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La planification familiale sur la scène internationale, entre progrès et lacunes

À Roraima (Brésil), Daniela Souza, infirmière, présente plusieurs moyens de contraception à ses patientes. ©UNFPA Brésil/Isabela Martel
  • 14 Novembre 2022

RORAIMA, Brésil/SUDURPASCHIM, Népal – Wendys Rivero a beaucoup d’espoirs et de projets pour l’avenir, mais tomber à nouveau enceinte n’en fait pas partie. Avec son mari et leurs deux enfants, elle vit actuellement dans un refuge pour migrant·e·s et réfugié·e·s appelé Rondon 1, à Boa Vista, au Brésil.

« Je rêve de stabilité, d’un avenir, et d’une bonne éducation pour mes enfants. Mon mari et moi souhaitons nous installer au Brésil pour longtemps », explique-t-elle à l’UNFPA dans un centre de santé de Roraima (Brésil). « Je veux travailler, faire d’autres choses, et je dois donc m’assurer de ne pas tomber enceinte. »

Dans le monde entier, des millions de personnes ont bien du mal à avoir le nombre d’enfants qu’elles souhaitent, à cause d’un manque d’accès à l’information ou bien d’idées erronées sur les contraceptifs, qui contribuent pour beaucoup au problème. On compte ainsi 257 millions de femmes dans le monde souhaitant avoir un moyen moderne de planification familiale, mais qui n’y ont pas accès. 

La discussion sur les moyens de combler ce manque significatif sera la priorité de la Conférence internationale 2022 sur le planning familial (CIPF), qui se tient à Pattaya (Thaïlande) du 14 au 17 novembre. Lors de cette conférence, les responsables de l’UNFPA se joindront à des organisations internationales de planning familial, des chercheurs et chercheuses, des gouvernements, des militant·e·s et des expert·e·s pour partager des connaissances, échanger des idées et promouvoir un accès universel à la contraception volontaire.

L’UNFPA s’est fixé l’objectif de zéro besoin non satisfait en matière de planification familiale d’ici 2030. L’agence a cependant pu aider Mme Rivero à se prémunir d’une grossesse non désirée bien avant cette date. En septembre dernier, l’infirmière en soins obstétriques Daniela Souza, qui travaille pour l’UNFPA, a aidé Mme Rivero, qu’elle avait rencontrée à Rondon 1, à changer son dispositif intra-utérin (DIU). Ce besoin a été satisfait – il en reste encore des millions.

Des progrès certains, mais trop lents

Ces dernières décennies, de grands progrès ont été accomplis dans l’élargissement de l’accès à la contraception et sa disponibilité dans le monde. Selon le Rapport 2022 sur l’état de la population mondiale, son usage a augmenté et les besoins non satisfaits dans ce domaine ont diminué. Aujourd’hui, plus des trois quarts des 1,1 milliard de femmes souhaitant limiter ou espacer leurs grossesses utilisent une méthode moderne de contraception.

La planification familiale est essentielle, et permet même de sauver des vies : la recherche a montré qu’elle jouait un rôle primordial dans la réduction de l’incidence de la mortalité maternelle au niveau mondial.

Le travail des militant·e·s comme l’UNFPA en faveur de la planification familiale est toutefois loin d’être terminé. Des millions de personnes, particulièrement celles qui sont marginalisées et vulnérables, ont été laissées de côté. La plupart se situent dans des pays en développement, où les risques de complications liées à la grossesse et d’avortement non médicalisé, aux conséquences tragiques, restent très élevés. 

A woman looks in to the camera.
Awasthi est sage-femme au Népal, et explique que sa mère est tombée enceinte 22 fois, pour un total de 18 mortinaissances. Photo avec l’aimable autorisation d’Awasthi.

« Ma mère a connu 22 grossesses. Elle a perdu 18 bébés, mort-nés dans l’utérus ou au moment de l’accouchement », raconte Awasthi, 28 ans, à l’UNFPA, dans la région Extrême-Ouest du Népal. « Si seulement elle avait eu accès à des services de santé comme la planification familiale et l’aide psychologique, elle n’aurait pas eu à endurer tant de souffrance. » 

Awasthi est aujourd’hui infirmière sage-femme auxiliaire au centre de santé du district de Kanchapur. L’expérience de sa mère est ce qui l’a poussée à devenir une professionnelle de santé.

Depuis la naissance d’Awasthi, le Népal a fait de grands progrès dans l’amélioration des résultats de santé reproductive. Le taux de prévalence des contraceptifs modernes du pays est ainsi passé de 26 à 43 % entre 1996 et 2016.

Ces progrès ont toutefois ralenti ces dernières années, et les femmes continuent à avoir du mal à bénéficier de services de qualité. « Il y a une grave pénurie de matériel et de médicaments au centre de santé », souligne Awasthi.

Regarder vers l’avenir

Combler de tels manques profitera non seulement aux femmes et aux filles, mais aux sociétés tout entières. De nouvelles estimations de l’UNFPA montrent que chaque dollar investi dans l’élimination des décès maternels évitables et des besoins non satisfaits en planification familiale aura rapporté 8,40 dollars de bénéfices d’ici 2050.

A woman receives medical treatment.
En Éthiopie, Nigiste se prépare à la pose d’un implant contraceptif longue durée, une méthode réversible, dans une clinique soutenue par l’UNFPA. © UNFPA/Paula Seijo

C’est une excellente nouvelle pour les huit pays qui se sont engagés à augmenter leur budget national pour la contraception, à l’occasion de la première journée de la Conférence internationale sur le planning familial de Pattaya. Dans le cadre d’une nouvelle stratégie de financement, quatre  de ces pays partageront les coûts des produits de planification familiale avec l’UNFPA, ce qui représente une étape vers l’auto-financement et la reconnaissance de la planification familiale comme pilier du bien-être communautaire et national.

Dans le monde entier, de nouvelles façons prometteuses d’améliorer l’accès à l’information et aux services de santé sexuelle et reproductive sont à l’étude. Ainsi, les participant·e·s à la CIPF auront l’occasion de faire le bilan des résultats de leurs programmes de santé et de contraception, mais aussi de se tourner vers l’avenir en étudiant les innovations qui pourront les aider à soutenir celles et ceux qui en ont le plus besoin.

Le seuil des 8 milliards d’individus sur Terre étant par ailleurs atteint au cours même de la conférence, l’UNFPA s’engagera à nouveau à prendre la tête du combat mondial pour la planification familiale accessible à toutes et tous.

« Malheureusement, l’expérience a montré que les préoccupations au sujet de la population dévient fréquemment vers des luttes mettant en jeu le corps des femmes et vers des tentatives de limiter leurs droits et leur pouvoir d’action », a déclaré en août dernier la directrice exécutive de l’UNFPA, le Dr Natalia Kanem. « Et à cela, je réponds : nous ne le tolérerons pas. »

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