02 DĂ©cembre 2023

La crise climatique n’est pas neutre en matiùre de genre.

Les changements climatiques affectent les femmes et les filles de maniĂšre disproportionnĂ©e, et l’inĂ©galitĂ© entre les genres est au cƓur de cette problĂ©matique. En cas d’évĂ©nements mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes, les femmes sont confrontĂ©es Ă  des pics de violence, des appropriations de terrain illĂ©gales, des dĂ©cĂšs maternels, mais aussi au dĂ©placement et Ă  la pauvretĂ©. Elles sont souvent les derniĂšres Ă  bĂ©nĂ©ficier d’une nourriture correcte. Leurs besoins humanitaires, notamment l’accĂšs Ă  la contraception et Ă  l’accouchement mĂ©dicalisĂ©, sont bien souvent mis de cĂŽtĂ© dans les plans de rĂ©ponse climatique. Leur vulnĂ©rabilitĂ© Ă  la violence basĂ©e sur le genre s’accroĂźt.

Il y a beaucoup Ă  faire. Pour la toute premiĂšre fois dans le monde, l’UNFPA, en collaboration avec l’universitĂ© Queen Mary de Londres, a examinĂ© les plans de rĂ©ponse climatique de 119 pays pour voir comment ils intĂ©graient la santĂ© sexuelle et reproductive des femmes et des filles dans leurs objectifs d’adaptation aux changements climatiques – cette Ă©tude a rĂ©vĂ©lĂ© qu’un tiers seulement incluaient ces droits dans leurs plans essentiels. 

Cela pose une question fondamentale :

qui sera là pour aider les femmes et les filles quand nous verrons la crise climatique s’aggraver ?

Alors que nous nous apprĂȘtons cette annĂ©e Ă  tenir la 28e ConfĂ©rence des Parties Ă  la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, aussi appelĂ©e COP28 , voici cinq choses que ce sommet doit impĂ©rativement accomplir en faveur des femmes et des filles.

1.  Pour combattre l’effet disproportionnĂ© des changements climatiques sur les femmes et les filles, nous devons mettre en place un plus grand nombre de politiques et de lois pour rĂ©pondre Ă  leurs besoins spĂ©cifiques. 

Lorsqu’en raison d’une crise climatique, les femmes ne peuvent plus bĂ©nĂ©ficier de soins ou qu’elles ont Ă©tĂ© contraintes Ă  se prostituer pour survivre, ont Ă©tĂ© victimes de traite d’ĂȘtres humains ou d’autres formes de violence, alors elles n’ont plus accĂšs aux services de planification familiale et n’ont plus la possibilitĂ© de prendre des dĂ©cisions Ă©clairĂ©es Ă  propos de leurs corps. Elles sont alors marginalisĂ©es par la sociĂ©tĂ©, n’ont plus la possibilitĂ© de prendre des dĂ©cisions en ce qui concerne leur communautĂ©, leur famille ou leur vie.

La crise climatique aggrave ls disparitĂ©s entre les genres, et rend l’objectif de l’égalitĂ© des genres beaucoup plus difficile Ă  atteindre, alors qu’il s’agit d’un des principaux Objectifs de dĂ©veloppement durable

Nous devons renforcer les systĂšmes de santĂ© afin qu’ils soient rĂ©silients en matiĂšre de climat, et assurer que les services soient plus mobiles, que les fournitures et le matĂ©riel soient prĂ©positionnĂ©s, et que du personnel qualifiĂ© doit disponible pour soutenir les femmes et les filles. Nous devons recueillir plus de donnĂ©es sur les impacts des changements climatiques sur les femmes et les filles, afin de pouvoir aider correctement celles qui en ont le plus besoin. Enfin, nous devons faire en sorte que les femmes et les jeunes fassent partie des discussions lorsqu’il s’agit d’élaborer des solutions climatiques durables qui leur soient favorables.

En effet, ce sont elles et eux qui connaissent le mieux leurs propres besoins et la meilleure façon d’y rĂ©pondre. Ainsi, Ă  TrinitĂ©-et-Tobago, oĂč les changements climatiques ont provoquĂ© une sĂ©cheresse extrĂȘme, l’approvisionnement en eau s’est trouvĂ© gravement menacĂ©, entravant la santĂ© reproductive, indique Akilah Jaramogi, responsable du projet de reforestation communautaire Fondes Amandes. Cette crise a forcĂ© les femmes Ă  consacrer beaucoup plus de temps et d’énergie Ă  aller chercher de l’eau, et les a parfois contraintes Ă  lutter elles-mĂȘmes contre les incendies pour protĂ©ger leurs familles. Ces femmes doivent avoir leur place dans les dĂ©bats.
 

