités sociales, économiques et de santé. Esmeraldas est l’une des régions les plus pauvres d’Équateur, et les femmes et les filles qui y vivent sont confrontées à de grands risques de violence basée sur le genre et de grossesses adolescentes.

M. Caicedo souhaitait changer la façon dont la sexualité était abordée au sein de sa communauté, pour apaiser les craintes et mettre fin aux idées reçues. En 2018, il a participé à une session de formation pour RuranKapak, un programme d’éducation complète à la sexualité lancé en Équateur en 2012 avec le soutien de l’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproducitve. 

Un groupe de personnes s’assoient à une table et jouent à un jeu de cartes. Les cartes montrent des dessins de personnes montrant différentes émotions.
Des jeunes participent à des sessions de discussion de deux heures sur des sujets tels que la violence basée sur le genre, l’alimentation, l’auto-prise en charge et la contraception. © UNFPA Équateur / Santiago Arcos

Un programme de pair-aidance

RuranKapak – qui signifie « je ferai » ou « faire » en quechua, une langue amazonienne – est un projet qui rassemble les jeunes par groupes pour des sessions d’information interactives sous forme d’apprentissage entre pairs, organisées par des éducateurs et éducatrices, des professionnel·le·s de santé et des personnes qualifiées sur des sujets comme l’auto-prise en charge et la nutrition, la violence basée sur le genre, la santé menstruelle, la contraception et la sexualité.

Après avoir participé à une session de RuranKapak en tant qu’étudiant, M. Caicedo a été invité à une formation de méthodologie soutenue par l’UNFPA. Depuis, il est animateur pour le projet et a dirigé de nombreuses sessions de pair-aidance ces cinq dernières années.

« Notre méthodologie a eu des résultats incroyables », déclare-t-il. « Les grossesses adolescentes ont diminué dans ma communauté, et les jeunes filles sont beaucoup plus libres de s’exprimer ; elles se rendent dans les centres avec leur famille pour avoir accès à des contraceptifs et à d’autres services. »

Ces dix dernières années, près de 1 200 animateurs et animatrices pour jeunes et adolescent·e·s ont été formé·e·s dans le cadre de RuranKapak, et plus de 38 000 personnes ont pu être informées par le biais des sessions organisées.

Connaître ses droits

En Équateur comme dans de nombreux pays du monde, les droits et la santé sexuelle et reproductive suscitent parfois des débats, car ils sont entourés de stigmatisation et de désinformation.

Garder le silence sur ces sujets peut pourtant mettre les jeunes en danger, notamment les exposer à la violence basée sur le genre et à des grossesses adolescentes, qui sont deux problèmes récurrents en Équateur. Près de 65 % des Equatoriennes rapportaient en 2019 avoir déjà été victimes de violence basée sur le genre, et en 2022, on comptait une moyenne de 5 filles (10-14 ans) et 108 adolescentes (15-19 ans) qui accouchaient chaque jour.

Même si le taux de mortalité maternelle en Équateur a fortement chuté depuis 2000, la grossesse et l’accouchement représentent toujours un risque mortel pour les jeunes du pays : les filles et adolescentes de moins de 19 ans constituaient 8 % des décès maternels en 2021. L’éducation complète à la sexualité est donc une véritable question de vie ou de mort.

« Comment mettre fin aux décès maternels évitables ? Renforcer l’accès à un large éventail de contraceptifs parmi lesquels les femmes peuvent choisir ; investir dans les sages-femmes pour que toutes les femmes aient accès aux soins de qualité dont elles ont besoin pendant la grossesse, ainsi que pendant et après l’accouchement ; enfin, améliorer l’éducation complète à la sexualité pour les jeunes, afin d’éviter les grossesses adolescentes », a déclaré la directrice exécutive de l’UNFPA, la Dr  Natalia Kanem

Un groupe de personnes, dont un travailleur de l’UNFPA, s’assoient ensemble.
Rhut Quiñonez, coordonnatrice de l’UNFPA à Esmeraldas, apporte son aide lors d’une session d’éducation complète à la sexualité organisée par RuranKapak. © UNFPA Équateur / Santiago Arcos

Faire face aux changements

L’adolescence est une période de changement. Il est donc normal que RuranKapak se tienne toujours au courant des choses pour faire en sorte de créer du lien avec les jeunes.

Sa mise en œuvre dans plusieurs régions équatoriennes rurales, isolées et proches de la frontière a eu un impact durable. Il a été pour beaucoup une porte d’entrée vers la défense des droits de la personne. Certain·e·s, qui ont fait de l’animation au sein du programme étant adolescent·e·s, travaillent aujourd’hui dans des associations de protection des droits et de la santé sexuelle et reproductive, ou de lutte contre la violence basée sur le genre.

M. Caicedo a beaucoup de rêves d’avenir et travaille dur pour les réaliser. Il étudie actuellement la médecine à l’université de Guayaquil, mais espère revenir vivre sur son île et contribuer à son développement, en créant une institution éducative afin de permettre aux jeunes d’aider leur famille.

Il explique qu’il consacrera toujours une partie de sa vie au militantisme, et que RuranKapak sera son meilleur allié. « [RuranKapak] change des vies et défend les droits sexuels et reproductifs d’une façon extraordinaire, sans restrictions et sans discrimination », déclare-t-il.

 

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