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Un programme créé pendant la pandémie renforce le système de santé d’un archipel brésilien

Leticia Souza Melo, a 21-year-old expecting her third child, is receiving antenatal care from a UNFPA-supported programme in Santa Cruz do Arari, Pará, Brazil. © UNFPA Brazil
  • 15 Février 2021

ARCHIPEL DE MARAJÓ, Brésil – A 6 heures du matin, le bateau pour Santa Cruz do Arari quitte Belém, la capitale de l’État brésilien de Pará, situé dans le nord du pays. Nous sommes en novembre, en pleine saison sèche, et le niveau de la rivière est bas : le bateau qui transporte l’équipe de l’UNFPA ne peut aller que jusqu’au port de Jenipapo, depuis lequel il faudra se rendre en voiture jusqu’à destination, sur une piste brute.   

L’équipe est sur place pour visiter trois municipalités de l’archipel de Marajó qui font partie du projet Saúde das Manas (« La santé des sœurs »), un partenariat entre l’UNFPA et le Conseil des départements municipaux de santé de Pará (Cosems/PA). Il vise à renforcer la qualité des soins de santé procréative proposés par le système de santé local, en pleine pandémie de COVID-19, par la mise en place de bureaux de télémédecine au sein de sept cliniques médicales (que l’on appelle au Brésil unités de santé de base), qui proposeront des consultations à distance avec des spécialistes en gynécologie-obstétrique. Avec l’ouverture de cinq nouveaux bureaux le 12 février dernier, le programme permet désormais d’aider 80 000 femmes en âge de procréer à Santa Cruz do Arari, Afuá, Anajás, Bagre, Breves, Melgaço et Salvaterra. Le Cosems prévoit également l’extension du programme aux neuf autres municipalités de l’archipel.

Éliminer les obstacles aux soins   

L’unité de santé commune de Santa Cruz ne dispose que d’un seul médecin généraliste. Avant l’ouverture du bureau de télémédecine, les patient·e·s ayant besoin d’une consultation spécialisée devaient se rendre à Belém, située à plus de 100 kilomètres et principalement desservie par bateau. Les autres municipalités sont à plus de 24 heures de trajet. Aujourd’hui, les femmes peuvent consulter un·e gynécologue ou un·e obstétricien·ne à distance.


Telemedicine offices in health-care clinics on Marajó may help women avoid the lengthy trip – some as long as 24 hours each way – to Belém for specialized care. Map data © 2021 Google

Actuellement, les infirmières et infirmiers proposent des soins prénatals à des patientes comme Lindaura Gemaque, 46 ans, qui a bénéficié de ces services sur place, mais a choisi d’accoucher de ses deux enfants à la capitale, pour pouvoir consulter un·e spécialiste. Mme Gemaque, enseignante et conseillère d’orientation, explique que Saúde das Manas permettra de faire diminuer les taux de grossesses adolescentes qui sont en hausse. « Beaucoup de parents évitent de parler de cela à leurs enfants, qui ne peuvent alors compter que sur leurs pairs, et finissent par se retrouver enceintes bien trop jeunes », dit-elle. « C’est pour cela qu’il est important d’avoir ces consultations [à distance], pour que les filles apprennent à prendre soin d’elles ».

Prévention du cancer du col de l’utérus

Le tabou qui entoure la discussion sur la santé procréative, doublé d’un manque de ressources, empêche de nombreuses femmes de se faire aider, selon l’infirmière Keithian Maia. Elle travaille avec six agents de santé communautaires qui rendent visite aux patient·e·s à domicile et leur apportent médicaments et produits contraceptifs à vélo, des moyens de transport fournis par le programme. « En octobre, nous avons lancé une campagne pour inciter au dépistage. Nous avons constaté beaucoup de décès chez les femmes dus au cancer du col de l’utérus », explique Mme Maia. « Le projet va vraiment changer les choses, car nous n’avons pas de gynécologue fixe ici, et beaucoup de femmes cessent d’aller à Belém pour leurs consultations, soit parce qu’elles ont honte, soit [parce qu’] elles n’ont pas toujours l’argent pour payer le trajet ou l’hébergement sur place ».    

L’étape suivante du voyage est Salvaterra, à cinq heures de bateau puis deux heures de route. Selon l’Institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE), la ville compte à peine plus de 24 000 habitant·e·s, 15 unités de santé, 20 lits d’hôpital, et ne dispose d’aucun médecin spécialiste. Le bureau de télémédecine se trouve à l’hôpital municipal Dr Almir Gabriel, où Joélia Silva, 42 ans, est en train de prendre un rendez-vous à distance. « J’ai les résultats de mon dépistage depuis 2018, mais il n’y avait aucun médecin pour les évaluer », déplore Mme Silva, dont la grand-mère et l’arrière-grand-mère ont toutes deux été emportées par un cancer du col de l’utérus. « Comme il y a des cas de décès dans ma famille suite à un cancer du col de l’utérus, j’ai voulu rapidement prendre rendez-vous ». 


Joélia Silva makes a remote appointment with a specialist under the guidance of Alcione Cruz, a nurse at Municipal Hospital Dr. Almir Gabriel, in Salvaterra, Pará, Brazil. © UNFPA Brazil

Grâce au succès des autres cliniques, la Cosems/PA est en train d’élargir le projet à d’autres municipalités comme Soure, à une demi-heure de ferry de Salvaterra et dernière étape de notre visite. Maria Helena Gomes, secrétaire à la santé de Soure, rêve depuis longtemps de soins médicaux spécialisés pour la population locale. Ce rêve est aujourd’hui devenu réalité à l’unité de santé Família da Matinha, qui abrite le bureau de télémédecine. « Il est essentiel de disposer de ce service de télémédecine pour les habitants qui ont du mal à rejoindre la capitale régionale, et pour les médecins qui ne peuvent pas venir jusqu’ici », explique Mme Gomes. « Ce partenariat permettra d’améliorer la santé de notre municipalité ».  

 

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