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Le typhon Rai, aussi appelé localement Odette, a semé le chaos aux Philippines, détruisant des maisons, séparant des familles et perturbant les services sociaux. © UNFPA Philippines/Ezra Acayan
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La directrice exĂ©cutive de l’UNFPA, la Dr Natalia Kanem (au milieu), s’est rendue aux Philippines en 2022 pour soutenir les femmes et les filles ayant besoin de services vitaux. © UNFPA Philippines/Ezra Acayan
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Lorsque des catastrophes comme le typhon Rai frappent, femmes, enfants et adolescentes sont encore plus exposé·e·s à la violence, car le stress économique et le manque de ressources causent souvent exploitation et abus. © UNFPA Philippines/Ezra Acayan

2.  Les changements climatiques accroissent le risque de dĂ©cĂšs maternels Ă©vitables pendant la grossesse et l’accouchement. Nous devons Ă©liminer ces dĂ©cĂšs dĂšs maintenant.

Les services d’accouchement sans risque pour les femmes enceintes sont souvent trĂšs peu accessibles en cas d’évĂ©nements mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes, car les hĂŽpitaux sont surchargĂ©s ou tout simplement trop Ă©loignĂ©s pour que les femmes dĂ©placĂ©es les atteignent.

Les crises climatiques et humanitaires rendent les systĂšmes de santĂ© encore plus fragiles, et c’est l’un des facteurs de ralentissement des progrĂšs dans la baisse de la mortalitĂ© maternelle. La hausse des tempĂ©ratures et les changements climatiques sont aussi liĂ©s Ă  des risques accrus de complications pendant la grossesse, notamment les fausses couches, le diabĂšte gestationnel, l’hypertension, les accouchements prĂ©maturĂ©s et l’insuffisance pondĂ©rale Ă  la naissance.

Avec l’aggravation mondiale de la crise climatique, la situation ne fera qu’empirer. Les communautĂ©s, les secteurs sociaux, les acteurs du secteur privĂ© et les gouvernements doivent se rassembler pour protĂ©ger la santĂ© maternelle, nĂ©onatale et infantile. Les pays riches doivent proposer d’urgence un soutien financier et technique bien plus consĂ©quent aux pays plus vulnĂ©rables

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À Cox’s Bazar (Bangladesh), Nasrin, sage-femme, tient un bĂ©bĂ© qu’elle a vu naĂźtre dans un camp de rĂ©fugié·e·s soutenu par l’UNFPA, aprĂšs le cyclone Mocha en 2023. « C’est pour ce genre de moment que je vis », dit-elle. © UNFPA Bangladesh/Fahim Hasan Ahad

Il n’y a pas de justice climatique sans justice de genre, et la justice de genre ne peut exister sans le plein exercice des droits et de la santĂ© sexuelle et reproductive.

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Yasmin, bénévole UNFPA Bangladesh, soutient les femmes et les filles du camp de Nayapara. Sa maison a été endommagée par le cyclone Mocha, mais elle veut proposer son aide : « je suis là pour aider ma communauté ». © UNFPA Bangladesh/Fahim Hasan Ahad
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Dans la province du Sud-Kivu, en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, des femmes reçoivent des kits dignitĂ© de l’UNFPA contenant des produits d’hygiĂšne, aprĂšs des crues et des glissements de terrain au printemps 2023. © UNFPA DRC/Junior Mayindu
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Les produits essentiels des kits dignité aident les personnes affectées par les crues en République démocratique du Congo. © UNFPA DRC/Junior Mayindu

3. Les pays doivent inclure la santĂ© sexuelle et reproductive dans leurs plans de rĂ©ponse climatique. 

Si les plans de rĂ©ponse climatique ne prennent pas en compte les besoins des femmes et des filles, le nombre de grossesses non intentionnelles augmentera, les femmes qui meurent en couches seront de plus en plus nombreuses, et de plus en plus d’enfants subiront des mariages forcĂ©s. Les limites de plus en plus fortes que subissent la santĂ© et le potentiel des femmes et des filles contribuent Ă  nous Ă©loigner de l’égalitĂ© des genres et des objectifs de dĂ©veloppement durable.

La santĂ© sexuelle et reproductive permet aux personnes, aux couples et aux communautĂ©s d’exercer leurs droits humains, de faire en toute autonomie des choix adaptĂ©s Ă  leurs circonstances personnelles, et de se protĂ©ger et protĂ©ger leurs communautĂ©s – celles-ci sont alors plus adaptables et plus rĂ©silientes face aux changements climatiques. 

L’UNFPA se tient prĂȘte Ă  aider les pays Ă  Ă©laborer des plans de rĂ©ponse climatiques qui prennent en compte les droits et la santĂ© sexuelle et reproductive.
 

