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Un service d’assistance téléphonique aide chaque jour des milliers de femmes et de filles à risque

Une conseillère répond aux appels à la National Child Helpline de Dar es-Salaam. ©UNFPA Tanzanie/Ericky Boniface
  • 20 Mai 2021

Dar es-Salaam, Tanzanie – C’était un vendredi à 15 heures : Grace*, conseillère à la National Child Helpline de Tanzanie (numéro national d’aide aux enfants), a reçu un appel d’une enseignante inquiète à Msalala, dans la région de Shinyanga. L’une des meilleures élèves de la classe, Eliza*, âgée de 13 ans, n’était pas venue à l’école ce jour-là, et l’enseignante avait entendu des rumeurs préoccupantes sur la volonté des parents d’Eliza de la marier. Apparemment, les parents avaient accepté le versement d’une dot de la part de la famille du futur marié, un homme de 35 ans.

« J’avais très peur pour cette pauvre enfant. Je ressentais sa douleur », explique Grace à l’UNFPA. « Mais il fallait que je sois forte pour elle, et j’ai passé quelques appels pour m’assurer qu’une personne compétente s’interpose et empêche le mariage. »

Ses appels aux autorités locales et aux équipes d’aide sociale de Msalala ont porté leurs fruits. Des agent·e·s de police spécialistes des questions sensibles relatives aux enfants et au genre ont rendu visite aux parents d’Eliza et se sont assuré·e·s que le mariage n’ait pas lieu.

En apprenant la nouvelle, « j’étais très heureuse et je me suis senti l’âme d’une héroïne », raconte Grace. Elle a assuré un suivi auprès des autorités locales pour obtenir une ordonnance en faveur du retour d’Eliza à l’école.

Two women speak in the foreground. Both are wearing face masks. Behind them is a series of cubicles where call centre counsellors are sitting.
Le Dr Natalia Kanem s’adresse à des conseillères de la National Child Helpline, mise en place par C-Sema. ©UNFPA Tanzanie/Ericky Boniface

Travailler 24h/24 et 7j/7

La National Child Helpline où travaille Grace a été mise en place par l’association C-Sema avec l’aide du gouvernement de la République unie de Tanzanie, et le soutien de l’UNFPA. 

Ce service gratuit est joignable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 en composant le #116 sur n’importe quel réseau de la Tanzanie métropolitaine et de Zanzibar. Des conseillers et conseillères bénévoles ayant reçu une formation répondent à près de 3 500 appels par jour, provenant majoritairement de femmes et d’enfants à risque, ou bien de membres de la famille ou de la communauté signalant des enfants à risque. 

Ces bénévoles abordent des sujets comme les mutilations génitales féminines, le mariage d’enfants, la traite d’êtres humains et d’autres formes d’abus et de mauvais traitements, en étroite collaboration avec des réseaux d’aide et des systèmes de protection situés dans la région de leurs interlocuteur·ice·s.

« Nous effectuons un suivi pour nous assurer que les personnes qui nous joignent reçoivent l’aide dont elles ont besoin », explique Michael Marwa, responsable des programmes chez C-Sema et directeur de la National Child Helpline.

S’attaquer aux problèmes de fond

La directrice de l’UNFPA, le Dr Natalia Kanem, a visité le centre d’appel la semaine dernière et s’est entretenue avec des conseillers et conseillères, montrant beaucoup de reconnaissance pour leur travail « en première ligne pour promouvoir les droits et la santé des jeunes. »

Women and men in face masks stand and listen to a counsellor speak about her experiences. The counsellor's back is to the camera.
La directrice de l’UNFPA, le Dr Natalia Kanem, et la directrice régionale pour l’Afrique de l’Est et du Sud, le Dr Julitta, écoutent une conseillère parler de son travail. ©UNFPA Tanzanie/Ericky Boniface

Ces efforts sont essentiels dans le cadre du plan gouvernemental sur cinq ans pour l’élimination de la violence faite aux femmes et aux enfants, un sujet qui reste malheureusement d’actualité pour de nombreuses femmes et adolescentes.

L’UNFPA soutient ces initiatives en renforçant les systèmes de protection, en aidant à construire des locaux de la police dédiés aux questions de genre et d’enfants, et en établissant des centres de services intégrés où les survivantes de violence et les personnes à risque peuvent recevoir une aide médicale, juridique et psychosociale. L’UNFPA finance également ce que l’on appelle des « centres d’information », où des femmes de la communauté s’entraident.

Le Dr Kanem a souligné l’insuffisance de ces efforts : la violence basée sur le genre ne sera pas éliminée tant que les hommes et les garçons ne s’engagent pas eux-mêmes. Hommes, garçons, leaders communautaires et traditionnels sont de plus en plus intégrés aux discussions organisées par l’UNFPA et ses partenaires en matière d’égalité des genres et d’idéaux néfastes de masculinité.

« Toutes les filles et tous les garçons doivent être valorisé·e·s et doivent apprendre que leur autonomie et l’expression de leurs droits ne reposent pas sur la domination d’autrui », a insisté le Dr Kanem lors de sa visite.

Des femmes à la barre

Two women in formal business attire stand apart, wearing face masks. Behind them are the national flag of the United Republic of Tanzania and the flag of the president.
Entrevue du Dr Kanem avec la présidente Samia Suluhu Hassan, qui est la première femme de Tanzanie à accéder à cette fonction. © Jackson Msangula/State House Photo TZ/UNTZ

Lors de sa visite, le Dr Kanem a également rencontré la première femme de Tanzanie à être devenue présidente de la République, Son Excellence Samia Suluhu Hassan. Elles ont discuté ensemble d’initiatives communes pour réduire le taux de grossesses adolescentes et éliminer les décès maternels et infantiles évitables, ainsi que de la mise en place de programmes pour l’élimination de la violence basée sur le genre et des pratiques néfastes, comme les mutilations génitales féminines.

Le Dr Kanem a réaffirmé l’engagement de l’UNFPA de se concentrer sur les besoins des groupes les plus vulnérables, ceux qui ont été particulièrement laissés de côté, comme les femmes et les jeunes des régions rurales, pour assurer que toutes les femmes et toutes les filles aient la possibilité de planifier leur famille, d’avoir accès à des services de santé de qualité et de réaliser leur plein potentiel.

C’est « un honneur de rencontrer Son Excellence Samia Suluhu », a-t-elle déclaré, et de soutenir ses efforts en faveur d’un « développement durable et inclusif ».

*Les prénoms ont été changés

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