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« Je me sentais comme une prisonnière » : violence conjugale en Irak

Cojine* a subi des années de violence conjugale en Irak. © UNFPA Irak
  • 01 Décembre 2017

ERBIL, Irak – « Dans la vie, il y a beaucoup de coups durs, mais ce qui compte, c’est de se relever », déclare Cojine*, 33 ans.

Elle sait de quoi elle parle : elle a subi des années de violence conjugale.

Cela a commencé il y a quatre ans, quand un de ses camarades de classe lui a demandé de l’épouser. Elle a accepté. Ses deux parents étaient décédés, et elle ne souhaitait plus être à la charge de ses frères, pour les soulager financièrement.

« J’ai pensé que c’était un nouveau départ pour moi. Que je pourrais commencer une vie avec quelqu’un d’instruit, qui pourrait me donner un foyer où je serais en sécurité », explique-t-elle.

Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.

« J'étais désespérée »

« Les problèmes ont commencé quelques mois après notre mariage… A chaque fois que nous nous disputions, mon mari allait voir sa famille pour se plaindre de moi. Ils se mêlaient de nos affaires et cela ne faisait qu’empirer les choses. Je lui répétais que ce n’était pas ainsi que nous réglerions nos problèmes conjugaux, mais il refusait de m’écouter. »

Finalement, sa volonté de tout contrôler s’est transformée en violence physique.

« Quand je protestais, je subissais des violences ; il me frappait, parfois à coups de poing. Une fois, il m’a frappée tellement fort au visage que j’ai désormais des troubles de l’audition », explique-t-elle.

« Je me sentais comme une prisonnière dans mon propre foyer. J’étais désespérée et je ne savais pas quoi faire. »

Un problème omniprésent

Les violences contre les femmes et les filles est l’une des violations des droits humains les plus répandues dans le monde.

Selon une étude menée par le ministère irakien de la Planification, en 2012, environ 36 % des femmes mariées ont subi des violences psychologiques de la part de leur mari, 23 % ont été victimes de violence verbale, 6 % ont subi des violences physiques, et 9 % des violences sexuelles.

Pour Cojine, les violences étaient insupportables, mais la perspective du divorce l’était aussi. « Le divorce est mal vu dans notre communauté. Les gens vont répandre des rumeurs, m’accuser et dire que je n’ai pas d’honneur », dit-elle.

Elle explique avoir quitté la maison plusieurs fois, « mais ensuite, il venait me chercher avec sa famille et parvenait à me convaincre de rentrer. »

Elle se souvient même d’avoir envisagé le suicide. « Pendant de longues nuits, je me suis endormie en pleurant. »

Un nouveau départ

Un jour, Cojine a entendu parler du centre pour femmes de Bnaslawa, à Erbil. Ce centre financé par l’UNFPA propose un soutien dans de nombreux domaines, notamment une aide psychologique et un accompagnement vers des services juridiques et des soins médicaux.  

Elle s’y est rendue plusieurs fois, jusqu’à ce qu’elle se sente en confiance avec les travailleurs sociaux. Elle a ensuite raconté son histoire.

« Le centre est un endroit où j’ai enfin pu respirer, dit-elle. On m’a écoutée, conseillée, et on m’a donné des informations sur mes droits. On m’a permis de voir les choses d’une autre manière. »

Elle a même sérieusement pensé au divorce. « J’étais émotionnellement détruite. J’étais brisée, on me manquait de respect, et il fallait que je sorte de ce mariage toxique », poursuit-elle.

On lui a cependant mis la pression pour qu’elle reste. « Mon frère voulait résoudre la situation de façon traditionnelle, explique-t-elle. Ma belle-famille me demandait constamment de retourner auprès de mon mari ».

Elle a fini par retourner chez elle, « mais à la condition que je puisse revenir au centre pour femmes », déclare-t-elle.

Aujourd’hui, elle reçoit toujours l’aide du centre. Elle reprend confiance en elle et se fait des amis. Elle raconte que le comportement de son mari s’est amélioré ces derniers temps.

« Cela a changé ma vie. Maintenant, je peux rencontrer d’autres femmes, apprendre d’elles et de leur expérience. »

* Le prénom a été changé pour des raisons de sécurité et de confidentialité.

Traduit de l'anglais par Marie Marchandeau

 

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