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À l'ONU, les dirigeants s'attaquent aux violences sexuelles comme arme de guerre

« N’abandonnez pas », rappel un message dans une clinique de Dohuk en Irak, qui se spécialise dans la prise en charge des survivantes de violences sexuelles. Les violences sexuelles et basées sur le genre sont fréquemment utilisées comme arme de guerre. © UNFPAIraq/Turchenkova
  • 20 Septembre 2017

NATIONS UNIES, New York – « Nos filles n’étaient pas destinées à devenir des esclaves sexuelles. Chacune d’entre elles avait un rêve ou un but pour son avenir », a déclaré Zina Salim Hassan, une militante yézidie de 21 ans juste avant l’ouverture d’un sommet des Nations Unies sur l’utilisation des violences sexuelles comme arme de guerre.

Les communautés comme celles des Yézidis en Irak ou des lycéennes de Chibok au Nigeria ont subi des violences terribles, au nombre desquelles enlèvements, abus, viols et mariages forcés. Mais leurs cas sont loin d’être uniques. Les violences sexuelles et basées sur le genre sont très répandues en tant que tactiques de guerre. 

Ces crimes ont de profondes répercussions. Les femmes et les jeunes filles sont brutalisées, certaines tuées. Des communautés entières sont parfois traumatisées. Les femmes peuvent être amenées à vivre des grossesses non désirées. 

Lise Grande, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général, Coordonnatrice résidente des Nations Unies et Coordonnatrice humanitaire en Irak, a parlé avec beaucoup de détermination de la nécessité de soutenir les survivantes. La princesse Marie de Danemark, marraine de l’UNFPA, et le Dr. Natalia Kanem, directrice exécutive par intérim, ont aussi appelé à prendre des mesures immédiatement. © UNFPA

Bien d’autres effets moins visibles se font sentir sur les vies des survivantes. Et lorsqu’elles retournent au sein de leur communauté, elles s’exposent à la stigmatisation et à la honte. Celles à qui l’on refuse l’accès à l’école peuvent de ce fait être privées de leurs rêves et de leur avenir.

« Un grand nombre de jeunes filles sont illettrées, explique Mme Hassan. Elles ont perdu leur possibilité d’accéder à des études. »

Le 18 septembre, les dirigeants mondiaux se sont réunis au siège de l’ONU à New York pour appeler à agir d’urgence pour soutenir les survivantes de ces violences, et pour empêcher ces crimes de se produire.

« Des soins immédiats et bienveillants »

« Ces atrocités nécessitent des soins immédiats et bienveillants, ainsi que des services complets », a expliqué Amina Mohammed, Vice-secrétaire générale de l’ONU, aux dignitaires, responsables politiques et dirigeants présents à l’événement.

Un vaste éventail de services sont nécessaires au soutien des survivantes, et notamment un traitement clinique du viol ainsi que des thérapies psychosociales pour leur rétablissement à long terme.

Les survivantes ont aussi souvent besoin d’aide pour réintégrer leur communauté, surtout si elles s’exposent à une stigmatisation liée aux violences qu’elles ont subies. Les programmes de réinsertion comprennent notamment des études et des cours de compétences essentielles pour aider celles qui n’ont pas la possibilité d’étudier.  

Il faut aussi faire en sorte que justice soit rendue pour ces survivantes, grâce à une assistance juridique ainsi que des mesures pour mettre fin à l’impunité de leurs agresseurs.

L’UNFPA et ses partenaires font en sorte de pouvoir fournir un soutien dans tous ces domaines dans les situations de crise humanitaire.  

Des survivantes de violences basées sur le genre attendre d’être prises en charge à la clinique de Dohuk. © UNFPAIraq/Turchenkova
 

« C’est l’UNFPA qui a permis à nos efforts de prendre la forme d’une réponse complète aux violences sexuelles et basées sur le genre », explique Lisa Grande, représentante spéciale adjointe du Secrétaire général, coordonnatrice résidente des Nations Unies et coordonnatrice humanitaire en Irak.

« Ils ont établi plus de 120 refuges, dont beaucoup sont situés non pas au-delà du front, mais sur le front. Des centaines de milliers de jeunes filles ont pu trouver de l’aide dans ces centres », ajoute-t-elle.

Encore beaucoup de progrès à faire

Il reste cependant beaucoup à faire, non seulement pour répondre aux besoins des femmes et des jeunes filles, mais aussi pour mettre fin aux violences sexuelles et basées sur le genre.

Des survivantes de l’attaque de Chibok au Nigeria fêtent leur diplôme, obtenu via un programme de réinsertion. Beaucoup de ces jeunes filles prévoient d’entrer à l’université. Capture d’une vidéo de l’UNFPA.

« Les femmes et les jeunes filles de Chibok ou de la communauté yézidie ne sont pas seulement des survivantes de violences, elles sont aussi la preuve de l’échec de la communauté internationale, qui a été incapable de prévenir les violences extrémistes et de régler les questions qui ont mené aux conflits », a déclaré Mme Mohammed. Elle a appelé les dirigeants mondiaux à travailler ensemble pour mettre fin à l’utilisation des violences sexuelles comme armes de guerre.

La santé, la sécurité et les droits des femmes et des jeunes filles doivent également être considérés comme une priorité dans tous les contextes d’urgence, a souligné le Dr. Kanem.

« S’attaquer aux violences basées sur le genre peut sauver des vies et doit absolument faire partie de la réponse humanitaire », a-t-elle précisé.

« Il nous faut augmenter les financements, a fait remarquer Lars Løkke Rasmussen, le Premier ministre danois. Il a annoncé que son gouvernement verserait la somme de 50 millions de dollars (dont 23 iront à l’UNFPA) pour soutenir les droits des femmes et des jeunes filles dans les situations d’urgence.

Les responsables politiques du Canada, de l’Union européenne et du Royaume-Uni ont également annoncé une participation financière à cet effet.

Je veux que le monde sache que nous sommes humaines nous aussi, et que nous avons le droit de vivre en paix », déclare Zina Salim Hassan, militante yézidie. Photo gracieusement fournie par Mme Hassan.

Regarder vers l’avenir

L’impact de certaines de ces mesures a été constaté à la mi-septembre au Nigeria, quand un groupe de survivantes de Chibok a reçu son diplôme, dans le cadre d’un programme de formation financé par l’UNFPA.

Reprendre le contrôle de leur vie est une partie importante de leur guérison. Beaucoup d’entre elles prévoient maintenant d’aller à l’université.

« Nous allons continuer nos études », a déclaré Margaret, 21 ans, à la cérémonie de remise des diplômes. Elle veut devenir médecin.

Gloria, 20 ans, a indiqué à l’UNFPA qu’elle souhaitait également faire ce métier.

« Cela m’a vraiment plu d’étudier, ajoute-t-elle, et j’ai hâte de pouvoir donner le meilleur de moi même. »

Texte traduit de l'anglais par Marie Marchandeau

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