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Somalie : la sécheresse crée des déplacements de population, femmes et filles sont particulièrement touchées

Trouver de l’eau potable est devenu très compliqué pour les femmes et les filles à cause de la sécheresse. Ce sont en effet principalement elles qui vont chercher l’eau, comme ici à Baligubadle, au Somaliland. Les conditions extrêmes forcent aussi les familles qui n’ont plus de moyens de subsistance à s’installer dans des camps pour personnes déplacées (PDIP). © UNDP Somalie
  • 22 Avril 2021

ÉTAT DU SUD-OUEST, Somalie – Les semaines d’attente se sont transformées en mois et les pluies n’arrivent toujours pas. Avec la sécheresse qui éprouve les terres de Somalie, les chances de survie des familles s’amenuisent et s’éteignent, tout comme les récoltes et le bétail, les forçant à chercher des solutions ailleurs.

En février dernier, Hodan Khalif*, 14 ans, est arrivée dans un camp pour personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) à 15 km de son ancienne maison, avec sa mère, ses deux sœurs aînées et son petit frère. Après la mort de la récolte familiale, son père est parti avec leur bétail chercher des pâturages un peu plus loin. Hodan est l’une des chanceuses qui peuvent se rendre à l’école dans le camp ; d’autres enfants doivent abandonner leur scolarité pour aider au foyer. Lorsqu’elle n’est pas en classe, Hodan va chercher du bois pour le feu ou bien de l’eau, qu’elle ramène dans un seau de 10 litres, après 3 km de marche.

La sécheresse gagne tout le pays et force ainsi une grande partie de la population à se déplacer. Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, plus d’1,3 million de Somalien·ne·s se sont déplacé·e·s en 2020, et 112 000 au cours du premier trimestre 2021 ; 34 % l’ont fait à cause de la sécheresse. Les scientifiques ont établi un lien entre la fréquence et la gravité des catastrophes naturelles et le changement climatique.

Les femmes et les filles, premières victimes

Le délégué de l’UNFPA en Somalie, Anders Thomsen, explique que la sécheresse perturbe de nombreux services, notamment ceux qui aident habituellement les femmes et filles vulnérables. « De nombreuses femmes et filles sont déjà en situation de pauvreté et d’exclusion. Elles n’ont plus accès aux services de santé essentiels. » 

L’UNFPA a distribué dans les États de Somaliland et de Puntland 3 620 kits dignité, qui contiennent des produits d’hygiène de base comme du savon et de la lessive, une brosse à dents et du dentifrice, ainsi que des sous-vêtements et des serviettes hygiéniques. Hodan Khalif explique que le kit lui permet d’être moins anxieuse : « ces articles me permettent d’être plus libre et de gagner du temps ». Cependant, bien sûr, « mon père me manque. Le [camp] nous aide beaucoup, mais je ne m’y sens pas chez moi. »

Pendant la distribution des kits, les femmes et les adolescentes reçoivent des conseils sur la façon de se prémunir de la violence basée sur le genre. L’UNFPA a également déployé huit équipes mobiles qui proposent des services de prise en charge et de protection contre la violence basée sur le genre, et de santé procréative. L’agence accompagne aussi les survivantes de viol, à la fois dans les camps de PDIP et dans les communautés d’accueil.

Attendre des jours meilleurs

Un rapport du Food Security Analysis System publié par les Nations Unies en février indique qu’en l’absence d’aide humanitaire, près de 2,7 millions de personnes en Somalie vont connaître des perturbations dans l’approvisionnement alimentaire, ou un appauvrissement des ressources, notamment des récoltes et du bétail, d’ici mi-2021. Les causes de grave insécurité alimentaire sont notamment les effets cumulatifs des pluies rares et insuffisantes, des inondations, des invasions de criquets pèlerins, des conséquences socioéconomiques de la COVID-19 et des conflits.

Les femmes constituent la plus grande partie de la population pauvre de Somalie, et sont ainsi les premières victimes d’une situation sur laquelle elles n’ont aucune prise – c’est particulièrement le cas des femmes cheffes de famille et de celles qui sont en situation de handicap. Elles attendent donc que le ciel s’assombrisse (littéralement) et que les pluies leur apportent le soulagement qu’elles espèrent tant.

* Le nom a été changé pour garantir l’anonymat

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