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Interrompre un mariage pour sauver une jeune fille : une application lutte contre le mariage d’enfants

Des jeunes filles dans un centre d’éducation pour femmes au Bihar en Inde. Le mariage d’enfants est un problème prégnant dans cet état. © UNICEF
  • 13 Décembre 2017

DARBHANGA, Inde – Lorsque dans le village isolé de Darbhanga, dans l’état indien du Bihar, une jeune fille de 13 ans a surpris ses parents en train de planifier son mariage avec un garçon de 15 ans pour le lendemain, elle a eu peu d’espoir de les en empêcher.

Le mariage d’enfants est une norme très ancrée dans sa communauté. Selon un sondage mené en 2015-2016, environ 40 % des femmes du Bihar entre 20 et 24 ans ont déclaré avoir été mariées avant l’âge de 18 ans.

Cette pratique est pourtant une violation des droits de la personne, et est contraire au droit indien.

Les épouses enfants ont beaucoup plus de chances d’être déscolarisées, et sont plus susceptibles de subir des violences. Le mariage expose aussi ces jeunes filles à des grossesses précoces, un risque pour leur santé et celle de leur enfant. Selon ce sondage récent,12 % des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans étaient déjà enceintes ou mères.

L’UNFPA travaille en collaboration avec le gouvernement local pour sensibiliser aux risques que présente le mariage d’enfants.

Des jeunes filles au Bihar assistant à la promotion de l’application Bandhan Tod. Photo avec l’aimable autorisation de la Message Welfare Foundation, Kishanganj, Bihar.

L’UNFPA s’est aussi associé à Gender Alliance pour créer une application Android (nommée Bandhan Tod, ce qui signifie « Brise tes chaînes ») qui permet aux filles du Bihar de contacter rapidement un réseau d’associations en toute confidentialité, si elles sont en situation de détresse.

Lancée en septembre dernier, l’application a été téléchargée plus de 3 000 fois.

A Darbhanga, après que la jeune fille de 13 ans ait appris les intentions de ses parents, elle a pris son téléphone, ouvert l’application et a lancé un S.O.S.

Interrompre le mariage

Gender Alliance est un réseau de 270 associations. Lorsqu’un S.O.S. est activé, une alerte est envoyée à ses partenaires dans chaque district, ainsi qu’aux responsables de Gender Alliance à la capitale régionale, Patna.

Depuis le lancement de l’application, près de 240 messages de détresse dans tout l’état du Bihar ont été reçus et traités.

Capture d’écran de l’application.

« Le temps moyen de réponse à un S.O.S. est de moins de cinq minutes », explique Prashanti Tiwary, responsable de Gender Alliance.

Le 24 novembre, Gender Alliance a reçu trois S.O.S. très rapprochés, émanant tous de la jeune fille de Darbhanga.

L’association la plus proche s’est précipitée à son domicile et a pu parler avec ses parents, alors que tous les anciens du village étaient rassemblés.

Les parents n’ont cependant pas été convaincus, et ont insisté pour que le mariage ait quand même lieu. Il a fallu en informer la police.

« Le temps nous était compté, et nous avons donc contacté le directeur général de la police de Patna, qui est tout de suite intervenu », poursuit Mme Tiwary.

Anjani Singh, vice-superintendant de la police locale, a dirigé l’intervention.

Le mariage avait déjà commencé quand la police est arrivée, mais elle a immédiatement mis fin à la cérémonie.

« Si nous n’avions pas eu l’information à temps ainsi que les coordonnées exactes de cette jeune fille, elle se serait retrouvée mariée », explique le vice-superintendant Singh.

Mettre fin au mariage précoce

Bandhan Tod vise également à donner aux jeunes et aux membres de la communauté les informations nécessaires pour mettre fin au mariage d'enfants.

L’application contient des conférences vidéos sur les problèmes des droits de la personne posés par le mariage d'enfants, ainsi que sur ceux qui entourent le la question de la dot.

Son utilisation est encouragée par certaines opérations, comme par exemple un rabais sur les factures d’électricité.

« Les vidéos éducatives sur le mariage d'enfants et la dot qui sont contenues dans l’application ont été vues environ 33 000 fois », déclare Nadeem Noor, qui dirige l’UNFPA au Bihar et qui supervise régulièrement l’utilisation de l’application.

Quant à la jeune fille de Darbhanga, les membres des associations qui l’ont aidée assurent qu’elle continue ses études.

- Traduit de l'anglais par Marie Marchandeau

 

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