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Les jeunes leaders ouvrent la voie à un avenir plus équitable

Maimuna Khatun, 18 ans, vit dans un camp de déplacés à Cox's Bazar, au Bangladesh, où elle fait du bénévolat en tant qu'interprète dans un centre d'apprentissage. Elle enseigne également aux membres de la communauté la santé sexuelle et reproductive. "Je ne sais pas ce qui m'attend dans mon avenir", a-t-elle déclaré à l'UNFPA, ajoutant: "Je souhaite transmettre mes connaissances à la prochaine génération". © UNFPA Bangladesh
  • 11 Août 2021

NATIONS UNIES, New York – « Dans mon pays, les jeunes sont utilisé·e·s pour attiser la guerre et sont précipité·e·s au cœur des conflits », déclarait à l’UNFPA Abdul Hamid Ghalib, originaire du Yémen et aujourd’hui âgé de 23 ans, à un Forum des jeunes en Tunisie.

C’était il y a deux ans, et les perspectives des jeunes dans ce pays n’ont fait que s’assombrir davantage avec l’escalade des violences et l’arrivée de la COVID-19. La jeunesse du Yémen n’est d’ailleurs pas seule : partout dans le monde, les jeunes voient le monde dont ils et elles doivent hériter consumé par la pandémie, la crise climatique et une vague de violence basée sur le genre.

Young people stand in a circle raising their arms. They are smiling.
Le Forum des jeunes dans la région arabe qui s'est tenu en Tunisie a réuni de jeunes dirigeants de 15 pays de la région. © UNFPA ASRO

Pourtant, ces jeunes ne s’avouent pas vaincu·e·s. Face à ces difficultés inédites, ils et elles ne se contentent pas d’appeler au changement : ils et elles sont ce changement.

« Mon rêve », expliquait M. Ghalib qui est militant de la jeunesse, « c’est que mon pays s’accorde sur une vision commune, malgré les différences, et que tous nos citoyens et citoyennes puissent jouir pleinement de leurs droits et de leurs libertés. »

Cette conviction que le progrès est possible et que les droits sont universels est commune à tou·te·s les jeunes leaders de la planète, et cela donne lieu à des avancées concrètes.

Déconstruire les stéréotypes

Le monde compte près de 1,21 million de jeunes de 15 à 24 ans, c’est-à-dire un peu plus de 15 % de la population du globe selon le Rapport mondial 2020 des Nations Unies sur la jeunesse. Aux quatre coins de la planète, ces jeunes voient les inégalités économiques s’accroître, l’environnement continuer d’être dégradé, l’égalité des genres rencontrer de violentes oppositions, et constatent bien d’autres phénomènes inquiétants.

Ils et elles voient pourtant aussi des possibilités qui auraient été inimaginables auparavant : leur génération soutient des droits et une santé sexuelle et reproductive universelle. Pour ces jeunes, l’autonomie corporelle est un droit fondamental dès la naissance. Ils s’attachent à déconstruire les rôles de genre et les stéréotypes et ouvrent au contraire la voie à un avenir plus juste.

En Géorgie, des jeunes du programme EU 4 Gender Equality  (qui est soutenu par l’UNFPA, ONU Femmes et l’Union européenne) appellent à l’élimination des normes de genres, qui limitent tant les potentialités des filles que celles des garçons.

Des jeunes leaders ont expliqué à l’UNFPA leurs premières confrontations avec ces normes, lorsqu’ils et elles étaient encore jeunes. « Un·e professeur·e géorgien·ne de langue m’a dit que les mathématiques, ce n’était pas pour les filles », raconte Sesili, 16 ans.

« J’étais un enfant très sensible », ajoute Temo. « On m’a dit que les garçons ne devaient pas être comme ça. »

Aujourd’hui, Sesili et Temo mènent des initiatives pour promouvoir l’égalité des genres au sein de leur communauté, grâce à des ateliers et des productions théâtrales. « Nous ne savions pas si nous aurions un public, et nous avions peur qu’il soit hostile », se souvient Sesili. « Mais la réaction des gens a été positive. »

Un appel à des approches novatrices et à des solutions systémiques

Les jeunes leaders du Botswana tentent également d’éliminer les obstacles à l’affirmation de leurs droits.

Young people in Brazil sit in a row and speak to one another about papers they are holding.
Les jeunes leaders et défenseurs au Brésil assistent à un atelier. © UNFPA Brésil/Peterson Azevedo

« En ce qui concerne ma santé sexuelle et procréative, je sais ce que je veux, c’est donc à moi de prendre ces décisions", a déclaré à l’UNFPA Thabo Baseki, 25 ans, lors d’un événement pour la promotion de l’autonomie corporelle.

