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Yémen : le système de santé s’effondre, les femmes migrantes cousent des masques pour protéger la communauté

A woman at a safe space in Raymah sews face masks for her community. © RHDH/UNFPA
  • 19 Mai 2020

SANA'A, Yémen – Avec plus de 130 cas confirmés de COVID-19, le Yémen a du mal à stopper la propagation du virus, alors même que les fonds alloués aux services de santé vitaux s'épuisent.

Les services de santé du pays ont été fragilisé par cinq années de conflit ininterrompu. Les soins de santé génésique sont particulièrement affectés, car le système de santé n’est en mesure de fournir que 20% des services de santé maternelle et infantile. Sans financement urgent, plus d'une centaine d'établissements fournissant ces services fermeront leurs portes.

Si la pandémie de COVID-19 se propage largement à travers le Yémen, les conséquences pour les services de santé et la communauté pourraient être catastrophiques.

« Ma plus grande crainte est que mon pays ne dispose pas des équipements nécessaires pour lutter contre ce virus », a déclaré Deena, une femme du gouvernorat d'Al Hudaydah déplacée par le conflit.


Plus de 15 000 masques faciaux ont été produits par des femmes qui fréquentent des espaces sécurisés soutenus par l'UNFPA. © RHDH / UNFPA

Vivant maintenant à Raymah, elle dispose de peu de ressources, pourtant précieuses, pour contribuer aux efforts de prévention des pandémies. Malgré tout, elle fait de son mieux.

« J'ai commencé à sensibiliser dans ma famille, et sur mes réseaux sociaux », a-t-elle déclaré.

Elle coud également des masques faciaux pour aider à prévenir la propagation de la maladie. « Je sais que j'aide d'autres personnes migrantes comme moi, qui n’ont presque rien pour se protéger contre ce virus. »

Les femmes et les filles à la tête des efforts de protection communautaire

Les femmes et les filles assument déjà une grande partie du fardeau de la crise. Les pressions économiques causées par le conflit – et maintenant la pandémie – les ont rendues plus vulnérables à la violence basée sur le genre et aux mécanismes d'adaptation négatifs, tels que le mariage d’enfants et la traite des êtres humains.

Pourtant, les femmes et les filles mènent un combat majeur pour empêcher la propagation du COVID-19. Ceux qui fréquentent les espaces sécuritaires soutenus par l'UNFPA, comme Deena, ont fabriqué plus de 15 000 masques faciaux, qui ont été distribués dans les communautés et les camps de migrants.

Pendant la distribution, les destinataires apprennent à utiliser correctement les masques, et se renseignent sur les mesures de prévention des infections.

L'UNFPA soutient actuellement 42 espaces sécuritaires – grâce à un financement de l'Islande, du Japon, des Pays-Bas, de la Norvège, de la Suède et de la Suisse – dans le cadre des efforts visant à autonomiser les femmes et à fournir des services aux victimes de violences basées sur le genre. Les espaces donnent accès à des conseils, des services de santé et des projets générateurs de revenus.

Après avoir suivi des cours de couture dans son espace sécuritaire à Raymah, Deena a pu générer des revenus qui lui ont permis de subvenir aux besoins de sa famille. Maintenant, elle est impatiente d'utiliser ses compétences dans le cadre de la réponse à la pandémie. « L'espace sécuritaire nous a fourni le matériel et la formation nécessaires à la fabrication de ces masques », a-t-elle déclaré.


Les espaces sécuritaires au Yémen s'adaptent aux nouvelles réalités de la pandémie en réduisant les opérations physiques. © RHDH / UNFPA 

Jannat, 17 ans, est elle aussi heureuse de mettre ses compétences en couture au service de sa communauté.

Jannat a commencé à coudre des robes dans son espace sécuritaire local, aidant à subvenir aux besoins de sa famille après que son père ait perdu son emploi. Maintenant, elle déclare : « Je suis fière de coudre ces masques et d'aider à protéger les gens contre ce virus mortel. »

La crise financière fait régresser le soutien

Les espaces sécuritaires s'adaptent aux nouvelles réalités de la pandémie. Nombre d’entre eux réduisent leurs opérations, afin de faciliter la distanciation sociale et prévenir la transmission des maladies. Les services, tels que le soutien psychologique, sont fournis à distance lorsque c’est possible.

Mais le financement s'épuise, ce qui risque d’affecter à la fois les soins de santé génésique et les services de prévention et de réponse à la violence basée sur le genre.

L'UNFPA a besoin de 59 millions de dollars pour poursuivre ses opérations humanitaires au Yémen. Si rien n’est fait, jusqu'à 140 établissements de santé génésique pourraient fermer, privant ainsi quelque 320 000 femmes enceintes des services de santé adaptés à leurs besoins. Selon les prévisions de l’UNFPA, 48 000 personnes risqueraient alors de mourir de complications liées à la grossesse et à l'accouchement.

Le 16 mai, bon nombre de ces établissements de santé ont commencé à fermer leurs portes. Des espaces sécuritaires pourraient être contraints d’en faire de même dans les prochains mois.

Une conférence virtuelle d'annonces de contributions se tiendra le 2 juin, sur invitation des Nations Unies et du Royaume d'Arabie saoudite.

« L'UNFPA espère que les donateurs comprendront que le besoin est urgent, que le financement permettra de sauver des vies au Yémen, et que la Conférence d'annonce des contributions de Riyad apportera les fonds nécessaires pour aider les centaines de milliers de femmes qui sont prises dans la triple crise du conflit : famine, choléra, et maintenant COVID-19 », a déclaré Nestor Owomunhangi, représentant par intérim de l'UNFPA au Yémen.

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