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La planification familiale se rend dans les villages lao les plus isolés

Bounthone Kongphongma, volontaire communautaire de la santé, fournit des informations et services de planification familiale à Laipong et Tongdam Kongwan dans le village enclavé de Lao Luang. © UNFPA/Micka Perier
  • 03 Mars 2015

Vientiane, République démocratique populaire lao – « Si seulement ma femme et moi avions été informés plus tôt de la planification familiale et avions pu avoir accès aux services, nous aurions eu quatre enfants – pas 14 comme ça a été le cas », a dit Bouthone Kongphongma, 56 ans, dans le village enclavé de Lao Luang. Six de ses enfants sont morts, tandis que les huit autres ont souffert « parce que la vie était très difficile », a-t-il dit.

La planification familiale sauve des vies. Elle permet de réduire le nombre de grossesses non désirées, d’avortements non médicalisés et de complications liées à la grossesse et à l’accouchement. Espacer les naissances d’au moins deux ans permet également de réduire la mortalité infantile et d’améliorer la santé maternelle, d’après les autorités sanitaires internationales. En soutenant l’autonomisation des femmes afin qu’elles puissent terminer leurs études et travailler, la planification familiale atténue aussi la pauvreté.

En République démocratique populaire lao, cependant, le besoin non satisfait en planification familiale reste élevé. Plus de 20 pour cent des femmes désirant éviter ou retarder une grossesse n’utilisent aucune méthode de contraception.

Des habitants traversent à moto un pont au-dessus d’une rivière dans la province rurale défavorisée de Savannakhet. © UNFPA/Micka Perier

Mr. Kongphongma, un infirmier militaire à la retraite, tente de remédier à cette situation. En tant que volontaire communautaire de santé, il fournit des services, des conseils et des informations sur la planification familiale dans plusieurs villages de la province défavorisée de Savannakhet.

Il espère que ces services permettront d’améliorer la vie des générations futures – y compris celle de ses propres enfants. « J’ai aussi donné à mes filles des informations et des conseils », a-t-il dit. « En conséquence, mes trois filles ont seulement quatre enfants chacune, bien espacés ». 

Un meilleur accès

Lorsque la planification familiale a été introduite dans le pays à la fin des années 80, elle était disponible uniquement dans la capitale, Vientiane. La majorité de la population n’avait souvent même pas connaissance de l’existence de ces services.

« Au départ, on se concentrait seulement sur les couples mariés pour leur fournir des contraceptifs afin d’espacer les naissances », a dit Kopkeo Souphantong, directrice adjointe du département de santé de la mère et de l’enfant au sein du Ministère de la Santé. « Mais nous avons réalisé qu’il y avait aussi un besoin chez les jeunes. Depuis 1995, les services sont disponibles pour tous les couples et les individus ».

Aujourd’hui, la plupart des centres de santé de district peuvent fournir des services de planification familiale, avec le soutien du Fonds des Nations Unies pour la population, UNFPA, et d’autres partenaires. Un meilleur accès à la contraception moderne, combiné à des services de santé maternelle améliorés, a contribué à réduire de manière significative la mortalité maternelle. En 2000, 650 femmes, sur 100.000 naissances vivantes, mourraient lors de la grossesse ou de l’accouchement. En 2012, ce nombre était de 357.

Mais pour les villages ruraux enclavés comme celui de M. Kongphongma, ces services sont encore difficiles à fournir.

Le village de Lao Luang, district de Vilabouly, Province de Savannakhet. © UNFPA/Micka Perier

Les besoins des zones rurales

Afin de répondre aux besoins des populations rurales, l’UNFPA soutient la formation de volontaires communautaires qui fournissent des conseils et informations en planification familiale, et distribuent des contraceptifs. Ces volontaires réfèrent également les clients aux centres de santé pour des informations et des méthodes de contraception supplémentaires.

Tous les contraceptifs sont fournis gratuitement. L’UNFPA est le principal fournisseur de contraceptifs dans le pays, notamment à travers son Programme mondial pour améliorer la sécurité d’approvisionnement en produits de santé reproductive.

M. Kongphongma est l’un des huit volontaires couvrant 72 villages – environ 40,000 personnes – dans la province de Savannakhet. Cinq jours par semaine, il se rend à moto dans les zones enclavées de la province, informant les populations sur les options disponibles.

Tongdam and Laipong Kongwan, 27 et 25 ans, ont trois enfants. Ils sont satisfaits de pouvoir utiliser la planification familiale après avoir reçu des conseils de M. Kongphongma.

« Lorsque ma femme m’a dit qu’elle voulait arrêter d’avoir des enfants, j’ai accepté », a dit M. Kongwan, un agriculteur. « C’est mieux ainsi. Nous sommes pauvres et je ne peux pas nourrir une famille trop grande ».

Il a ajouté : « Ma femme et moi venons de grandes familles. C’était difficile. Il n’y avait pas assez de riz pour tout le monde. Le fait de ne pas avoir plus de trois enfants nous permettra de les élever dans de meilleures conditions, de les nourrir et de les envoyer à l’école. C’est très important. Ni ma femme ni moi n’avons eu la chance de pouvoir étudier parce que nos familles étaient trop pauvres ».

Cinq fois par semaine, le volontaire communautaire de santé Bounthone Kongphongma se rend dans des villages enclavés pour fournir des informations et services de planification familiale. © UNFPA/Micka Perier

Impliquer les femmes

Les efforts sont payants. D’après les données nationales, environ 60 pour cent des femmes de la province de Savannakhet ont désormais accès à la contraception moderne, et ont le choix entre plusieurs méthodes contraceptives.

Pourtant, le gouvernement a des difficultés à trouver des volontaires femmes. Parmi les 74 volontaires communautaires couvrant quatre provinces du pays, il y a une seule femme.

« Les hommes sont toujours dominants dans la société et pour beaucoup d’entre eux, les femmes doivent rester à la maison », a dit Mme Souphantong.

L’UNFPA et ses partenaires soutiennent aussi la formation de sages-femmes, qui peuvent fournir des conseils en planification familiale, en plus des services de santé maternelle et prénatale. Depuis 2008, l’UNFPA a soutenu la formation de plus de 1.500 sages-femmes, en majorité des femmes.

Le changement est en marche, a dit M. Kongphongma. « Avant, on voyait des femmes avoir un enfant au début de l’année et un autre à la fin, mais ce n’est plus le cas. De plus en plus de femmes ont un enfant tous les deux ou cinq ans », a-t-il constaté.

« De plus en plus de gens prennent conscience que la planification familiale est un moyen de sortir de la pauvreté ».
 

– Anne Isabelle Leclercq 

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