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Pour stopper la propagation du COVID-19, le Libéria se réfère à son expérience avec Ebola

Au Libéria, des traceurs de contacts sont recrutés, formés et déployés de toute urgence pour lutter contre la pandémie de COVID-19. Ils sont confrontés aux mêmes difficultés qu’avec la précédente épidémie d'Ebola, notamment à la méfiance et à la désinformation. © UNFPA Libéria / Calixte S. Hessou
  • 22 Avril 2020

MONROVIA, Libéria - Le 16 mars 2020, le Libéria a confirmé la présence du coronavirus (COVID-19) dans le pays. Une semaine plus tard, les autorités sanitaires ont déclaré un état d’urgence de santé publique, et demandé l'aide des Nations Unies pour stopper la propagation du virus.

La situation est un rappel sinistre de l'épidémie d'Ebola qui avait frappé le Libéria il y a six ans. Au cours de cette crise, l’UNFPA a collaboré avec le gouvernement et d'autres partenaires de santé pour mettre en œuvre la « recherche des contacts », opération qui consiste à retracer le parcours de chaque personne connue pour avoir été en contact avec un cas confirmé de la maladie.

Aujourd'hui, l'UNFPA collabore avec l'Organisation mondiale de la santé pour codiriger l'effort de surveillance du COVID-19 et la coordination de la recherche des contacts.

Il y a tout de même des différences entre l'épidémie qui sévit actuellement et celle d'Ebola. Notamment au niveau des symptômes, des modes de transmission et des taux de mortalité. Mais certains inconvénients sont les mêmes, comme la honte, la stigmatisation et la méfiance généralisée dans la communauté.


Le contact traceur Octavius Koon est conscient des dangers lié à son métier. © UNFPA Libéria / Calixte S. Hessou

Bâtir la confiance

Le Libéria – avec maintenant plus de 100 cas confirmés de COVID-19 – a imposé aux habitants de limiter leurs déplacements à travers le pays. Mais les résidents des comtés de Montserrado et Margibi, épicentres de l'épidémie, font face à des mesures de quarantaine encore plus strictes.

Des traceurs de contacts sont recrutés, formés et déployés en urgence. Ils sont chargés d’identifier ceux qui ont été en contact avec des personnes infectées, et dans le cas où ils auraient des symptômes, de les faire passer le test. Les traceurs sont également chargés de renseigner la communauté sur la prévention des infections.

« Les traceurs de contacts nous aident à identifier, isoler et traiter les personnes suspectées », a déclaré Thomas K. Nagbe, directeur de la Division des maladies infectieuses et de l'épidémiologie de l'Institut national de santé publique du Libéria, qui œuvre avec l'UNFPA.

La tâche est difficile

« Il n'est pas facile de travailler comme traceur, surtout parce que la communauté stigmatise la situation, ou préfère vivre dans l’ignorance », a déclaré Octavius Koon, un traceur de contact qui a été affecté pour suivre cinq travailleurs mortuaires qui avaient été en contact avec un corps dont le test de COVID-19 était positif.

Pour lutter contre cette méfiance, l'UNFPA recrute des traceurs de contact qui viennent des zones les plus touchées et les déploie dans leurs communautés respectives.

Même dans ces conditions, les traceurs de contacts doivent combattre la méfiance et la désinformation.  Certaines personnes ne croient pas être malades si elles ne présentent pas de symptômes, par exemple. D'autres croient aux théories du complot et doutent des autorités et de la réponse à la pandémie.

« Certains des contacts avec lesquels nous travaillons ne veulent pas travailler à visage découvert, par crainte de la stigmatisation. D’autres pensent que c'est une perte de temps de continuer à surveiller les personnes qui ont été en contact avec la maladie, mais qui n’ont pas de symptômes, pendant la période d’incubation de 14 à 21 jours », a déclaré Mr Koon.

« Parfois, les gens préfèrent nous mentir ou nous induire en erreur. »


Thomas K. Nagbe, de l'Institut national de santé publique du Libéria, prend
la parole lors d'une session de formation pour les traceurs de contact. © UNFPA Libéria / Calixte S. Hessou

Des héros en mouvement

Les traceurs de contact comme Mr Koon savent qu'ils prennent des risques pour leur propre santé.

« Les contacts sont en proie à la peur et à l’anxiété », a-t-il déclaré.

« Le respect des règles et protocoles offre un certain niveau de sécurité », a-t-il ajouté.

Pourtant, il sait qu'il risque de tomber malade à tout moment. « La sécurité ne peut pas être totalement garantie », a-t-il déclaré.

Mais lui et ses collègues savent que leur travail est essentiel pour préserver la santé et le bien-être de leur communauté.

« Le travail de traceur de contact est essentiel pour limiter la propagation de la maladie au Libéria », a déclaré le Dr Bannet Ndyanabangi, représentant de l'UNFPA dans le pays.

« L'UNFPA apprécie leurs efforts car, en tant que personnages de première ligne, – en contact direct avec des personnes potentiellement infectées par le COVID-19 –  leur implication dans la lutte contre cette maladie infectieuse peut mettre leur vie et celle de leur famille en danger.»   

Aujourd'hui, plus de 200 traceurs de contact sont soutenus par l'UNFPA et travaillent avec l'équipe sanitaire du comté de Montserrado, qui couvre à la fois les comtés de Margibi et de Montserrado. L’objectif est de porter ce nombre à 400 dans les prochaines semaines.

L'UNFPA a également fourni quatre camionnettes, cinq motos et soixante téléphones portables à l'Institut national de santé publique du Libéria pour soutenir les efforts de surveillance. La réponse de l'UNFPA à la pandémie au Libéria est financée par ce que l'on appelle les fonds de base, soit des financements non affectés qui peuvent être déployés de manière flexible pendant une crise.

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