Le problème des discours sur la « dépopulation »

Il peut être déconcertant de voir s’installer la crainte d’une « crise de dépopulation » alors que la population mondiale a plus que doublé en à peine 50 ans et que le taux de fécondité mondial reste supérieur au « seuil de renouvellement de la population » fixé à 2,1 enfants par femme.

Pourtant, on estime que deux tiers des habitant(e)s de la planète vivent aujourd’hui dans des pays ou des territoires où le taux de fécondité est inférieur au seuil de renouvellement, et les États sont de plus en plus nombreux à afficher une baisse de la fécondité, ce qui pousse certain(e)s à tirer la sonnette d’alarme.

Certain(e)s commencent à tirer la sonnette d’alarme.

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Selon ces personnes, si cette évolution devait se poursuivre, cela pourrait conduire à l’« effondrement » de pays entiers, voire de toute l’humanité.

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Certain(e)s prétendent que la faible natalité enregistrée dans certains pays constitue une menace pour la « sécurité nationale ».

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D’autres alertent sur le vieillissement de la population, car la prise en charge des personnes âgées leur semble être un fardeau que la société ne sera bientôt plus capable d’assumer.

DE QUELLES DONNÉES DISPOSE-T-ON ?

>>:DONNÉE/1 Population

La seule région du monde qui devrait connaître un déclin démographique dans l’immédiat (entre 2022 et 2050) est l’Europe, où la population devrait diminuer de 7 %. Les populations d’autres régions, en Asie centrale, en Asie du Sud, en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et aux Caraïbes, ainsi qu’en Amérique du Nord, devraient continuer d’augmenter, pour atteindre leur pic avant 2100.

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>>:DONNÉE/2 Immigration

De nombreuses régions du monde affichent des taux de fécondité inférieurs au niveau assurant une croissance démographique nulle depuis les années 1970, sans que cela se traduise par une baisse du nombre d’habitant(e)s, et ce en raison d’un solde migratoire généralement positif.

Au cours des prochaines décennies, l’immigration devrait d’ailleurs devenir le seul et unique facteur de croissance démographique dans les pays à revenu élevé.

>>:DONNÉE/3 Fécondité

La fécondité mondiale est passée d’une moyenne mondiale de 5 enfants par femme en 1950 à 2,3 en 2021, ce qui témoigne du contrôle croissant exercé par les individus, en particulier les femmes, sur leur vie reproductive. La fécondité globale devrait attendre 2,1 naissances par femme en 2050.

5
1950
>
2,1
2050

Nombre moyen de naissances par femme

Le point de vue sur la crainte de la « dépopulation »

Le point de vue sur la crainte de la « dépopulation »

Selon une enquête réalisée par YouGov auprès de quasiment 8 000 personnes dans huit pays (le Brésil, l’Égypte, les États-Unis, la France, la Hongrie, l’Inde, le Japon et le Nigéria), les hommes sont plus nombreux que les femmes à trouver la population de leur pays trop faible.

Partout, l’idée selon laquelle une fécondité plus élevée à l’échelle nationale produirait des retombées positives est partagée par les hommes plus que par les femmes.

Dans tous les pays, à part la Hongrie, l’exposition à des discours, des messages ou des articles sur la taille de la population mondiale ou nationale est corrélée au fait de trouver l’immigration trop importante. Parallèlement, en Hongrie, plus les répondant(e)s ont entendu ce type de messages, plus ils et elles ont eu tendance à trouver la population de leur pays trop faible.

Changeons de discours

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contexte contexte

Si certain(e)s redoutent que les êtres humains soient bientôt « trop peu nombreux » pour maintenir le fonctionnement de nos économies, de nos services et de nos sociétés, les expert(e)s affirment pour leur part que la baisse de la natalité n’est pas annonciatrice d’une catastrophe. C’est au contraire un élément caractéristique de la transition démographique, associé à un allongement de l’espérance de vie.

Depuis 1950, l’espérance de vie moyenne à l’échelle mondiale a augmenté de près de 28 ans (passant de 45,51 ans à 73,16 ans en 2023). En parallèle, la fécondité mondiale est passée d’une moyenne de 5 enfants par femme en 1950 à 2,3 enfants par femme en 2021.

Ces évolutions témoignent du contrôle croissant exercé par les individus, et en particulier les femmes, sur leur vie reproductive, mais aussi de l’amélioration de la qualité de vie que permet l’accès aux droits et à la liberté de choix.

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