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La lutte contre le racisme est un devoir universel déterminant pour plus de justice, de démocratie et d’égalité

29 oct 2020

La lutte contre le racisme est un devoir universel déterminant pour construire des sociétés plus justes, plus démocratiques et véritablement égalitaires, ont affirmé diverses personnalités d’Amérique latine et des Caraïbes à l’occasion de la parution du rapport intitulé Afrodescendientes y la matriz de la desigualdad social en América Latina: retos para la inclusión (Populations d’ascendance africaine et inégalités sociales en Amérique latine : les défis de l’inclusion). Cet ouvrage a été présenté aujourd’hui dans le cadre de la trente-huitième session de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).

C’est à Alicia Bárcena, Secrétaire Exécutive de la Commission, qu’est revenu l’honneur de présenter cette nouvelle publication rédigée par la CEPALC et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), à la demande des pouvoirs publics costaricains. Parmi les participants à cet événement, on comptait Epsy Campbell Barr, Vice-Présidente du Costa Rica, Natalia Kanem, Directrice Exécutrice de l’UNFPA (en vidéo), Rocío Muñoz Flores, membre du groupe de femmes péruviennes d’ascendance africaine « Presencia y Palabra: Mujeres Afroperuanas » et Harold Robinson, Directeur du Bureau régional de l’UNFPA pour l’Amérique latine et les Caraïbes. La présentation a été animée par Adriana Murillo, Ambassadrice de la République du Costa Rica au Chili.

« Cette publication est le travail le plus fiable et le plus sérieux qui ait été réalisé sur les personnes d’ascendance africaine à l’échelle régionale et mondiale », a déclaré Mme Campbell Barr. « Il s’agit de travaux très bien documentés, reposant sur des données précises et prenant le recul nécessaire à une analyse fine. IIs peuvent ainsi étayer l’élaboration de politiques publiques et de stratégies destinées à promouvoir la reconnaissance, la justice et le développement pour ces communautés. »
Selon elle, la culture du privilège nuit souvent à l’exercice des droits de la majorité d’une population, quand elle ne l’annihile pas complètement. 

« À la différence des plafonds de verre, c’est bien à la structure d’acier de la discrimination et du racisme, d’apparence inébranlable, que font face les populations d’ascendance africaine. Sans égalité entre les groupes ethniques, la démocratie ne peut s’appliquer ni la citoyenneté s’exercer pleinement, ce qui entrave également le développement durable », a-t-elle souligné.

Lors de la présentation du rapport, la Secrétaire Exécutive de la CEPALC, Mme Bárcena, a précisé que la population latino-américaine comptait à ce jour près de 134 millions de personnes d’ascendance africaine, qui représentent 21 % de la population totale. Et pourtant, dans leurs constitutions, seuls 13 États condamnent formellement la discrimination sur la base de l’origine ethnique ; seulement cinq États font explicitement référence aux personnes d’ascendance africaine et trois uniquement les reconnaissent comme des peuples à part entière. Dans 16 pays, la discrimination sur la base de l’origine ethnique est qualifiée de délit et condamnée par la loi, et 14 États ont établi des mécanismes de promotion de l’égalité entre tous, indépendamment de l’appartenance ethnique, ou des structures spécifiques aux peuples d’ascendance africaine.

La haute fonctionnaire des Nations Unies a remarqué que le racisme se loge au cœur de la culture du privilège et que les inégalités ethniques sont structurelles et nuisent à l’ensemble des droits fondamentaux. 

Elle a déploré le fait que la pauvreté et l’extrême pauvreté sont plus marquées parmi la population d’ascendance africaine et que ces fractures persistent, même dans les pays connaissant les taux de pauvreté les moins prononcés. De même, les indices de pauvreté des femmes sont plus élevés dans les foyers des personnes d’ascendance africaine, un tiers de cette population étant vulnérable à la pauvreté. 

La mortalité infantile et maternelle de même que les grossesses précoces concernent bien plus les personnes d’ascendance africaine que le reste de la population. Quant au taux de chômage, il touche particulièrement les femmes et les jeunes, même lorsque leur degré de scolarité est supérieur, a signalé Mme Bárcena.

Dans le même temps, diverses formes de violence perturbent les conditions de vie et d’épanouissement des personnes d’ascendance africaine. Le racisme et la xénophobie, exacerbés durant la récente pandémie, aggravent l’exclusion sociale et les difficultés d’accès à l’emploi des migrants et migrantes.

« Les profondes inégalités structurelles et la persistance du racisme forment une composante fondamentale de la culture du privilège ; elles rendent non seulement indispensables la mise en œuvre de politiques universelles, mais également de plans d’action positive, dans une perspective universaliste respectueuse des différences. La reconnaissance et la visibilité des populations d’ascendance africaine, ainsi que la garantie de leurs droits, seront déterminantes pour constituer les démocraties du XXIe siècle », a rappelé la secrétaire exécutive de la CEPALC.

La plus haute représentante de la Commission a appelé de ses vœux la garantie inconditionnelle des droits des personnes d’ascendance africaine, en redoublant d’efforts pour progresser vers davantage d’égalité à plus court terme. Elle souhaite de même une participation totale des populations d’ascendance africaine, et notamment des femmes et des jeunes, à la conception et à l’exécution des politiques publiques. Elle a également invité à mettre en œuvre des politiques durables et pérennes de lutte contre le racisme structurel et institutionnel, et contre les pratiques discriminatoires et la violence à motivation raciste.

« Personne ne doit être laissée de côté. Il nous faut donc intégrer pleinement les personnes d’ascendance africaine aux réalisations du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et leur assurer l’exercice de leurs droits », a conclu Mme Bárcena.

Dans son message vidéo, Natalia Kanem, Directrice Exécutrice de l’UNFPA, a fait part de sa conviction que le nouveau rapport présenté ce jour contribuera à renforcer l’engagement des États, des organisations nationales et internationales et de la société civile dans la lutte contre le racisme, les inégalités et la discrimination.

Rocío Muñoz Flores, « du groupe Presencia y Palabra: Mujeres afro peruanas », a souligné les progrès institutionnels de nombreux États d’Amérique latine et des Caraïbes dans la prise en compte des besoins des populations d’ascendance africaine. Cependant, la question de l’intégration dans l’ensemble de la structure sociale reste cruciale.

Le Directeur du Bureau régional de l’UNFPA pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Harold Robinson, a remarqué que cette publication offre un panorama contemporain des inégalités auxquelles sont confrontées les personnes d’ascendance africaine, encore accrues par la pandémie de COVID-19. Il a donc souligné le besoin de rester attentifs à la dégradation des indicateurs concernant ces populations, rappelant la faible priorité accordée à cette situation par les États. 

« Il nous faut remporter une adhésion plus ferme de l’ensemble des États, mais également d’autres entités comme les parlementaires, les organisations de la société civile et coopérantes, ou encore du système des Nations Unies, afin de remédier à ces lacunes avec détermination », a-t-il insisté. 

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