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Dix actions pour un monde plus juste

Partout dans le monde, les inégalités maintiennent certains dans un cycle de pauvreté et de marginalisation. © Andrea Bruce / Noor
  • 16 Octobre 2017

NATIONS UNIES, New York – Des inégalités profondes menacent les économies, les communautés et les nations, selon le rapport phare de l'UNFPA, État de la population mondiale 2017, publié aujourd'hui.

Pourtant, ces inégalités ne sont pas simplement une question de prospérité. Selon le rapport, les inégalités sociales, raciales et politiques se renforcent mutuellement, piégeant les gens dans un cycle de pauvreté et de marginalisation.

A travers le monde,ces inégalités sont amplifiée par les disparités entre les sexes. Trop de femmes et de filles n'ont pas accès aux soins de santé sexuelle et reproductive, ce qui signifie qu'elles sont incapables de recevoir des services de planification familiale ou des soins prénatals et peuvent être forcées d'accoucher dans des conditions dangereuses.

Faces a des maternités précoces ou fréquentes, ces jeunes filles et ces femmes sont plus sujettes à des complications, aux handicaps ou même à la mort. Elles sont moins en mesure de terminer leurs études ou d'entrer dans le monde du travail, laissant leurs familles plus pauvres et leurs enfants avec un avenir plus sombre.

Ces inégalités pourraient amoindrir les objectifs de la communauté mondiale visant à mettre fin à la pauvreté, à éliminer les décès évitables et à atteindre le développement durable.

Mais il y a des étapes claires qui peuvent mener à une situation plus équitable. Voici 10 actions pour créer un monde plus juste.

Les pays peuvent faire plus pour défendre l'égalité des droits. © Mark Tuschman

1. Respecter tous les engagements et toutes les obligations à l’égard des droits de l’homme établis dans les conventions et traités internationaux.

Tous les pays doivent respecter les droits au travail, à l'éducation et à la santé - y compris la santé reproductive.

Ces droit sont cités dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention sur l’elimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, le programme d'action de 1994 de la Conférence internationale sur la population et le développement, ainsi que d'autres documents reconnus sur les droits de l'homme.

Même les pays qui prennent partie à ces accords peuvent faire plus: ils peuvent intégrer l'égalité des droits dans leurs législations nationales. Faire de l'égalité un principe juridique, surtout au plus haut niveau, comme dans une constitution, peut fonder les bases de la fin des lois et pratiques discriminatoires.

Les soins de santé sexuelle et reproductive sont une partie essentielle des soins de santé. © UNFPA/Nicolas Axelrod

2. Éliminer les obstacles— qu’il s’agisse de lois discriminatoires, de normes ou de lacunes dans les services, qui empêchent les adolescentes et les jeunes femmes d’accéder aux services de santé sexuelle et reproductive et aux informations correspondantes.

Les soins de santé sexuelle et reproductive font beaucoup plus que préserver la santé des femmes et des filles. Cela leur permet d'être éduqués, employés et autonomisés. Pourtant, les lois discriminatoires et les lacunes dans les soins de santé empêchent beaucoup d’entre elles à ne pas recevoir ces services - ou même des informations sur ces services.

Les obstacles sont peut-être les plus difficiles chez les adolescents qui peuvent faire face à la stigmatisation ou même aux obstacles juridiques lorsqu'ils tentent d'accéder à l'information, aux contraceptifs et à d'autres soins de santé sexuelle.

Les conséquences sont désastreuses: chaque année dans les pays en développement, quelque 7,3 millions de filles accouchent avant d'atteindre l'âge de 18 ans. Et seul un quart des jeunes femmes en savent suffisamment pour se protéger du VIH, même si la majorité des nouvelles infections surviennent chez les jeunes femmes et filles.

Les services de santé doivent éliminer les obstacles aux soins, par exemple en offrant aux jeunes des soins gratuits et confidentiels et des conseillers spécialement formés, et en diffusant des informations accessibles à tous.

La plupart des décès maternels sont évitables. © Johan Ordonez/Getty

3. Fournir aux femmes les plus pauvres des soins prénatals et maternels essentiels et vitaux.

Chaque jour, plus de 800 femmes meurent en donnant naissance. Ces femmes sont parmi les plus pauvres et les plus vulnérables au monde. Pour chaque femme qui meurt de complications liées à la grossesse, beaucoup plus sont sont sujettes à des problèmes de santé graves ou durables.

Pourtant, la plupart de ces tragédies sont entièrement évitables, et les prévenir est un bon investissement. Des études montrent que l'amélioration de la santé maternelle contribue à stimuler la productivité économique et les gains à vie.

Les grossesses non désirées ont un impact considérable sur la santé et l'avenir des femmes. © UNFPA/Dina Oganova

4. Répondre à tous les besoins insatisfaits de planification familiale, en accordant la priorité aux femmes appartenant aux 40 % de ménages les plus pauvres.

L'accès à la planification familiale volontaire et sans danger est un droit humain. Pourtant, chaque année, il y a 89 millions de grossesses non planifiées et 48 millions d'avortements dans les pays en développement.

Ces grossesses non désirées ont un impact considérable sur la santé et l'avenir des femmes, augmentant non seulement leurs risques de complications ou de décès, limitant ainsi leur capacité à continuer leurs études et entrer sur le marché du travail.

