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Les sages-femmes offrent soins, dignité et sécurité aux mères haïtiennes

« Notre récompense c’est d’entendre le nouveau-né pleurer et de voir le sourire de sa mère », explique Résia Pierre Pierre (droite), sage-femme à la clinique Petite Place Cazeau. © UNFPA Haiti
  • 04 Mai 2017

PORT-AU-PRINCE, Haïti – Elizabeth était épuisée après des heures de contractions à la clinique Petite Place Cazeau, à Port-au-Prince, en Haïti. Enfin, grâce aux conseils réconfortants de la sage-femme, une dernière poussée. Des cris étouffés remplissent la salle d'accouchement.

L'infirmière présente alors le nouveau-né a sa mère. À travers ses yeux à demi fermés, Elizabeth observait pendant que les infermières nettoyaient et pesaient sa petite fille.

Plus tard, dans une salle de réveil spacieuse, elle berçait son bébé - qu'elle avait nommé Lisa.

« C'était un peu difficile, mais je me suis senti en sécurité », a-t-elle déclaré a l’UNFPA, tout en expliquant qu'elle ne s'attendait pas à recevoir des soins aussi sophistiqués.

Un nouveau-né est réchauffé sous une lampe au centre d’aide maternelle de l’UNFPA à Port-au-Prince, Haiti. © Jared Chambers

« Tout le monde était si gentil avec moi. Même si je n'avais aucune idée de l’utilité de toutes ces machines, je n'avais pas vraiment peur quand ils ont emmené mon bébé ... Ils ont expliqué que c'était pour la mesurer. Ils me l'ont ramenée très vite. Elle ressemble à une petite poupée, n’est-ce pas ? » 

Les « cliniques du sourire » répondent aux besoins critiques

L'établissement est l'une des quatre « cliniques du sourire » en Haïti. Ces centres soutenus par l’UNFPA offrent une gamme complète de services, y compris les soins prénatals, des conseils pour la planification familiale et des soins obstétricaux et néonatals de base, tous gratuits.

Les cliniques offrent également une formation pratique aux nouvelles sages-femmes.

Le directeur de la clinique Petite Place Cazeau, le Dr Harold Scutt, insiste sur le fait que les sages-femmes doivent prendre les rênes sur tous les soins obstétricaux et néonatals. C'est la reconnaissance du rôle crucial que les sages-femmes peuvent et doivent jouer pour sauver la vie des femmes.

« La formation des sages-femmes contribue directement à la réduction de la mortalité maternelle », a-t-il déclaré. « Par exemple, elles apprennent à détecter les premiers signes d'éclampsie, ce qui est essentiel car la pré éclampsie et l'éclampsie restent les principales causes de mortalité maternelle pendant l'accouchement ».

Ces services sont essentiels en Haïti, qui a le taux de mortalité maternelle le plus élevé de l'hémisphère occidental.

Les femmes haïtiennes ont 1 chance sur 90 de décéder des suites d'une grossesse ou d'un accouchement, d’après le rapport sur les tendances de la mortalité maternelle de 2015. En revanche, une femme au Canada a 1 chance sur 8 800 de mourir dans les mêmes conditions.

La vulnérabilité du pays aux catastrophes naturelles n'a pas non plus facilité les choses. Les catastrophes telles que l'ouragan Matthew de l'année passée réduisent l'accès des femmes aux établissements de santé.

Les sages-femmes fêtent l’obtention de leur diplôme de l'école nationale de sages-femmes. Quietly Chevalier, le directeur de l'école, se trouve au milieu des diplômées. © UNFPA Haïti

Et même lorsque les femmes se rendent dans les cliniques, elles y trouvent souvent un manque de personnel. Selon le Dr Reynold Grand Pierre, directeur de la santé familiale au Ministère de la Santé, « plus d'un tiers des sages-femmes formées par le gouvernement ont quitté le pays entre 2010 et 2012 ».

Augmenter le nombre de sages-femmes

L’UNFPA travaille avec le gouvernement pour accroître le nombre de sages-femmes bien formées.

Au centre-ville de Port-au-Prince, près de Cité Soleil, l'hôpital Isaiah Jeanty héberge temporairement l'école nationale de sages-femmes dans des conteneurs résistants aux tremblements de terre.

Le bâtiment original de l'école a été gravement endommagé par le séisme de 2010. Il a rouvert ses portes en 2013 avec le soutien de l’UNFPA et du Ministère de la Santé. L’UNFPA fournit également de l'aide pour le transport, l'équipement et le programme d'études.

« Saviez-vous que, en 2013, nous n'avions que 211 sages-femmes dans tout le pays? », A demandé Quettly Chevalier, directeur de l'institut. L'Organisation mondiale de la santé a estimé que le nombre de sages-femmes nécessaire pour réduire considérablement le taux de décès maternels s’élève a 2 200.

Grâce à l’école, cette lacune est en train de se réduire considérablement. Entre 2000 et 2017,  349 sages-femmes y ont été formées et plus de 80 étudiants sont actuellement inscrits au programme.

Travailler avec amour

Le vendredi 5 mai, c’était la Journée Internationale des Sages-femmes, une journée pour célébrer le travail des sages-femmes dans le monde entier. C’est également l’occasion de souligner le besoin d’augmenter le nombre de travailleurs de santé formés dans ces compétences vitales.

Les soins administrés par les sages-femmes sont considérés comme très rentables. Les experts estiment qu’avec une bonne formation et le soutien adéquat, les sages-femmes pourraient éviter environ deux tiers de tous les décès maternels et néonatals. Ils apprennent également à fournir des soins sensibles et dignes qui améliorent la confiance des femmes dans le système de santé.

Mme Pierre s'est intéressée au métier des sages-femmes alors qu’elle offrait des services sociaux au sein d’une maternité. Elle a continué d’apprendre avec une sage-femme de l’UNFPA. © UNFPA Haïti

C'est le cas pour Gertrude Duval, qui se reposait dans le lit à côté d'Elisabeth. Mme Duval venait de donner naissance à son deuxième enfant.

« C'est tellement différent de l'hôpital où j'ai eu mon premier enfant », a-t-elle déclaré.

Son expérience s’est notamment améliorée grâce à des professionnels comme la sage-femme Résia Pierre Pierre.

« En aidant une femme à accoucher, chaque mouvement doit être précis, rapide et précis. Nous sommes responsables de deux vies », a expliqué Mme Pierre.

« Sage-femme est une profession très noble », a-t-elle déclaré. Mais « c'est une profession souvent sous-estimée, même ignorée ».

Pourtant, elle encourage les autres à se joindre à elle et les conseille de suivre l'exemple établi par d'innombrables sages-femmes dans le monde qui « font leur travail avec amour ».

–Vario Serant (traduit de l'anglais par Arancha Cavanillas) 

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