Les jeunes se tournent vers des approches novatrices pour affirmer ces droits, notamment en prenant en compte le rôle des sociétés et des institutions dans la perpétuation de normes néfastes. Ils et elles demandent la mise en place de solutions systémiques.

Dumiso Gatsha (qui utilise le pronom « iel » pour se genrer), âgé·e de 30 ans et militant·e de longue date pour les droits des jeunes, a insisté sur ce point. « Il est essentiel de reconnaître l’autonomie et l’intégrité corporelles non pas comme la responsabilité de l’individu mais comme celle d’influences structurelles », explique-t-iel.

Les militant·e·s de la jeunesse en Amérique Latine et dans les Caraïbes se sont aussi fait l’écho de ce point de vue dans leur combat contre les forts taux de violence dont les femmes et les filles d’ascendance africaine font les frais.

« Je suis noire, afro-péruvienne », explique Medaline Palma qui vit au Pérou. Le chevauchement des stéréotypes raciaux et de genre mène à l’impunité pour les auteurs de violence basée sur le genre, affirme-t-elle. « [La police] nous dit qu’il est impossible qu’on lève la main sur nous, puisque nous sommes des femmes noires et fortes ».

« On grandit avec des stéréotypes », ajoute Leonela Calderón qui vit au Costa Rica. « Le racisme structurel présent dans la société se reflète dans les moindres choses. » 

Imaginer de nouvelles solutions

Alors qu’ils et elles imaginent un avenir nouveau pour eux et le monde entier, les leaders de la jeunesse élaborent également des solutions pour des problèmes qui ont longtemps été ignorés.

Au Cambodge, Sovanvotey Hok (qui se surnomme elle-même la Dame Verte du Cambodge) a constaté à quel point l’absence d’une éducation complète à la sexualité avait des conséquences désastreuses et diverses. Sans information sur la reproduction, l’anatomie et les droits de la personne, les jeunes étaient vulnérables aux infections sexuellement transmissibles, aux grossesses non planifiées et à la violence. 

« Il n’y a pas que l’avortement dont il faut parler », explique-t-elle. « La violence basée sur le genre, le harcèlement au travail et le viol sont autant de phénomènes passés sous silence lorsque l’école ne parle pas aux enfants de leur corps ».

Elle a lancé sa propre entreprise communautaire de formation des jeunes sur ces questions.

Elle ouvre souvent la discussion en évoquant les règles, un sujet autrefois tabou, ce qui donne à ses élèves la possibilité de parler ouvertement de leur corps. « Les filles s’inquiètent de leur sang menstruel, et de la honte qu’on pourrait leur faire ressentir à propos de leur corps et de leurs règles. »

A young man shows off an app on his mobile phone with one hand, and flexes the bicep of his other arm.
Joel présente l'application eShangazi, l'une des nombreuses applications mobiles conçus par de jeunes entrepreneurs en Tanzanie pour informer les gens sur leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs. © UNIC Tanzanie/Simon Mathias

En Ouganda, les leaders de la jeunesse déconstruisent aussi la stigmatisation qui entoure la menstruation. 

De jeunes innovatrices de la Smart Girls Foundation y ont créé des « Smart Bags » qu’elles distribuent ; ce sont des sacs à dos qui contiennent des serviettes hygiéniques réutilisables, un kit de couture pour en fabriquer elles-mêmes, ainsi qu’une brochure d’information sur la gestion de leurs règles. Elles entrent aussi en contact avec les parents, les enseignant·e·s et les leaders communautaires, pour s’assurer que les figures d’autorité renforcent l’idée que la menstruation est un phénomène normal et sain.

Ce projet aide les filles à rester scolarisées, car elles ne pourraient pas forcément se rendre en classe par manque de protections hygiéniques. Avec l’aide d’une bourse de 50 000 dollars de la part du Fonds d’innovation de l’UNFPA, la Smart Girl Foundation a pu produire et distribuer plus de 5 000 Smart Bags dans l’est et le centre du pays. Cette fondation a également lancé une gamme de Smart Bags en plastique recyclé, contenant des lampes à énergie solaire pour permettre aux filles de faire leurs devoirs lorsqu’il fait nuit.

« C’est tellement incroyable de voir que nos sacs les aident à continuer leur scolarité et à ne pas avoir honte de leurs règles », se réjouit Jamila Mayanja, l’une des créatrices de la Smart Girls Foundation.

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