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Aux Philippines, une unitĂ© d’accouchement mobile de l’UNFPA a aidĂ© les femmes Ă  bĂ©nĂ©ficier de soins de santĂ© maternelle vitaux aprĂšs le passage du typhon Rai. © UNFPA Philippines/Ezra Acayan
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Mariel a Ă©tĂ© la premiĂšre femme Ă  accoucher dans l’unitĂ© d’accouchement mobile de l’UNFPA aprĂšs le passage du typhon Rai. © UNFPA Philippines/Ezra Acayan
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Au Bangladesh, l’un des pays les plus vulnĂ©rables aux catastrophes climatiques, un couple de fermier·e·s amĂšne ses chĂšvres sur une petite Ăźle pendant de graves crues, afin de protĂ©ger ses revenus. © UNFPA/Naymuzzaman Prince
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Des filles parcourent plusieurs kilomĂštres pour trouver de l’eau potable, dans la rĂ©gion marĂ©cageuse des Sundarbans au Bangladesh – un trajet risquĂ©, notamment Ă  cause des attaques de tigres. © UNFPA/Naymuzzaman Prince

4. Afin d’encourager la rĂ©silience climatique et ne laisser personne de cĂŽtĂ©, les femmes et les filles des pays les plus pauvres et les plus exposĂ©s aux risques doivent ĂȘtre notre prioritĂ©.

SĂ©cheresses, tempĂȘtes, crues, feux incontrĂŽlĂ©s et tempĂ©ratures extrĂȘmes se produisent sur des pĂ©riodes de plus en plus longues, de maniĂšre plus intense et plus frĂ©quente. Cela provoque des dĂ©placements de masse, dĂ©truisant la vie et les moyens de subsistances des personnes touchĂ©es, et menant Ă  l’effondrement des systĂšmes de santĂ©, d’éducation, de protection et d’agriculture. Les femmes et les filles en paient le prix fort Ă  tous les Ă©gards, notamment en ce qui concerne leurs droits en matiĂšre de santĂ© sexuelle et reproductive.

Ainsi, la toute derniĂšre Ă©tude de l’UNFPA montre que sur les 14 pays les plus vulnĂ©rables aux changements climatiques : 

  • 6 font partie des 10 pays prĂ©sentant les plus forts taux de mortalitĂ© maternelle. 
  • 5 font partie des 10 pays prĂ©sentant les plus forts taux de natalitĂ© chez les adolescentes.
  • 7 font partie des 10 pays prĂ©sentant les plus forts taux de mariage d’enfants.
  • 4 font partie des 10 pays prĂ©sentant les plus forts taux de violence au sein du couple.

Les femmes et les filles des pays les plus pauvres sont celles qui ont le moins contribué à la crise climatique, mais ce sont celles qui en souffrent le plus. Il faut que cela change.
 

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Au camp de rĂ©fugié·e·s de Hagadera (Kenya), Rukia tient l’un de ses 9 enfants, aprĂšs avoir dĂ» quitter la Somalie en 2022. « Mon mari gagnait bien sa vie comme agriculteur, mais avec la sĂ©cheresse, plus rien ne poussait. » © UNFPA/Luis Tato
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Rukia bĂ©nĂ©ficie d’un soutien essentiel de la part de deux agentes de santĂ© bĂ©nĂ©voles au camp. La sĂ©cheresse que connaĂźt actuellement la Corne de l’Afrique est la pire depuis plusieurs dĂ©cennies. © UNFPA/Luis Tato

5.  Les leaders du monde entier doivent fortement accroĂźtre leurs financements de la lutte contre le changement climatique, en particulier pour les droits et la santĂ© sexuelle et reproductive des femmes et des filles.

Le financement de la lutte contre le changement climatique doit servir Ă  construire des systĂšmes de protection et de santĂ©, afin que la situation des femmes et des filles n’empire pas davantage. Est-ce vraiment trop demander pour nos sƓurs, nos mĂšres et nos filles du monde entier ?

Le Sommet sur le climat COP28 proposera pour la toute premiĂšre fois une JournĂ©e de la santĂ© le 3 dĂ©cembre prochain, dont l’objectif est de dĂ©montrer que la santĂ© des personnes et celle de la planĂšte sont liĂ©es. Les leaders doivent absolument saisir cette opportunitĂ© de s’engager en faveur des besoins des femmes et des filles, et de concrĂ©tiser cet engagement par des financements consĂ©quents. Les voix, les expĂ©riences, les connaissances et l’expertise des femmes et des jeunes sont essentielles pour rĂ©aliser des progrĂšs.

« Nous devons continuer Ă  encourager les responsables politiques et Ă  leur demander de rendre des comptes », affirme Jekulin Lipi Saikia, une jeune leader de l’action climatique, qui travaille avec des femmes en Inde sur la prĂ©vention des crues. Pour ce faire, souligne-t-elle, « je ne me fais pas d’ennemi·e·s, je construis des partenariats et des amitiĂ©s ». C’est cela, la justice climatique.

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Au Malawi, Anne a trouvĂ© refuge avec sa fille au camp de Bangula aprĂšs que le cyclone Freddy a ravagĂ© sa riziĂšre, dĂ©but 2023. « C’était terrible », dit-elle. Elle espĂ©rait que le riz permettrait de payer l’école pour sa fille. © UNFPA/Eldson Chagara
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Au Bangladesh, lors des crues de 2019, des femmes reçoivent des kits dignitĂ© de l’UNFPA contenant des produits d’hygiĂšne et d’autres fournitures, comme des lampes-torches pour s’éclairer la nuit. © UNFPA Bangladesh/Quddus Alam
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