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En Chine, les femmes oeuvrent pour relever le statut des jeunes filles

Aujourd'hui, Mme Wen et Mme Yan s'accordent parfaitement pour défendre l'égalité des femmes et des jeunes filles. © Bureau de planification familiale du canton de Dushan / Zhang Min
  • 13 Mai 2019

LILING, China – Il n'y a pas si longtemps, Wen Xiujuan a été bouleversée par une histoire d'amour. Contre la volonté de ses parents, elle a déménagé dans le petit village de Liling, à 300 km de sa ville natale, pour épouser un jeune homme nommé Yang Liu.

Ils vivaient heureux avec les parents de M. Liu, qui espéraient que le couple aurait un fils. Lorsque le premier enfant de Mme Wen est né, une fille, ses beaux-parents étaient ravis. Sa belle-mère, Yan Xiurong, s'en est occupé avec amour. 

Après quelques années, Mme Wen a eu une deuxième fille. C'est à ce moment là que les choses ont changé.

Les parents de M. Liu ont vu s’envoler leur chance d’avoir un petit-fils. Ils ont cessé de s'occuper des enfants. 

Mme Wen a été prise d'inquiétude. « Et si je donnais naissance à une troisième fille ? » Se souvient-elle s'être demandé. « Une fille doit-elle avoir moins de valeur qu'un garçon ? Avoir un fils est mon seul espoir pour cette famille ? »

La préférence des fils fausse le taux de naissance

L'histoire de Mme Wen a été répétée dans de nombreuses régions de la Chine, en particulier dans les zones rurales, où la préférence pour les fils demeure forte.

Certains couples sont même prêt à interrompre une grossesse si le fœtus se révèle être une fille. La sélection du sexe basée sur le genre est assez répendue pour avoir faussé l'équilibre entre garçons et filles nés en Chine. Selon les données de 2015 du Bureau national des statistiques du pays , 113 garçons naissent pour 100 filles. 

Le problème ne se limite pas à la Chine. La préférence des fils et la sélection du sexe basée sur le genre existent dans de nombreux pays du monde. On estime que 126 millions de femmes dans le monde ne sont « pas nées »

La base du problème est l'inégalité des sexes.

Les fils peuvent être préférés dans les endroits où les femmes gagnent moins d’argent que les hommes, sont moins respectées, ne peuvent pas hériter de biens ou sont supposées abandonner leur famille et leur nom de famille lorsqu’elles se marient. 

Mais Mme Wen et M. Liu ont résisté à cette tendance. Ils savent que leurs filles ont autant de valeur que leurs fils.

Changer les choses

Depuis 2016, l’UNFPA et le Gouvernement chinois travaillent dans le comté de Huangmei pour s'attaquer aux racines de la préférence pour les fils, en soutenant des campagnes d'éducation sur l'égalité des sexes.

L'un de ces programmes enseigne aux femmes à créer leur propre entreprise. Les messages sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont intégrés aux leçons sur l’entrepreneuriat. 

Le village de Liling était le site d’essai du programme, auquel Mme Wen a participé. « Je voulais passer plus de temps avec mes enfants », a-t-elle expliqué. « J’ai des horaires de travail plus flexibles lorsque je dirige ma propre entreprise. »

Le programme l'a aidée à démarrer une entreprise de tourisme rural avec son mari - le premier du genre dans leur village. Leur ferme, qui propose des activités amusantes aux visiteurs, connait un grand succès.

Mme Wen est rapidement devenue un modèle dans ce domaine - non seulement pour ses prouesses professionnelles, mais aussi parce qu'elle convainc grâce à la passion avec laquelle elle parle de la valeur des femmes et des filles.

Après avoir participé au programme d’entreprenariat, elle a commencé à prendre part à des réunions hebdomadaires sur la santé en matière de sexualité et de reproduction, et a mobilisé les femmes pour qu’elles discutent de la discrimination entre les sexes et s’y attaquent.

Ces efforts font la différence.

Mme Wen et d'autres femmes ont aidé à supprimer des règlements locaux les notions discriminatoire à l'égard des femmes. À la fin de l’année 2018, 180 des 479 villages de Huangmei avaient revu leurs règlements. Par exemple, dans le village de Tongzhai, les épouses sont en mesure de décider librement où vivre. Dans le village de Wanglie, les filles peuvent maintenant organiser les funérailles de leurs parents.

D'autres nouvelles règles encouragent les fils et les filles à prendre soin de leurs parents âgés, donnent aux femmes le même droit de faire partie du village que les hommes et incitent les femmes à participer à la prise de décisions.  

Les sex-ratios se rééquilibrent - bien qu'il reste encore beaucoup à faire pour que les filles et les garçons aient la même considération. Dans le comté de Huangmei, le nombre de garçons nés pour 100 filles est passé de 127 en 2015 à 113 en 2018, selon les statistiques locales.

Jusqu'à présent, plus de 1 200 cadres à Huangmei ont reçu une formation en matière d'égalité des sexes. Des programmes conjoints similaires sont en cours de mise en œuvre dans cinq autres comtés des provinces d'Anhui, du Hubei et du Guangxi. 

Nés pour être égaux 

Du changement a également eu lieu dans la vie familiale de Mme Wen.

Ses beaux-parents se sont ralliés ses messages. Mme Yan, sa belle-mère, l’aide même dans les son combat. 

« Les garçons et les filles sont nés pour être égaux et doivent être traités de la même manière », a expliqué Mme Yan. 

S'adressant à sa belle-fille, elle a ajouté : « Je suis vraiment heureuse que votre couple s'aime et se soutienne et que vous fassiez un beau travail qui fait la différence, que beaucoup de gens admirent. Je ne vous forcerai pas à avoir un fils mais je vous aiderai davantage à prendre soin de vos deux filles. »

 

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