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Au Mozambique, des milliers de filles bénéficient d’un programme d'autonomisation

Edma enseigne aux filles les compétences et les connaissances dont elles ont besoin pour se protéger, rester à l'école et exiger leurs droits. © UNFPA / Helene Christensen
  • 09 Août 2017

NAMPULA CITY, Mozambique – « Certaines adolescentes abandonneront l'école et se marieront pour l’argent », a déclaré Edma, une jeune femme âgée de 21 ans. « Certaines adoptent des comportements sexuels dangereux, inconscientes des risques et de leurs droits » a-t-elle expliqué à l’UNFPA.

Edma est chaque jour confrontée à ces réalités.

Elle s’est donnée pour mission de changer les choses : Elle est devenue un mentor.

Chaque semaine, Edma rencontre environ une trentaine de filles âgées de 10 à 15 ans dans le quartier Namutequeliua de la ville de Nampula, au nord du Mozambique.

Là, dans un espace que les filles considèrent comme sûr pour discuter de sujets sensibles, elles couvrent un éventail de questions comprenant la santé sexuelle et reproductive, les conséquences des grossesses précoces, la prévention des grossesses et les infections sexuellement transmissibles ainsi que l’importance des droits de l’homme – y compris le droit de vivre à l’abri des violences et du mariage précoce.

Edma parle de la prévention des grossesses non désirées chez les filles dans un « espace sûr », espace où elles se sentent libres de discuter de sujets sensibles. © UNFPA/Helene Christensen

« De nombreuses de filles sont susceptibles d‘être victimes de violence, de grossesse précoce et d’être mariées alors qu’elles ne sont encore que des enfants, ce qui compromet leur éducation et leur avenir », a expliqué Edma.

Elle est l'une des 800 mentors engagés par Rapariga Biz, un programme qui se traduit « fille occupée ». Lancé en mai de l'année dernière, Raparinga Biz a pour objectif d'autonomiser 1 million de filles et de jeunes femmes en leur permettant d’acquérir des compétences de vie et en leur fournissant des informations sur la santé et les droits de l'homme d'ici à 2020.

Des filles confrontées à de nombreux dangers

Dans un sondage mené en 2015 par le Ministère de la santé, 46 pour cent des filles âgées de 15 à 19 ans en Mozambique étaient enceintes ou déjà mères. Et chez les jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans, environ 48 pour cent étaient mariées avant d’avoir atteint l’âge de 18 ans, selon un sondage de 2011.

Le mariage des enfants et la grossesse précoce obligent souvent les filles à abandonner l'école et les exposent à des complications liées à la grossesse telles que la fistule obstétricale, voire la mort. (Globalement, les complications liées à la grossesse sont la principale cause de mortalité chez les adolescentes.)

Raparinga Biz vise à protéger les filles de ces dangers.

Mené par le gouvernement - avec l'assistance technique de l’UNFPA, de l'UNESCO, de l’UNICEF et de ONU Femmes, et grâce au financement de l'Agence suédoise de coopération internationale au développement - Raparinga Biz a jusqu'ici atteint plus de 23 000 filles et jeunes femmes dans les provinces de Nampula et de Zambézie.

Les mentors sont une partie essentielle de l'approche de Rapariga Biz qui procure aux filles des informations cruciales sur leur corps et leurs droits. Il permet également aux filles d’acquérir des connaissances clés telles que la capacité de lire et d’écrire, ainsi que des compétences financières. De plus, le programme leur permet de participer à des activités de plaidoyer telles que les campagnes médiatiques.

Les mentors encouragent également les filles non scolarisées à reprendre le chemin de l’école et confient les victimes de violences ou de mariage précoces aux services de santé, sociaux et judiciaires.

La naissance d’une sororité

« Mentor Edma est venu chez moi après une session pour s'assurer que j'avais bien saisi les risques et les conséquences d’une grossesse », a déclaré Mamo Daudo, 15 ans. « Désormais je ne prends plus de risque avec ma sexualité. »

Elle dit considérer Edma comme sa sœur, sa conseillère, son amie et son modèle.

Les mentors de Rapariga Biz se réunissent pour une de leurs sessions mensuelles. © UNFPA/Helene Christensen

Les mentors quant à eux affirment avoir également bénéficié du programme.

« J'ai beaucoup appris et je suis sortie réellement grandie de mon expérience de mentor. Cela me prépare à devenir professeur, le métier que je rêve d’exercer plus tard », a expliqué Edma.

De nombreux mentors ont eux-mêmes surmonté des défis majeurs.

« Une fois, j’ai eu des relations sexuelles sans utiliser de contraceptif, ceci afin de trouver l’argent pour aller à l’école », a déclaré Amelia*, 22 ans, de Quelimane en Zambézie. « À présent, je me sers ma propre histoire pour démontrer qu'un changement est possible. J'espère que les filles verront qu'elles peuvent commencer à faire des choix différents dans leur vie, comme j’ai pu moi-même le faire. »

Amelia utilise aujourd’hui la subvention mensuelle qu'elle reçoit en tant que mentor pour couvrir ses frais de scolarité.

Les efforts d'Edma, d'Amélie et de bien d'autres ont produit des résultats encourageants.

Au cours de la première année du programme, seulement cinq grossesses précoces ont été rapportées chez plus de 9 294 participantes âgées de 15 à 19 ans. On dénombre cent cinquante mariages précoces sur un total de près de 22 000 filles âgées de 10 à 19 ans, soit un taux de 0,7 pour cent, ce qui est bien inférieur à la moyenne nationale.

L’UNFPA et ses partenaires formeront 2 000 mentors supplémentaires en 2017.

– Helene Christensen (traduis de l'anglais par Mikael Bisseck)

* Nom changé pour protéger l'anonymat

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