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Les moins responsables mais les plus touchées : une nouvelle note de l’UNFPA aborde les effets disproportionnés des changements climatiques sur les personnes d’ascendance africaine

La nouvelle note de plaidoyer de l’UNFPA, « Nos mots à nous : les voix des femmes d’ascendance africaine pour la justice reproductive et climatique » montre comment les changements climatiques affectent de manière disproportionnée les femmes d’ascendance africaine. © UNFPA Brésil/Eduardo Cavalcanti
  • 21 Mars 2023

NATIONS UNIES, New York – En 2021, Haïti était frappée d’une double catastrophe lorsque la tempête tropicale Grace s’est abattue sur l’île, tout juste deux jours après un séisme de magnitude 7,2.

Alors que la pluie se déversait sur les infrastructures déjà endommagées du pays, Jeffthanie Mathurin, sage-femme, se souvient que les livraisons de produits contraceptifs se retrouvaient bloquées sur les routes, ce qui constituait une énorme difficulté pour les femmes et les filles.

« Nous avons remarqué que cette catastrophe renforçait le risque de grossesses non intentionnelles chez de plus en plus de femmes », explique-t-elle à l’UNFPA. « Les personnes les plus pauvres du pays, comme les femmes vivant en zone rurale, doivent faire face aux plus grandes conséquences des changements climatiques. »

Dans une nouvelle note de plaidoyer, intitulée « Nos mots à nous : les voix des femmes d’ascendance africaine pour la justice reproductive et climatique », l’UNFPA montre comment les changements climatiques affectent de manière disproportionnée les femmes d’ascendance africaine ainsi que les autres membres des communautés marginalisées, et exacerbe les obstacles rencontrés dans l’exercice de leurs droits et de leur santé sexuelle et reproductive.

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 « Les personnes les plus pauvres du pays, comme les femmes en zone rurale, doivent faire face aux plus grandes conséquences des changements climatiques », déclare Jeffthanie Mathurin, sage-femme haïtienne, dans la récente note de plaidoyer de l’UNFPA. © UNFPA/Jeffthanie Mathurin

Publiée le 21 mars à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, cette note examine le fait que les plus pauvres et les plus vulnérables de notre société, malgré leur très faible rôle dans la crise climatique mondiale, héritent trop souvent de ses effets les plus dévastateurs.

Ainsi, Haïti a été responsable en 2021 de seulement 0,01 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais se classait entre 2000 et 2019 parmi les trois premiers pays les plus gravement touchés par des événements météorologiques extrêmes liés aux changements climatiques.

« Nous vivons dans un pays qui ne peut plus supporter un ou deux jours de pluie sans que cela tourne au désastre », déplore Mme Mathurin. « Je veux vivre dans une société qui respecte la vie de toutes et tous, une société qui respecte la vie des femmes, ma vie et mon corps. »

À l’intersection des difficultés

Les changements climatiques sont une menace pour chaque habitant·e de notre planète. Cependant, cette crise mondiale aura des effets disproportionnés sur les personnes d’ascendance africaine, car une grande partie des membres de cette communauté subissent déjà l’impact d’une oppression sociale, politique et économique, léguée par l’esclavage et la colonisation.

L’inégalité des genres vient s’ajouter à cela et aggrave encore la situation, exposant les femmes et les filles à des risques multiples qui se renforcent entre eux. Les recherches à ce sujet indiquent que les changements climatiques peuvent dégrader les résultats de santé maternelle, interrompre la prestation de services essentiels de santé, augmenter la probabilité de violence basée sur le genre et accroître les vulnérabilités aux pratiques néfastes telles que le mariage d’enfants.

Les scientifiques s’accordent pour dire que la crise ne fera que devenir de plus en plus grave. Le Groupe d'expert·e·s intergouvernemental sur l'évolution du climat a averti l’an dernier que l’humanité n’a que très peu de temps désormais pour assurer un « avenir viable », face à des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations de plus en plus nombreuses.

« Il est impératif d’agir et de s’adapter, notamment en protégeant la santé et les droits en matière de sexualité et de procréation, qui constituent la pierre angulaire de la résilience et du bien-être durable des sociétés dans leur ensemble », déclarait l’an dernier dans un communiqué la Dr Natalia Kanem, directrice exécutive de l’UNFPA.

« Nous savons que lorsque les femmes et les filles sont en mesure de contrôler leur corps et leur vie, leur capacité à s’adapter et à survivre aux effets de la crise climatique se trouve renforcée. Elles doivent pouvoir faire leurs propres choix en matière de santé sexuelle et reproductive, laquelle dépend avant tout de l’accès à des services, à des informations et à des équipements de qualité. »

Intensifier nos efforts pour la justice climatique

L’UNFPA travaille avec des communautés du monde entier pour combattre les changements climatiques et ses conséquences inégalitaires. Ses interventions comprennent notamment : un programme incubateur qui aide des équipes dans l’est et le sud de l’Afrique à développer des approches innovantes pour lutter contre la crise climatique et les mutilations génitales féminines ; une formation à l’entreprenariat et un soutien aux initiatives qui promeuvent la culture afro-brésilienne à Rio de Janeiro ; et des ateliers pour des jeunes du Costa Rica sur la préservation des écosystèmes marins et l’élaboration de récits narratifs. 

Au-delà de ce travail, l’UNFPA agit pour une meilleure inclusion des personnes d’ascendance africaine, dans le cadre de la poursuite de ses trois objectifs transformateurs : la fin de la mortalité maternelle évitable, la réponse aux besoins non satisfaits en matière de planification familiale, et l’élimination des pratiques néfastes.

Il reste pourtant un long chemin à parcourir pour y parvenir : l’UNFPA souligne dans sa nouvelle note des points d’action soulevés par les organisations de la société civile et les prestataires, qui recommandent de reconnaître le rôle joué par le racisme, d’investir dans la recherche sur les conséquences des changements climatiques sur les communautés d’ascendance africaine, et d’amplifier les voix et l’expertise des personnes d’ascendance africaine pour atteindre la justice climatique.

Kwolanne Felix, présente à la conférence Women Deliver 2023, affirme à l’UNFPA : « les communautés en première ligne détiennent la plus grande expertise sur leur propre expérience et savent quelles solutions et stratégies pourront permettre de résoudre les crises dans leurs régions ».

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