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Des voix demandent à être entendues : célébration des jeunes militants lors de la journée des droits de l'homme

Mme Banda lit l'inscription sur sa récompense, qui émane des membres de sa communauté : « Merci à notre combattante féroce, Memory. » Image tirée du flux vidéo.
  • 10 Décembre 2019

NATIONS UNIES, Genève - Memory Banda, 23 ans, sait comment changer le monde : en refusant de garder le silence. 

Mme Banda a grandi au Malawi dans une région où le mariage des enfants, les violences basées sur le genre et les grossesses précoces étaient monnaie courante. « Dans mon enfance, j'ai vu beaucoup de filles abandonner l'école, tomber enceintes, forcées à se marier, et violées », se souvient-elle récemment, dans une interview avec l'UNFPA. 

Les méfaits de ces pratiques étaient évidents pour elle, mais elle se sentait seule à les reconnaître. « La communauté n'a rien fait, mais a plutôt encouragé les filles à tout accepter, et garder le silence. » Les camps d'initiation sexuelle, a-t-elle expliqué plus tard, ont rendu les filles particulièrement vulnérables. « Dans les cas extrêmes, un homme engagé par la communauté traverse le camp, violant toutes les filles, et c'est dit « culturel ». » 

Sa propre sœur a été forcée d'épouser l'homme qui l'avait abusée - à l'âge de 11 ans. « Cela m'a mise en colère. J'ai senti que c'était de l'injustice et ça m'a fait réagir. »


« Je tiens à remercier les militants d'avoir encouragé tout le monde à travailler plus dur, à viser plus haut, et à aller plus vite », a déclaré le Dr Kanem lors de la cérémonie du jour. Image de la vidéo. 

Elle a commencé à élever la voix et à encourager les autres à faire de même. Ensemble, ils ont changé d'attitude, non seulement vis à vis de l'âge du mariage, mais aussi de la valeur des filles, et de leurs droits humains. 

Les efforts de Mme Banda ont aidé à changer les mentalités - et les lois. Sa communauté a été la première au Malawi à interdire les mariages d'enfants et les camps d'initiation sexuelle, et sa campagne a contribué à faire passer l'âge minimum légal du mariage de 15 à 18 ans dans tout le pays.

Mais ce qui est le plus surprenant, c'est que Mme Banda n'est pas seule.

Elle fait partie d'une constellation de jeunes militantes inspirantes, dont les efforts révolutionnent la façon dont les gens voient les femmes et les filles à travers le monde. 

« Vous défendez les droits de l'homme aujourd'hui et tous les jours », a déclaré aujourd'hui la directrice exécutive de l'UNFPA, Mme Natalia Kanem, lors du Sommet des jeunes activistes  à Genève, où Mme Banda et cinq autres militants ont été honorés. « Et ce sont vos efforts qui nous aident à construire un avenir plus juste, plus inclusif et plus durable. Vous avez prouvé qu'en effet, les femmes sont de puissants moteurs de changement. » 


La lauréate du prix Nobel de la paix Nadia Murad prend la parole lors du sommet. © Antoine Tardy/YAS

Inspirer les acteurs du changement

Les contributions de Mme Banda - à la fois son plaidoyer en faveur de l'enfance et le travail de son organisation, la fondation 4 Girls Leadership - ont été récompensées lors de l'événement de ce jour.

Aux côtés de Mme Banda étaient Nadia Murad, qui a remporté le prix Nobel de la paix l'année dernière pour ses efforts pour mettre fin à la violence basée sur le genre comme arme de guerre ; Amy et Ella Meek, deux sœurs qui ont lancé une campagne mondiale pour mettre fin à la pollution plastique ; Hamangai Pataxo, défenseur de l'environnement et des droits des peuples autochtones ; et Rebecca Kabuo, leader du mouvement pour la bonne gouvernance. 

Le Sommet des jeunes militants s'est tenu le 10 décembre, à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme, qui est également le dernier jour de la campagne mondiale 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre. Les militants ont déclaré être motivés non seulement par le dégoût de la violence, de la persécution et des inégalités, mais aussi par l'esprit de changement dont ils avaient été témoins chez d'autres.

Les jeunes en Irak, par exemple, « ont déclenché l'étincelle du changement il y a quelques semaines », a déclaré Mme Murad lors d'une table ronde. « Ils aspirent à la démocratie, ils aspirent à jouir des droits humains fondamentaux, même si des centaines d'entre eux ont été assassinés et blessés par des groupes extrémistes en Irak. »

Mme Banda a attiré l’attention sur les jeunes qu'elle a rencontrés dans le cadre des programmes de l’UNFPA. « J'ai été inspirée par les jeunes qu'ils ont aidés et soutenus au Malawi », a-t-elle déclaré. Elle s'engage désormais à encourager cette nouvelle génération de militants. « J'ai l'occasion de participer à leur travail par le biais du Girls Empowerment Network, où j'ai participé à des activités de mentorat et d'autonomisation des filles. »


Les jeunes militants présentes prennent un selfie. © Antoine Tardy / YAS

Le réseau - soutenu par l'UNFPA et l' Initiative Spotlight, financée par l'Union européenne - « continuera de créer une chaîne de filles éduquées et responsables du changement, qui brisera le cycle de la pauvreté », a déclaré Mme Banda.

Aller de l'avant

« Les conversations mondiales, à bon escient, se concentrent souvent sur les tentatives de faire reculer les droits des femmes et des filles, mais c'est d'encouragement dont nous avons besoin pour continuer à aller de l’avant », a déclaré le Dr Kanem lors de la cérémonie de remise des prix de ce jour. 

« Nous ne reculerons pas. Nous ne reculerons pas. Et nous continuerons d'avancer », a-t-elle déclaré. 

Mme Banda a fait écho à ces sentiments dans son entretien avec l'UNFPA. Elle veut que les autres filles et femmes « soient courageuses et audacieuses pour le changement, et croient en elles-mêmes… Le changement est possible, et il commence par l'action ».

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