La sécurité du revenu de base et les prestations de maternité, d'invalidité et prise en charge d’enfant pourraient contribuer à réduire les inégalités. © Noriko Hayashi/Panos

5. Mettre en place un socle de protection sociale universel garantissant le maintien d’un revenu de base et la fourniture de services essentiels, y compris des prestations et des aides liées à la maternité.

Une  des façons de s'attaquer aux inégalités est de fournir une protection sociale universelle. Cela implique un accès à une sécurité du revenu de base, comme l'accès à une pension pour les retraités ou un soutien financier. La protection sociale universelle pourrait également couvrir les prestations de maternité, d'invalidité et pourvoir une protection de l’enfant.

Les services de garde d'enfants et d'autres services peuvent aider les femmes à rester sur le marché du travail. © UBELONG

6. Renforcer des services comme la garde d’enfants pour permettre aux femmes d’entrer ou de rester sur le marché du travail.

Les femmes sont confrontées à une quantité de désavantages dans le monde du travail. Par exemple, elles font face à plus d'obstacles que les hommes pour accéder à des emplois mieux rémunérés. Et lorsque les femmes ont des enfants, elles risquent de faire face à une «peine de maternité», laquelle signifie qu'elles sont moins bien rémunérées que les femmes sans enfants. Beaucoup de mères sont exclues du marché du travail parce qu'elles ne sont pas protégées contre la discrimination, elles n'ont pas de congé de maternité ou elles n'ont pas accès à des services de garde d’enfants abordables.

Mais il existe des mesures qui peuvent aider à garder les femmes sur le marché travail. Par exemple, des services de garde d'enfants abordables améliorent la participation des femmes au monde du travail, tout comme les congés de maternité et de paternité, ou d'autres options qui offrent une flexibilité aux parents.

Investir dans le capital humain, comme l'éducation et les soins de santé. © Froi Rivera

7. Adopter des politiques progressives visant l’accélération de la croissance des revenus des 40% de la population les plus pauvres, notamment en investissant davantage dans le capital humain que représentent les femmes et les filles.

Pour mettre fin à l'extrême pauvreté, 40 pour cent de la population la plus pauvre doivent bénéficier d'une croissance économique plus rapide. Cela nécessite des investissements majeurs dans leur capital humain.

L'amélioration de l'accessibilité et de la qualité de l'éducation et des services de santé, en particulier pour les filles et les jeunes femmes marginalisées, constitue un pas important vers cet objectif.

L'éducation des filles est essentielle. © Mark Tuschman

8. Éliminer les obstacles économiques, sociaux et géographiques empêchant les filles d’accéder à l’enseignement secondaire et supérieur, et entravant leur inscription dans les filières des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.

Malgré des années de progrès, les filles sont encore plus susceptibles que les garçons de ne pas être scolarisées au niveau primaire. Cette disparité s'aggrave au niveau secondaire.

Mais il existe une variété d'actions qui peuvent améliorer les taux de rétention des filles, notamment: l'élimination des frais de scolarité ou l'accès aux subventions pour les familles pauvres; veiller à ce que les écoles soient sûres et disposent d'installations sanitaires séparées pour les filles; et distribution de repas scolaires.

L'éducation doit aussi être considérée comme une voie vers un travail décent pour tous les enfants. Cela signifie éliminer les préjugés basés sur le genre qui empêchent les femmes et les filles de poursuivre des emplois dans les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques. La participation des femmes dans ce types d’emplois est faible, mais beaucoup d'emplois futurs seront dans ces domaines.

Beaucoup de personnes pauvres dans le monde travaillent de manière informelle, avec moindre salaire et peu de protections. © Alfredo Caliz/Panos

9. Accélérer la transition de l’emploi informel vers l’emploi décent dans le secteur structuré, en privilégiant d’abord les secteurs qui concentrent de nombreuses travailleuses pauvres, et débloquer l’accès des femmes au crédit et à la propriété.

Parmis les 1 milliard de personnes les plus pauvres dans le monde, beaucoup travaillent de manière informelle, en tant qu' agriculteurs, domestiques ou travailleurs journaliers. Ces emplois ne procurent aucun avantage, peu de salaire et peu de protections.

Convertir ces travailleurs vulnérables vers des emplois formels avec un salaire décent améliorerait la productivité et renforcerait les économies. Réduire les responsabilités familiales non rémunérées des femmes - en partageant ces rôles avec l’homme ou en fournissant des services de soins - ferait également une différence significative.

L'accès accru à des services bancaires et de crédit à faible coût contribuerait également à éliminer la pauvreté. Une attention particulière doit également être accordée aux femmes vulnérables, qui peuvent avoir des obstacles sociaux ou juridiques à l'héritage ou à générer une fortune.

Les inégalités ne sont pas toujours comprises ou prises en compte dans les politiques publiques © Tommy Trenchard/Panos

10. S’efforcer de mesurer toutes les dimensions de l’inégalité et leur influence mutuelle, et renforcer les liens entre les données et les politiques publiques.

Les inégalités sont souvent mal comprises et souvent invisibles. Les écarts de richesse et les vastes disparités entre les sexes sont cachés dans le produit intérieur brut, par exemple, qui ne comprend pas les 10 000 milliards de dollars généré par le travail non rémunéré des femmes tous les ans.

De meilleures mesures sont nécessaires pour illustrer la réalité d’un monde marqué par les inégalités. Et ces nouvelles données doivent éclairer l'élaboration des politiques afin que les efforts soient dirigés directement vers les membres de la société les plus vulnerable, ceux qui supportent les conditions les plus difficiles et, ceux qui ont été laissés pour compte.

 

 

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