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Urgence : 835 millions de dollars nécessaires pour les produits et les soins de santé sexuelle et reproductive

Une sage-femme dispense des soins de santé maternelle en Afghanistan. © UNFPA Afghanistan
  • 13 Décembre 2021

NATIONS UNIES, New York – L’UNFPA a publié aujourd’hui son rapport humanitaire annuel, révélant la nécessité urgente de renforcer l’assistance aux populations touchées par les crises. L’organisation appelle à un financement de 835 millions de dollars pour proposer en 2022 des services de santé sexuelle et reproductive à 54,5 millions de femmes, de filles et de jeunes dans 61 pays différents.

Pour la troisième année consécutive, c’est au Yémen que le besoin de financement humanitaire est le plus élevé : 100 millions de dollars d’aide d’urgence sont nécessaires. Les services de santé reproductive ont été sévèrement affectés par le conflit et la pandémie de COVID-19 ; les estimations les plus récentes font état d’une femme mourant en couches toutes les deux heures au Yémen en moyenne, et de plus d’un million de femmes enceintes ou allaitantes en état de malnutrition sévère.

Le Dr Samar, qui exerce dans le district de Jiah, dit voir bien trop souvent des femmes en danger de mort.

Récemment, une femme du nom de Safiya a été amenée à la clinique du Dr Samar par son mari ; elle était en état de choc à cause d’une grossesse extra-utérine.

« J’ai dit au mari de Safiya qu’il fallait l’opérer d’urgence pour lui sauver la vie », se souvient le Dr Samar. « Il avait les larmes aux yeux, il était anéanti… [il m’a dit] “Je n’ai pas les moyens de louer une voiture pour aller à l’hôpital”. »

Le centre de santé ne dispose pas d’une ambulance, et n’a repris que récemment son activité, après avoir dû fermer pendant un an par manque de fonds. Heureusement, avec l’aide de l’UNFPA, le Dr Samar a pu faire en sorte qu’une voiture emmène Safiya à l’hôpital le plus proche, situé à deux heures de route

Des vulnérabilités accrues

Selon le rapport, la Syrie est en deuxième position en matière de manque de financement de services de santé sexuelle et reproductive

Un agent de l'UNFPA rend visite à une nouvelle mère et à son bébé.
La Syrie a cruellement besoin de services de santé reproductive, de services de protection et de matériel de préparation aux conditions hivernales. © UNFPA Syrie

Dans ce pays, 68,7 millions de dollars manquent actuellement pour assurer des services tels que la santé reproductive, la prévention et la protection contre la violence basée sur le genre, et la livraison de produits de première nécessité comme les kits dignité (contenant serviettes hygiéniques, savon et vêtements chauds pour l’hiver).

La République démocratique du Congo, le Soudan, l’Afghanistan, le Nigéria, le Venezuela, Haïti, le Bangladesh et le Liban font aussi partie des 10 pays ayant le plus besoin de financement humanitaire. 

En Haïti, la violence basée sur le genre, notamment le viol et le kidnapping, est extrêmement répandue depuis le séisme du mois d’août, qui a exacerbé la vulnérabilité des femmes et des filles

« Ces personnes sont plus vulnérables après un séisme parce qu’elles ne vivent plus chez elles mais avec des inconnus, et n’ont pas accès aux infrastructures les plus essentielles comme des sanitaires », souligne Taina Camy, experte auprès de l’UNFPA pour la prévention et la prise en charge de la violence basée sur le genre.

« Écouter les histoires atroces de femmes qui ont été abusées sexuellement, c’est très douloureux. J’ai parlé avec une femme de 89 ans qui avait été violée par un groupe d’hommes jeunes, ainsi qu’à la mère d’une fillette de 3 ans, violée elle aussi. »

L’UNFPA propose des services de prise en charge médicale et psychologique, et travaille avec des organisations et autorités locales pour améliorer les conditions de vie des populations déplacées par la crise. L’agence aide également au rétablissement des services de santé, car de nombreux établissements ont été endommagés par le séisme.

Une situation plus critique que jamais

Ces dernières années, le travail humanitaire de l’UNFPA s’est élargi pour répondre à des besoins toujours plus grands

Taina Camy, en Haïti, réfléchit sur la nécessité de se rassembler pour protéger et soutenir les plus vulnérables.
Taina Camy, en Haïti, réfléchit sur la nécessité de se rassembler pour protéger et soutenir les plus vulnérables. © UNFPA Haïti

Pour l’heure, ces opérations ont permis en 2021 de faire bénéficier plus de 29 millions de femmes de services de santé sexuelle et procréative, et plus de 4,3 millions d’adolescent·e·s et de jeunes de services spécifiquement adaptés à leurs besoins. Plus de 1,5 millions d’accouchements médicalisés ont pu être supervisés. 6 millions de personnes supplémentaires ont pu avoir accès à des services de planification familiale, plus de 2,4 survivantes de violence basée sur le genre ont reçu une aide psychosociale et juridique ainsi que des formations aux compétences de base ; enfin, 2 millions de personnes ont reçu des équipements de protection individuelle pour pouvoir continuer à travailler en première ligne pendant la pandémie de COVID-19.

Partout où c’est possible, cette assistance n’est pas déployée dans les communautés selon une hiérarchie verticale, mais plutôt mise en place grâce à des partenariats avec des femmes et des jeunes qui habitent les zones concernées. L’UNFPA s’est engagé à dédier d’ici 2025 43 % de ses fonds humanitaires à des organisations nationales et locales, et particulièrement à celles dirigées par des femmes.

Pour tenir cette promesse, et pour continuer à répondre aux besoins des plus vulnérables, il faut que l’appel humanitaire de l’UNFPA pour 2022 soit financé – ce qui ne sera pas évident vu la tension provoquée par la pandémie de COVID-19 dans les cadres de financement humanitaire.

Il est absolument fondamental de reconnaître que les services de santé sexuelle et reproductive ne sont pas moins importants que les autres services d’urgence : ils peuvent sauver des vies. Aujourd’hui, alors que le monde est aux prises avec des catastrophes qui se superposent, ils sont plus vitaux que jamais.

Comme le dit Mme Camy en Haïti : « En ces temps difficiles, nous devons retrouver un peu d’humanité. 

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