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Réfugiés rohingyas : les violences sexuelles aggravent la crise humanitaire

Des récits épouvantables de viols et d'autres formes de violence sexuelle ont été largement rapportés. © UNFPA Bangladesh / Prince Naymuzzaman
  • 20 Octobre 2017

COX’S BAZAR, Bangladesh – « Ma sœur a été tuée après avoir été victime d’un viol collectif qui a eu lieu devant moi, ils m'ont ensuite jeté de l'eau chaude sur tout le corps », a déclaré Fatima*, 30 ans, à une assistante social d'un espace d'accueil aux femmes, soutenu par l'UNFPA à Cox's Bazar au Bangladesh. Près de 600 000 réfugiés rohingyas ont franchi la frontière depuis le 25 août, échappant aux violences brutales de la crise qui perdure dans l'État de Rahkine au Myanmar.

Ils ont rejoint les 300 000 réfugiés rohingyas qui s'étaient déjà enfuis au Bangladesh, faisant de cela l'une des crises humanitaires les plus pressantes de ces derniers temps.

Des récits épouvantables de viols et autres formes de violences sexuelles ont été rapportés en masse parmi les réfugiés.

L'UNFPA - l'agence principale des Nations Unies qui adresse la violence basée sur le genre en situation d'urgence - gère actuellement neuf espaces d'accueil pour les femmes dans le district de Cox's Bazar, où les femmes et les filles réfugiées peuvent recevoir toute une gamme de services, y compris des services de santé.

Les femmes et les filles ont besoin de soins pour des grossesses et accouchements sans danger, ainsi que de services postnatals. © UNFPA Bangladesh/Naymuzzaman Prince

Plus de 10 000 nouveaux arrivants ont reçu du soutien dans ces espaces, dont près de 900 signalent des violences basée sur le genre. Pourtant, cela ne représente probablement qu’une petite partie des victimes.

« Les femmes viennent être traité ou parler de leurs épreuves mais beaucoup d'autres ne le font pas pour des raisons de confidentialité, de honte et de stigmatisation», a déclaré Saba Zariv, experte de l'UNFPA. « C'est ce qui rend la tâche de connaître le nombre précis des survivants de violence basée sur le genre difficile. »

« Ma vie est un cauchemar »

Lors de sa première visite dans l'espace réservé aux femmes, Fatima a d'abord refusé de parler. Mais après plusieurs entrevues, elle a finalement eu le courage de partager son histoire.

« Je ne peux pas dormir. Ma vie est un cauchemar », a-t-elle dit. « Je ne peux pas supporter la douleur d’avoir perdu ma soeur. »

Elle reçoit à présent un suivi et a accès aux services de l’espace, qu'elle appelle «shanti ghar» - un refuge sûr.

Les abris et les camps sont surpeuplés et manquent d'intimité. Les femmes et les filles craignent d'être attaqués en se rendant aux toilettes ou aux lieus de bain. © UNFPA Bangladesh/Naymuzzaman Prince

Shakila*, elle aussi, est arrivée dans un espace réservé aux femmes à Cox's Bazar pour y trouver de l’aide. Elle a été agressée sexuellement et son mari et sa petite fille ont été assassinés devant elle.

Fatima, âgée de 36 ans, a reçu des services médicaux d'urgence administré par du personnel de santé formé par l'UNFPA. Mais le traumatisme de son expérience était aigu et dans son cas, un suivi à long terme est nécessaire.

Des besoins énormes

Les besoins cumulatifs des réfugiés sont stupéfiants.

Des centaines de milliers de personnes ont besoin d'abris, selon les derniers rapports. Et ceux qui vivent dans les camps doivent faire face à la surpopulation et au manque d'intimité. Les femmes et les filles craignent d'être attaquées lorsqu'elles se rendent aux toilettes et aux lieus de bain.

L'UNFPA aide à organiser des groupes de surveillance communautaires pour améliorer la sécurité des camps de personnes déplacées. L'UNFPA a également distribué plus de 6 000 kits de dignité contenant des articles d'hygiène essentiels tels que des serviettes hygiéniques, ainsi que des vêtements et des torches pour aider les femmes et les filles à se déplacer la nuit.

Grossesses et accouchements sans danger sont également des préoccupations majeures.

L’UNFPA assiste les centres de santé et les cliniques mobiles. Trente-quatre sages-femmes de l'UNFPA travaillent à Cox's Bazar et ont jusqu'ici examiné 60 000 nouveaux arrivants. Les sages-femmes ont également fourni des soins prénatals à environ 12 000 femmes enceintes, des soins postnatals à 1 000 femmes et ont assisté environ 300 accouchements.

Beaucoup de sages-femmes sont également formées à la prise en charge clinique du viol.

Beaucoup reste à faire

L'UNFPA a des milliers de kits de dignité en production, et 30 sages-femmes de plus seront bientôt déployées et Il est prévu que 35 espaces d'accueil pour femmes soient créés d'ici février.

Mais les organismes des Nations Unies, y compris l’UNFPA, ont du mal à mobiliser les fonds nécessaires pour ces interventions qui sauvent des vies.

Les organisations humanitaires sont en quête de 434 millions de dollars pour répondre aux besoins de tous les réfugiés rohingyas et de leurs communautés d'accueil - environ 1,2 million de personnes au total - dans les mois à venir. L’UNFPA a besoin à lui seul de 10 millions de dollars supplémentaires pour les quatre prochains mois.

 

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