Actualités

Syrie : une survivante du séisme a reconstruit sa vie, petit à petit

Najwa Bikdash, 52 ans, est originaire du quartier de Bustan Al Zahra, à Alep. Après que son mari violent l’a quittée et laissée avec ses quatre filles, sa situation déjà précaire a été aggravée par les séismes qui ont ravagé la Syrie en février dernier. © UNFPA Syrie/Ange Hussein, ICDA, 2023
  • 04 Août 2023

ALEP, République arabe syrienne – « Mes souffrances ont commencé avec la crise en Syrie puis l’effondrement économique, et le séisme a vraiment été le coup de grâce. »

Najwa Bikdash, 52 ans, est originaire du quartier de Bustan Al Zahra, à Alep. Après 20 ans de mariage, son mari l’a abandonnée avec ses quatre filles, les forçant à devoir se débrouiller seules financièrement. Des années de violences conjugales psychologiques avaient beaucoup affaibli l’estime personnelle de Mme Bikdash : elle ne voyait pas comment elle pourrait survivre seule.

Déterminée à s’occuper de ses filles, elle a découvert l’existence d’une formation et de services de conseil au sein d’un espace sûr local pour femmes et filles, financé par l’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive. Elle a doucement commencé à reconstruire sa vie.

« Je viens à l’espace sûr depuis cinq ans maintenant, j’apprends l’artisanat et la cuisine au centre d’aide pour femmes », raconte-t-elle. « Je me suis rendu compte qu’il n’y avait rien de mal à être une femme divorcée. Au contraire, je peux accomplir beaucoup de choses. ».

Cependant, la destruction de sa maison et l’insécurité accrue causées par les séismes dévastateurs de février dernier ont poussé Mme Bikdash à bout.  Elle s’est trouvée submergée par la peur et l’anxiété, forcée à déménager d’un refuge surpeuplé à un autre, presque sans assistance disponible.

Son seul refuge a été cet espace sûr, où des sessions d’aide psychosociale lui ont redonné un sentiment de sécurité, qu’elle croyait avoir perdu dans la catastrophe. « Les séances de soutien psychosocial m’ont aidée à rebâtir ma confiance en moi, petit à petit », explique Mme Bikdash. « Aujourd’hui, je compte établir ma propre entreprise afin de financer les réparations de ma maison. »

Un espace pour se reconstruire et pour apprendre

Une femme qui sourit utilise une machine à coudre dans un espace sûr
Mme Bikdash a trouvé refuge dans un espace sûr pour femmes et filles, financé par l’UNFPA, où des sessions d’aide psychosociale et des formations l’ont aidée à retrouver confiance en elle et même à monter sa propre entreprise. © UNFPA Syrie/Ange Hussein, ICDA, 2023

Chaque jour, plus de 50 femmes se rendent à l’espace sûr de Bustan Al Zahra, soutenu par l’UNFPA, qui est l’un des cinq centres de ce type situés dans les zones syriennes touchées par les séismes. Ces espaces proposent des services de conseil, de prévention et de prise en charge de la violence basée sur le genre et de secours, mais aussi la possibilité d’acquérir des compétences pratiques, afin que les femmes deviennent financièrement indépendantes.

Après les séismes, l’espace sûr a aussi servi de refuge et de centre de premiers secours aux femmes et aux filles touchées par la crise. Cela a notamment permis à Mme Bikdash de mieux gérer la maladie de sa fille, qui souffre de troubles convulsifs ; elle a aussi appris les bons gestes à adopter en cas de séisme.

Cette dernière formation s’est malheureusement révélée utile plus tôt qu’elle ne l’aurait souhaité, lorsqu’un autre séisme a frappé Alep le 25 juillet. Mme Bikdash explique à l’UNFPA : « J’ai peur car ma maison est fissurée, je crains qu’elle s’écroule. Six mois après le dernier séisme, je suis fatiguée. Je me sens constamment frustrée. »

Des centaines de milliers de femmes et de filles qui ont perdu leur maison dans la catastrophe vivent toujours dans des installations de fortune dangereuses. Elles n’ont qu’un accès limité aux services de protection et de santé reproductive, et peu d’intimité ou d’électricité ; le manque de toilettes et d’installations sanitaires est une véritable source de détresse.

Violence basée sur le genre, exploitation, abus et mariage d’enfants ont augmenté ; c’est aussi le cas de la violence au sein du couple. Bien que les services mobiles de protection, les équipes de proximité et les refuges sous tente aient tous été renforcés dans les zones touchées par les séismes, les mécanismes de prévention et de prise en charge ont été gravement perturbés, et l’accompagnement est difficile car les personnes suivies changent constamment de refuge ou de camp.

S’occuper des plus vulnérables en temps de crise

Depuis le début de la crise en Syrie, il y a plus de dix ans, et même après ces séismes catastrophiques, l’UNFPA travaille avec ses partenaires sur le terrain pour s’assurer que toutes les femmes et les filles puissent bénéficier de services de protection et de santé reproductive, où qu’elles vivent.

Depuis février 2023, l’UNFPA a fourni à plus de 368 000 personnes dans les zones syriennes affectées des services de protection et de santé reproductive, que ce soit au sein d’espaces sûrs et de centres polyvalents ou par l’intermédiaire de ses équipes mobiles. L’UNFPA appelle à des financements à hauteur de 182 millions de dollars pour continuer à défendre les droits des femmes et des filles en Syrie et de celles qui sont déplacées dans toute la région.

« Avec tous ces événements difficiles, je constate que le centre d’aide aux femmes est la meilleure chose qui me soit arrivée », déclare Mme Bikdash. « J’ai dit à toutes les femmes de mon quartier de nous rejoindre, pour bénéficier des programmes qui sont proposés […] Je suis très fière de la personne que je suis devenue ! »

Nous utilisons des cookies et d'autres identifiants pour améliorer votre expérience en ligne. En utilisant notre site web vous acceptez cette pratique, consultez notre politique en matière de cookies.

X