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Un système innovateur pour la santé reproductive touche les femmes rurales

Nan Win Phyu, sage-femme au centre de santé rural Nam Khoke donne des explications sur les différentes options de contraception. © UNFPA Myanmar / Si Thu Soe Mo
  • 31 Juillet 2017

NAM KHOKE VILLAGE, Myanmar – Nan Aye Aye Lwin a marché pendant trois heures pour se rendre au centre de santé rural de Nam Khoke. Quand en fin d'après-midi elle est enfin arrivée, on pouvait lire de l'anxiété sur son visage.

Mère de deux enfants, elle a confié à la sage-femme de la clinique ne pas en vouloir d’autres, du moins pour l’instant. Cependant, elle était inquiète parce qu’elle n’avait pas les moyens de se procurer des contraceptifs. Son mari étant un travailleur saisonnier, les rentrées d’argent sont rares, a-t-elle expliqué.

La sage-femme lui a dit de ne pas s'inquiéter. Elle a patiemment expliqué les différentes options de contraception disponible, puis lui a annoncé la bonne nouvelle : « c'est gratuit », a expliqué Nan Aye Aye Lwin à l’UNFPA après la consultation. « Pas besoin de payer. »

Les femmes dans les zones reculées du Myanmar ont à présent un meilleur accès aux contraceptifs. © UNFPA Myanmar/Si Thu Soe Moe

Et mieux encore, Nan Aye Aye Lwin n'aura plus besoin de s’infliger six heures de marche pour l’obtention de ses contraceptifs. « On me dit aussi que dorénavant je peux les recevoir régulièrement chez moi lorsque l'équipe de santé mobile visite mon village. »

« Nous pouvons maintenant commencer notre planification familiale », a déclaré Nan Aye Aye Lwin. « Ça nous va très bien. »

Une nouvelle bien accueillie

Les contraceptifs peuvent contribuer à améliorer la santé des femmes et à sortir leurs familles de la pauvreté.

En mettant les femmes à l’abri des grossesses non désirées, la planification familiale limite le nombre de complications dangereuses liées à la grossesse. La mortalité maternelle reste un problème important au Myanmar, où on estime que sur 100 000 accouchements, 178 femmes meurent en couches selon les données de l'ONU. (D’autres estimations montrent des taux encore plus élevés : une enquête menée entre 2015 et 2016 a révélé 227 décès pour 100 000 accouchements).

La planification familiale permet également aux femmes de continuer leurs études ou de mener une activité économique, en améliorant les perspectives financières de leurs familles, ce qui est essentiel pour les populations rurales pauvres du Myanmar.

Jusqu’à présent, les contraceptifs n’étaient pas disponibles pour beaucoup de femmes dans le pays. Selon le sondage de 2015-2016, « 16% des femmes mariées qui le souhaitent n’ont à ce jour toujours pas accès à un moyen de contraception ».

Cette situation était due en grande partie à un mauvais inventaire et à un système de stockage défectueux. Le matériel de planification familiale restait abandonné dans des entrepôts ou dans des établissements médicaux surchargés, alors que d'autres centres de santé, en particulier ceux situés dans les zones rurales et reculées étaient abandonnés à eux même.

Mais il y a eu tout récemment des changements qui ont été reçus avec beaucoup d’enthousiasme. 

Répondre aux besoins des populations

La sage-femme major Daw Kyu Kyu Thin et ses collègues du centre de santé rural de Nam Khoke examinent leurs stocks d'approvisionnement en produits de santé reproductive. © UNFPA Myanmar/Si Thu Soe Moe

L'année dernière, l’UNFPA a travaillé avec le gouvernement du Myanmar et John Snow Inc. pour concevoir un nouveau système logistique permettant de gérer l'approvisionnement, le stockage et l'inventaire des fournitures de santé reproductive.

Chaque fois qu'un contraceptif, ou un autre produit de santé reproductive sort des stocks, il est entré dans le système. Au niveau des villes, le système est accessible en ligne. Dans les centres de santé ruraux où internet est souvent inaccessible, l'inventaire est fait sur registre, puis transmis en ville. Ce système permet aux centres urbains de réaffecter le stock disponible là où on en a le plus besoin.

« Cela nous donne beaucoup de souplesse dans la distribution et le partage des ressources », a déclaré le Dr Maung Maung Thein, le responsable médical du centre urbain de Hopong. « Lorsqu’il y a un besoin quelque part, nous pouvons très facilement identifier les stocks excédentaires et organiser le transfert. »

Le système accorde également une attention particulière aux centres de santé situés dans des zones reculées. Il garantit par exemple que le stock alloué sera suffisant de pour durer pendant toute la saison des pluies dans les endroits où la mauvaise météo limite le transport.

Améliorer les soins pour tous

À la fin 2016, le système a été étendu à 72 centres urbains dans six états et plus de 4 000 membres du personnel médical ont été formés à l'utiliser.

L’UNFPA surveille et évalue à présent les progrès du système. Depuis que le programme a été mis à l'essai en 2014, le pourcentage d'établissements médicaux suffisamment approvisionnés est passé de 4 à 39 dans les localités utilisant le nouveau système. Les ruptures de stocks ont diminué de 50 à 20 pour cent.

D'ici 2018, le système couvrira l'ensemble du pays.

La sage-femme major Daw Kyu Kyu Thin a expliqué que ce changement a amélioré les soins qu'elle offre de diverses façons. « Le personnel de santé sur le terrain consacre beaucoup moins de temps dans le suivi et l’entretien des archives. Nous pouvons maintenant consacrer plus de temps aux cliniques mobiles », a-t-elle déclaré.

Ce système a également amélioré la disponibilité de toutes sortes de médicaments et de fournitures pour la santé reproductive.

« Nous avons constamment avec nous une quantité suffisante d'injections [contraceptives] et de médicaments destinés aux femmes enceintes et aux mères » a-t-elle ajouté.

Traduit de l'anglais par Mikael Bisseck

 

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