Dire « NON » au mariage d’enfants
01 fév 2019

Chaque jour, des dizaines de milliers de filles deviennent des enfants épouses. Le mariage d’enfants viole leurs droits, met leur santé en danger et assombrit beaucoup leur avenir. Mais lorsque les filles peuvent se battre, refuser leur mariage précoce ou y échapper, leurs possibilités n’ont plus de limites. A l’occasion de la Saint-Valentin cette année, nous allons explorer ce qui se passe quand les filles disent « NON ».

Dans le monde, une fille sur cinq est mariée avant ses 18 ans.
Cependant, certaines, comme Kakenya Ntaiya, rejettent cette pratique. « J’ai grandi dans la campagne kenyane. Traditionnellement, les filles subissent des mutilations génitales pour être préparées au mariage très jeunes », explique-t-elle à l’UNFPA. « J’ai échappé au mariage étant enfant et je me suis battue pour mes études. » Elle est devenue conseillère jeunesse pour l’UNFPA, et a fondé le groupe d’émancipation féminine Kakenya’s Dream.
Photo avec l’aimable autorisation de Kakenya’s Dream
Les filles épouses abandonnent généralement l’école. L’éducation des filles permet pourtant de briser le cycle de la pauvreté.
Elaf vit en Irak, et ses deux sœurs ont quitté l’école après leur mariage. « Mes deux sœurs auraient préféré ne pas se marier si jeunes », dit-elle. « Mon rêve était d’être pharmacienne, alors quand mon père a décidé que je devais me marier à 15 ans, j’ai refusé. » A 26 ans, Elaf est désormais étudiante en pharmacie.
Photo avec l’aimable autorisation de l’IHAO
Les filles épouses se retrouvent généralement enceintes alors qu’elles sont adolescentes. Les filles non mariées qui tombent enceintes subissent aussi des pressions pour se marier.
C’est ce qu’a vécu Poni Helen au Soudan du Sud. « Mes parents ont voulu que je me marie lorsque je suis tombée enceinte à 16 ans. Je les ai défiés car je voulais terminer l’école. Mais ils ne m’ont pas soutenue, alors j’ai travaillé et j’ai financé moi-même ma scolarité. Aujourd’hui, j’ai 23 ans et j’étudie le droit tout en élevant mon fils de 6 ans. »
© UNFPA Soudan du Sud/Arlene Alano
Les grossesses à l’adolescence augmentent le risque de complications. Voir ses rêves brisés est également très douloureux.
« Ma mère a été mariée très jeune, et même si elle a terminé ses études, on ne l’a pas laissée travailler après son mariage », déclare Farah Faizah, qui vit au Bangladesh. « Cela a eu un impact durable sur son bien-être mental et physique. » Aujourd’hui, Mme Faizah travaille pour les ations Unies. « Si j’avais été mariée jeune, je ne pense pas que j’aurais eu les mêmes opportunités ».
©UNFPA/ Asma Akter
Les familles ont pourtant souvent recours au mariage d’enfants, car elles le voient comme la seule option pour leurs filles. Cette croyance est alimentée par la pauvreté, l’insécurité et l’inégalité des genres.
« Dans ma ville natale, on force beaucoup de filles à se marier. Leurs parents ont tendance à croire qu’elles n’auront pas d’avenir si elles ne se marient pas », explique Hayat Outemma à l’UNFPA, au Maroc. « J’ai beaucoup de chance d’avoir pu finir ma scolarité. Je suis désormais enseignante et activiste, et j’essaie de faire changer les mentalités sur l’éducation des filles et le mariage d’enfants ».
Photo avec l’aimable autorisation d’Hayat Outemma
Les filles victimes de ces mariages sont en position d’extrême vulnérabilité. Elles peuvent risquer des violences, et ne sont souvent pas en mesure de défendre leurs propres droits et besoins.
« Quand j’avais 15 ans, j’ai quitté l’école pour épouser un sergent de l’armée qui avait 20 ans de plus que moi », raconte Chipasha, qui milite désormais en faveur des jeunes filles en Zambie. « Mon mari me frappait… même lorsque je portais son enfant ». Elle a cependant commencé à se rendre dans un espace sécurisé, financé par le Programme Mondial UNFPA-UNICEF visant à accélérer la lutte contre le mariage d'enfants. « Avec l’aide de notre mentor, j’ai finalement quitté mon conjoint violent et je suis partie avec mon bébé ».
© VandVictors
Les mariages d’enfants se produisent partout dans le monde, et concernent de très nombreuses communautés et religions.
Aux États-Unis, on a menacé Jada de la marier de force quand elle avait 12 ans. Elle a demandé de l’aide à Tahirih, un groupe de défense des droits, et a pu s’installer en sécurité chez un membre de sa famille. Jada a désormais 17 ans et déclare : « J’ai accompli de grandes choses en ne m’étant pas mariée enfant. J’ai pu réaliser mon rêve de devenir danseuse. »
Photo avec l’aimable autorisation de Jada Martinez
Quand les filles ont conscience de leurs droits, elles peuvent se défendre elles-mêmes.
En Géorgie, les parents de Chinara Kojaeva ont tenté de la marier à 15 ans. « J’ai contacté la police, et mes parents ont ensuite promis que je pourrais continuer ma scolarité, et ne pas me marier avant mes 18 ans. » Mais quand elle a eu 17 ans, ils ont à nouveau essayé de la marier de force. Elle a prévenu les autorités et a déménagé dans un foyer. Elle y suit des cours et apprend la peinture et la boxe.
© UNFPA Géorgie/Dina Oganova
Le Programme Mondial UNFPA-UNICEF aide des millions de filles et de membres de diverses communautés en leur apportant des informations et des services pour mettre fin au mariage d’enfants.
« Avant d’être adulte, je n’avais jamais réalisé que tant de filles étaient privées d’éducation et forcées à se marier très jeunes. J’ai eu la chance de suivre des études qui m’ont ouvert des portes », déclare Marie-Claude Bibeau, la ministre canadienne du Développement international. Le gouvernement canadien est un soutien majeur du Programme international. « Nous devons tous travailler sans relâche pour aider les filles et les jeunes femmes à surmonter les obstacles liés à leurs droits et développement, afin qu'elles puissent réaliser leur plein potentiel. »
Photo avec l’aimable autorisation d’Affaires Mondiales Canada
Le mariage d’enfants ne faiblit pourtant pas suffisamment vite. Si l’on n’intensifie pas les efforts pour y mettre fin, plus de 150 millions de filles seront mariées d’ici 2030.
« 90 % de mes amies de lycée ont été mariées alors qu’elles étaient encore adolescentes », témoigne Roceli Dzib García auprès de l’UNFPA, au Mexique. « J’ai pu continuer mes études à l’université grâce au soutien de ma mère ».
© Walther Mezeta
Toute une vie d’opportunités attend celles qui parviennent à échapper à un mariage précoce.
« J’ai constaté que les filles mariées trop jeunes n’étaient pas heureuses », explique Rukaiyah, qui vit en Indonésie. Elle a subi des années de moqueries en refusant de se marier jeune. « J’ignorais les plaisanteries de mes amies qui me traitaient de vieille fille ». Elle a au contraire mis toute son énergie au service de la défense des droits des femmes et de la création de sa propre entreprise de fabrication de puces. Aujourd’hui, elle dirige une large équipe et a une famille heureuse. « Je pense que les femmes doivent être en mesure de développer leurs talents et de saisir toutes les opportunités qui se présentent pour se construire un bel avenir », déclare-t-elle.
© Asrul Hamdi/LPSDM