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De sage-femme à députée, faire progresser les droits des femmes aux Comores

La députée Hadjira Oumouri assiste au marathon comorien lors de la Journée internationale de la femme. © UNFPA Comores / Nasser Youssouf
  • 04 Avril 2018

MORONI, Comores - En tant que sage-femme, Hadjira Oumouri, 49 ans, a passé des années à défendre la santé et les droits des femmes. Aujourd'hui, elle est la deuxième femme à siéger en tant que députée aux Comores et actuellement la seule femme députée.

Depuis son arrivée à l’Assemblée, elle a présenté plusieurs projets de loi pour promouvoir l'égalité des sexes et elle a travaillé ardemment - avec succès - pour obtenir le soutien de ses collègues masculins.

« Je pense que le combat de la femme est un combat de tous les jours », a-t-elle dit.

L'inégalité des genres, une préoccupation importante

L'inégalité entre les sexes demeure une préoccupation importante aux Comores.

Dans une enquête de 2012, environ 3 femmes sur 10 ont déclaré avoir été mariées avant l'âge adulte. Environ 14% des femmes ont subi des violences physiques depuis l'âge de 15 ans.

Les femmes ont également des niveaux d'alphabétisation et de participation au marché du travail inférieurs à ceux des hommes et elles se heurtent à des obstacles pour accéder aux soins de santé.

Près d'un tiers des femmes mariées ont un besoin non satisfait de planification familiale, et près de la moitié des femmes mariées disent que les décisions concernant leur propre santé sont principalement prises par leur mari.

Le manque d'autonomisation et l'accès aux soins de santé peuvent être mortels. Selon des données des Nations Unies de 2015, 335 femmes comoriennes meurent de causes liées à la grossesse pour 100 000 naissances. En comparaison, dans les régions plus développées, ce nombre est de 12.

Mme Oumouri prend la parole lors d'une marche pour mettre fin à la violence contre les femmes. © UNFPA Comoros/Nasser Youssouf

De sage-femme à leader

En tant que sage-femme, Mme Oumouri a été témoin de plusieurs de ces problèmes.
 
En 1995, elle a commencé à travailler avec l'UNFPA pour sensibiliser la population à la planification familiale dans sa région d'origine, la région reculée de Mbadjini. Elle a immédiatement fait face aux défis auxquels les femmes sont confrontées, en particulier le manque d'informations sur la santé des femmes et les contraceptifs.
 
« Il fallait aller sensibiliser la population », a déclaré Mme Oumouri.

Finalement, elle a été nommée maire de la commune de Itsahidi. Et en 2015, elle a obtenu un siège aux élections législatives.

« Ce qui m'a motivé, c'est que j'ai vu qu'il y avait beaucoup d'inégalités entre hommes et femmes », a-t-elle déclaré.

Aujourd'hui, elle est la seule femme sur 33 membres à l'Assemblée Nationale.

Pas assez de femmes en politique

Mme Oumouri veut voir plus de femmes participer à la politique du pays.

« Même dans les postes nominatifs, vous voyez qu'il n'y a qu'une femme ministre dans le gouvernement. Est-ce suffisant? Je ne crois pas », dit-elle.

Elle a parrainé une loi exigeant la diversité des sexes dans les nominations faites par les gouverneurs et les chefs d'État. Elle demande également que les nominations des partis politiques incluent à la fois des hommes et des femmes.

« Je pensais que si nous pouvions avoir une loi qui soutient les femmes, ce serait un grand pas en avant. C'est aussi une façon de motiver les femmes, de se réveiller pour aller faire campagne dans les partis politiques », a-t-elle déclaré.

La loi a été adoptée avec un soutien unanime.

Mme Oumouri a également proposé une loi pour lutter contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail et à l’école.

Reconnaissance du travail au nom des femmes

Aujourd'hui, Mme Oumouri travaille en étroite collaboration avec des associations de femmes et des experts en matière de santé sexuelle et reproductive - y compris l’UNFPA - pour répondre aux besoins des femmes et des filles.

En reconnaissance de son travail, l'année dernière, elle a été nominée pour le Prix humanitaire du Parlement panafricain pour l'excellence en leadership et plaidoyer en faveur du genre.

« Je pense que je me fais entendre », a déclaré Mme Oumouri.

 

– Nasser Youssouf
 

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