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« Pourquoi moi ? » - La stigmatisation et le manque d'informations sur le VIH maintiennent les jeunes du Myanmar dans l’ignorance

Des préservatifs dans une clinique mobile soutenue par l’UNFPA. Sithu, 21 ans, ignorait comment se protéger du VIH. © UNFPA / Yenny Gamming
  • 10 Janvier 2019

YANGON, Myanmar – « Si j'avais entendu parler de la sexualité sans risque à l'adolescence, ma vie aurait été différente », a déclaré Sithu*, 21 ans, à l'UNFPA. Il y a deux ans, il a contracté le VIH. Sithu rêvait de travailler à l'étranger pour subvenir aux besoins de ses parents. Il s'est inscrit à l'université et l’avenir semblait prometteur – jusqu'à ce qu'il apprenne qu'il était séropositif.

« La première chose qui m’est venue à l'esprit a été le suicide », a déclaré Sithu. « Je n’arrivais pas croire que ça m'était arrivé. Pourquoi moi? »

« Mon âme en souffre encore »

Il avait eu seulement deux rapports intimes dans sa vie, mais à chaque fois il ne s'était pas protégé. Sithu ne connaissait pas les risques. Il n'avait jamais eu de cour d'éducation sexuelle, ni à l'école ni ailleurs. Lorsqu'il s'est rendu compte qu'il avait des verrues génitales, une infection sexuellement transmissible (IST) courante, il s'est rendu à la clinique de son quartier pour obtenir de l'aide. Là, il a fait un test de dépistage du VIH et son monde s’est écroulé.

Le jour où Sithu a révélé au garçon avec qui il avait été intime le résultat du test, leur relation a pris fin. Sithu s'est senti trahi, et seul. « Mon âme souffre à chaque fois que je pense à ce qui m’est arrivé il y a deux ans. Mon dernier espoir s’était envolé, et j’ai été désespéré pendant longtemps », a-t-il déclaré.

Un jeune homme au Myanmar. A cause de la stigmatisation liée au VIH et au sexe, les jeunes n‘ont pas la volonté d’apprendre à se protéger du VIH. © UNFPA / Nowai Linn 

Dans l’obscurité

ONUSIDA estime que quelques 36.000 jeunes âgés de 10 à 24 ans vivent avec le VIH au Myanmar. Et certains font face à un risque d'infection élevé, notamment les travailleurs du sexe, les jeunes consommateurs de drogues injectables, les jeunes hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, et les jeunes transgenres.

Une éducation complète à la sexualité permettrait aux jeunes de se protéger du VIH et d'autres méfaits. Cela permettrait également de fournir des informations ciblées sur le fonctionnement du corps, la prévention des IST et grossesses non planifiées, ainsi que sur la manière de prendre position contre la violence sexuelle. Mais l'éducation sexuelle complète n'est pas obligatoire dans les établissements scolaires.

En attendant, les stigmates qui entourent le VIH et le sexe maintiennent les jeunes dans l’ignorance de leur corps, de leur santé et de leurs droits. Ils peuvent être victimes de discriminations, lorsqu’ils recherchent des informations ou des services de santé sexuelle par exemple.

Sithu est victime de discrimination en raison de son statut de porteur du VIH, tant sur le plan personnel que professionnel.

« C’était vraiment difficile d’abandonner mes rêves. J'ai perdu confiance en moi », a-t-il insisté. « La situation a empiré lorsque j'ai appris que je n’étais pas retenu pour un emploi dans une banque locale, à cause de mon état de santé. Je n'arrête pas de me dire que ma vie aurait été différente si seulement j'avais su me protéger. »

Un nouvel objectif

L’UNFPA, en collaboration avec ses partenaires, permet aux jeunes d’accéder de plus en plus à l’information et aux services de santé sexuelle et reproductive, notamment à l’information relative au VIH et à l’assistance juridique.

Par exemple, l'organisation Myanmar Youth Stars (MYS), soutenue par l’UNFPA, dispense une éducation en matière de santé sexuelle, par le biais de réseaux de pairs et de formations, au sein de la communauté. Le personnel de santé formé par l’UNFPA apprend également à fournir des services de santé adaptés aux jeunes, sans les stigmatiser.

Quant à Sithu, il suit actuellement un traitement antirétroviral. Il reçoit également des informations de santé et le soutien d'organisations locales, notamment du MYS.

« Je suis à nouveau capable de me fixer des objectifs », a-t-il déclaré. « Il y a un nouvel espoir dans ma vie. »

Aujourd'hui, il a un autre rêve.

« J'ai décidé de devenir instituteur. Ce que j'ai vécu ne peut pas s’effacer, mais je veux partager mon histoire pour sauver d'autres jeunes. Je veux sensibiliser et éduquer le plus grand nombre d'adolescents et de jeunes possible. »

*Le nom a été changé pour protéger la vie privée

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